La ministre de la Défense, Ludivine Dedonder (PS), a confirmé dernièrement la décision de confier ce C-130 au World Heritage Institute qui l’exposera à Beauvechain.

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De quoi réjouir le député nivellois André Flahaut (PS). Celui qui fut ministre de la Défense de 1999 à 2007 a bataillé pour que ce C-130 atterrisse à Beauvechain, plaidant la cause auprès de l'ancien ministre de la Défense, Philippe Goffin (MR), et de l'actuelle ministre. «Et ce ne fut pas un combat facile, assure-t-il. Mais c'est une décision de bon sens et pragmatique.»

André Flahaut souligne qu’il y a déjà d’autres avions conservés et mis en valeur à Beauvechain: Spitfire (une reproduction est arrivée en décembre dernier), F-16, F-104, Fouga Magister, Marchetti, ou encore un Mig21, pour n’en citer que quelques-uns, même si ce dernier n’a pas servi pour l’armée belge mais a été combattu par ses pilotes.

«Au-delà de la concentration d'appareils, le musée est appelé à devenir un pôle muséal important avec un concept tournant non seulement autour de la mémoire mais aussi de l'éducation citoyenne. À Beauvechain, il y a un projet cohérent. Certains voudraient que le C-130 soit conservé à Melsbroek (NDLR: sa base d'attache au sein du 15e Wing). Mais là, ce serait uniquement dans une logique de mémoire. Il y a un caractère sentimentaliste dans leur démarche.»

Actuellement, le musée de Beauvechain évoque principalement l'histoire du 1er Wing et de ses unités. Avec un C-130, il élargit son horizon. André Flahaut rappelle cependant que les stocks de matériel pour partir en mission se trouvent sur la base de Beauvechain. «Les C-130 y viennent donc charger leur soute.»

«Les A400M auraient dû être basés à Beauvechain»

Une remarque qui lui permet de glisser au passage qu'il aurait été préférable d'installer à Beauvechain les A400M, qui succèdent petit à petit aux C-130 mis progressivement mis à la retraite. «Mais les ministres de la Défense De Crem et Vandeput ont dépensé énormément d'argent pour reconstruire des hangars à Melsbroek qui, en plus, ont été cédés à un opérateur privé. De plus, la seule extension civile possible de l'aéroport de Zaventem (NDLR: la base militaire partage les pistes de l'aéroport national), dont il a parfois été question, est vers les terrains militaires.»

Si le vol du dernier C-130 belge est prévu fin décembre, le dernier vol de l’appareil destiné à Beauvechain est, lui, attendu pour fin avril.

"La place du C-130 est à Melsbroek"

Le comité de soutien pour que le dernierC-130 belge soit conservé à Melsbroek compte continuer son combat.

La décision de confier un C-130 de la Défense au World Heritage Institute qui compte l'exposer au 1er Wing Historical Center, à Beauvechain, ne fait pas que des heureux. Au premier rang desquels, des militaires et anciens militaires du 15e Wing de Melsbroek, base d'attache de cet avion de transport militaire.
Acquis en 1972 par la Belgique, les C-130 sont petit à petit mis à la retraite, progressivement remplacés par des A400M. Un seul sera conservé, pour la mémoire.

Un comité de soutien s’est mis en place et une pétition a été lancée en ligne pour que ce C-130 reste à Melsbroek. « Le 1er Wing est un wing de chasse (NDLR : désormais il met en œuvre la capacité opérationnelle hélicoptère de la Défense et ne compte plus d’avions de chasse) et non de transport. Les C-130 volent depuis 1972 depuis Melsbroek. C’est donc là qu’il est à sa place, insiste Antonio Palermo, initiateur de la pétition et magasinier au 15e Wing depuis 34 ans. L’installer à Beauvechain, c’est manquer de respect envers le 15e Wing dont le C-130 fait la fierté. On va continuer le combat pour qu’il reste à Melsbroek où il peut être pris en charge par l’ASBL Dakota. »

L’ASBL Dakota est un centre de documentation et un petit musée destinés à valoriser l’histoire du 15e Wing où elle est installée. Ses membres s’occupent aussi de restaurer des avions qui ont servi dans cette unité. Sur le site, sont exposés un C-119, un DC-3 ou encore un Percival Pembroke.

« À Melsbroek, il sera aussi accessible à tous »

« Le C-130 aurait sa place aux côtés de ses prédécesseurs », appuie le colonel à la retraite Lousberg qui a quelque 10 000 h de vol sur cet avion et qui est président de l’ASBL depuis 1,5 an.

Celui-ci défend son institution. « Pour entretenir un tel avion, il faut du matériel spécifique et des connaissances dont nous disposons, avec notamment le support du 15e Wing. Nous avons aussi la place pour l’accueillir. L’installer à Beauvechain ne se fera pas sans coût : il faudra notamment renforcer l’emplacement prévu sinon il s’enfoncera dans le sol ou encore enlever ses ailes avant de les remettre, ce qui n’est pas si simple à réaliser. La vente du quartier Groenveld où nous sommes installés ? Il n’y a rien sur papier mais d’après les informations dont je dispose, l’objectif est de conserver Groenveld avec une partie militaire où des bâtiments seraient construits et une partie accessible au public avec notre musée. Cela ne pose donc aucun problème. Et donc oui, le C-130 sera bel et bien accessible à tous. »

Le président de Dakota répond là aux partisans de Beauvechain qui soulignent qu’au 1er Wing Historical Center, l’avion sera visible de tous et non de quelques privilégiés.Le C-130 à Melsbroek ou à Beauvechain ? Le débat est passionnel. Signe au moins de l’attachement envers cet appareil de légende.