"Les crèches sont dans la dèche": André Antoine veut des aides structurelles
Député dans l’opposition mais aussi fondateur d’une ASBL gérant dix crèches, André Antoine réclame des aides structurelles pour les milieux d’accueil de la petite enfance. Sans quoi le plan Équilibre sera un coup dans l’eau.
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Publié le 25-05-2023 à 08h47 - Mis à jour le 25-05-2023 à 09h17
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Les difficultés pour trouver une place dans une crèche en Brabant wallon vont-elles aller crescendo ou les effets du plan Équilibre vont-ils conduire à un mieux ?
Le député wallon André Antoine (Les Engagés) ne fait pas vraiment montre d’optimisme même s’il reconnaît les avancées significatives du plan Équilibre mené conjointement par la Région wallonne et la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Ce plan vise à créer 5 200 nouvelles places d’accueil de la petite enfance d’ici 2026, dont 3 143 en Wallonie d’ici 2026.
"En Brabant wallon, 16 projets sur 9 communes ont été retenus pour 399 places d’accueil. Mais il s’avère que plus de 1 100 places étaient pourtant sollicitées dans notre province. Cela en dit long sur les besoins en la matière", constate André Antoine.
Le BW handicapé par son taux d’emploi
Le Perwézien estime que le Brabant wallon a été handicapé par un critère en particulier: "Le plan Équilibre prévoit de favoriser les communes ayant un taux de chômage plus élevé, mais quid pour les communes où de nombreux travailleurs en couple ou seuls ne trouvent toujours pas de places pour leurs enfants comme c’est le cas dans la Jeune province ?"
André Antoine fait remarquer que le haut taux d’emploi, et en particulier celui des femmes, en Brabant wallon explique une demande de places plus importante dans cette province. Une spécificité qui n’est pas prise en compte par le plan Équilibre. Au contraire. "Si l’on avait retenu une autre clé en privilégiant le rapport emploi/garde d’enfants, le nombre de projets retenus aurait été tout autre…", regrette le député.
Surtout des crèches non subventionnées
Le Brabant wallon dispose du taux de couverture le plus élevé de Wallonie. "À première vue, avec un taux de couverture de 53%, le Brabant wallon peut paraître privilégié par rapport aux autres provinces wallonnes. Néanmoins, le Brabant wallon est également la province disposant du plus de crèches non subventionnées, c’est-à-dire de structures qui sont privées de soutien public et obligées d’augmenter la participation financière des parents."
Bref, André Antoine est inquiet. D’autant plus que les crèches existantes rencontrent des difficultés après avoir dû faire face à deux crises successives: la crise sanitaire et la crise énergétique.
Fondateur, en 1987, et toujours administrateur délégué d’une ASBL qui gère dix crèches en Brabant wallon, André Antoine constate aussi les difficultés de recruter des puéricultrices "en raison de salaires insuffisamment revalorisés et du manque de reconnaissance de leur fonction".
André Antoine et les Engagés appellent dès lors à l’organisation d’une conférence interministérielle sur la petite enfance "afin d’adopter une politique cohérente et efficace à tous les niveaux de pouvoir".
Pour éviter les fermetures, André Antoine demande que la Fédération Wallonie-Bruxelles utilise une partie de la réserve budgétaire de 2023, actuellement non utilisée, d’un montant de 40 millions d’euros, pour soutenir immédiatement les pouvoirs organisateurs des crèches. Il insiste sur la nécessité de pérenniser une offre d’accueil de qualité pour la petite enfance en allégeant les difficultés financières qui mettent en péril l’existence même de ces structures.
"Une annonce historique"
S’il salue la création de 5 200 places d’accueil en la qualifiant "d’annonce inédite, voire historique", André Antoine craint que ce plan, malgré son ampleur, peine à compenser les fermetures de milieux d’accueil existants.
"En Brabant wallon, du fait de ces différentes crises et de problèmes structurels internes, 122 places seront supprimées d’ici la fin mai 2023. Cela représente 5 infrastructures. D’autres structures confrontées à des difficultés financières aiguës ont bénéficié d’une aide exceptionnelle et conjoncturelle du fonds d’urgence de l’ONE (Office de la naissance et de l’enfance). Cette subvention extraordinaire, et semble-t-il unique, va leur permettre de tenir quelques mois de plus sans pérenniser leur existence. Ces situations démontrent qu’il est effectivement nécessaire d’accroître le nombre de places d’accueil, mais qu’il est surtout primordial de conforter financièrement les crèches existantes, subventionnées ou non subventionnées, afin de leur garantir une existence pérenne."