François Guillemart, contraint de fermer
François Guillemart, qui tient la librairie du Château, fermera son commerce le 31 mai. Il le regrette, mais il n’a pas trouvé de repreneur.
Publié le 24-05-2023 à 10h33 - Mis à jour le 24-05-2023 à 10h34
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Coup dur pour le commerce de Jodoigne. François Guillemart, 69 ans, qui tient la librairie du Château depuis 2008, a décidé de mettre la clé sous le paillasson ce 31 mai 2023. Sans regrets ? "Oui et non, dit-il. Moi qui adore être plongé dans les journaux et dans les livres, de communiquer sur l’actualité avec la clientèle, bref de papoter, cela va me faire mal. Car, depuis que Christiane Gille m’avait confié les clés de la librairie, des liens se sont créés avec les Jodoignois. Au fil des ans, je me suis mis à aimer profondément mon boulot. Toute cette partie positive de ma vie, ce sera bientôt du passé."
A-t-il songé à un repreneur ? "C’était mon idée première quand j’ai réalisé qu’être présent ici 12 heures par jour, 6 jours sur 7, devenait trop lourd physiquement. Mais voilà, la carrière n’intéresse plus les jeunes. Ils se rendent vitre compte que les marges bénéficiaires du libraire d’aujourd’hui sont trop faibles. Cela ne nourrit plus son homme. En outre, les contraintes et les charges, année après année, se multiplient. On n’en finit plus avec l’administration et les taxes. En plus, le prix unique du livre nous a donné un coup de massue sur la tête."
François Guillemart est aussi fort apprécié des écrivains qui publient leurs ouvrages à compte d’auteurs. "L’histoire locale reste passionnante pour nombre de Jodoignois, dit-il. Que ce soit les ouvrages sur la guerre de Mary Verdickt et Bernard Van den Driessche, la revue “Wavriensa” de Joseph Tordoir sur le rexisme ou encore la biographie réalisée par Bruno Duboisdenghien de l’ancien bourgmestre huppaytois Gaston Baccus, cela s’écoule avec une rapidité qui me fait autant plaisir qu’aux auteurs."
La librairie du Château, c’est aussi celle où les journaux du cru peuvent être acquis dès potron-minet. "Il y a les habitués et puis ceux qui guettent l’info locale dès que quelque chose se passe dans l’est du Brabant wallon. Mais je ne voudrais pas que le tableau soit trop rose. Il y a aussi les mauvais payeurs, qui vous promettent toujours qu’ils régleront leur ardoise de tabac ou de cigarettes le lendemain. Cela aussi a fait partie de ma vie. On peut être gentil, mais il vaut mieux ne pas être naïf."
François Guillemart sera regretté. Depuis que la rumeur de son départ a fait le tour de Jodoigne, il reçoit de jolis ou de petits cadeaux. "Le dernier en date, c’était une bouteille de champagne, sourit-il, de la part d’un client qui sera absent de Jodoigne la dernière semaine de mai."
À quoi consacrera-t-il sa retraite dans sa maison de Piétrain ? "À ne pas trop m’enfermer. Et à me lancer dans le bénévolat, que ce soit à la Maison du tourisme ou ailleurs. Trop de nostalgie, ce n’est pas bon. Mieux vaut regarder devant soi."