La mort de quatre SDF aux assises du Brabant: Fabien Lombaerts avait montré deux corps à un autre marginal, à Bruxelles et à La Hulpe
Un SDF bruxellois qui a participé à un vol avec violence avec Lombaerts a confirmé que ce dernier lui avait montré deux des quatre cadavres.
Publié le 23-05-2023 à 21h27 - Mis à jour le 23-05-2023 à 21h42
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En menant leur fastidieuse enquête sur la piste des tueurs de SDF, les policiers ont identifié en août 2019 un homme qui avait côtoyé Fabian Lombaerts un an auparavant, à l’époque des faits. Entendu, celui-ci leur avait alors fait d’importantes révélations. Ce témoin, un marginal bruxellois, devait être auditionné mardi en début de matinée par la cour d’assises, qui planche depuis huit jours sur quatre homicides pour lesquels sont poursuivis Fabian Lombaerts et René De Staerke.
Mais apparemment, l’homme avait changé d’avis et ne comptait plus venir témoigner. Ce qui a poussé le président Michel De Grève à signer un mandat d’amener pour que la police judiciaire aille le chercher à Bruxelles et l’amène à Nivelles manu militari. Ce témoin avait été condamné à 40 mois de prison pour avoir commis, le 6 août 2018, un vol avec violence au domicile d’une victime âgée de 78 ans. Il s’était rendu sur place avec deux complices: Fabian Lombaerts, et Michaël Degrave que Lombaerts avoue désormais avoir tué par la suite…
Une fois devant la cour d’assises en milieu de matinée, le Bruxellois a témoigné sans trop de réticences. Il a expliqué qu’en réalité, il connaissait davantage Degrave que Lombaerts. En 2018, il était hébergé au centre Transit, à Schaerbeek, comme Degrave. C’est par ce dernier qu’il a rencontré Lombaerts. Un jour, ils ont consommé des stupéfiants tous les trois et Lombaerts lui a dit qu’il avait tué quelqu’un.
"Il s’en vantait, il disait ça comme s’il parlait d’un match de foot…"
"Il ne me connaissait pas, donc je n’y ai pas vraiment cru: je ne sais pas pourquoi il m’a dit ça, a raconté le Bruxellois devant les jurés. Il s’en vantait, il disait ça comme s’il parlait d’un match de foot… Ils rigolaient et j’ai demandé s’ils étaient sérieux. Fabien Lombaerts m’a alors dit qu’il allait me montrer le cadavre."
Et c’est effectivement ce qu’il a fait: ils sont allés au parc Moeraske, à la limite de Schaerbeek et d’Evere, et Lombaerts a montré au témoin le cadavre de Pascal Crabbé, dissimulé sous un tas de branchages et de feuilles sèches. C’était le 6 août 2018. C’est le même jour, en soirée, que le témoin a commis le vol avec violence avec l’accusé et une de ses futures victimes.
Plus saisissant encore, Lombaerts ne s’est pas arrêté là: il a aussi emmené le témoin à la gare de La Hulpe, et lui a aussi montré le corps de Frédéric Degrom, caché sous un quai en travaux. Le cadavre était assez facilement visible et le Bruxellois en a fait la remarque à l’accusé, en lui disant que des enfants pourraient tomber dessus en jouant. Ils ont alors, à deux, déplacé le corps pour qu’il soit moins repérable…
"La police, je la fuis"
Mais le Bruxellois a été très marqué par ces deux visions d’horreur et il s’est confié, un peu plus tard, à une assistante sociale. Celle-ci est venue témoigner mardi également. Elle a expliqué que cet homme consommait beaucoup de stupéfiants à l’époque, et qu’il était difficile de démêler le vrai du délire dans son discours qui n’était pas toujours très cohérent. Elle pense qu’il lui avait parlé de cinq personnes tuées.
Voyant qu’il était malgré tout très agité, elle lui a conseillé de dénoncer les faits à la police, ou de téléphoner anonymement. Ce qu’il n’a finalement pas fait. Ce n’est que lorsque les policiers l’ont interrogé après être remontés jusqu’à lui par recoupement qu’il a vidé son sac. Par respect pour les victimes et pour que leur famille sache ce qui s’est passé, a-t-il précisé à l’audience.
Pourquoi n’avoir pas dénoncé les faits plus tôt ? "J’ai eu des problèmes avec la justice, donc la police, je la fuis, a-t-il expliqué mardi. Je n’arrive pas à aller de moi-même dans un commissariat."