Cour d’assises du Brabant wallon : Quand cinq minutes suffisent…
À défaut d’avoir pu faire parler les corps des victimes, trop altérés, les légistes ont pu donner mercredi quelques avis techniques aux jurés.
Publié le 19-05-2023 à 06h30 - Mis à jour le 19-05-2023 à 12h50
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Après les enquêteurs qui ont expliqué durant plus de deux jours comment l’enquête avait été menée pour remonter jusqu’à Fabien Lombaerts et René De Staerke, c’était au tour des experts d’être auditionnés mercredi devant la cour d’assises du Brabant wallon. Notamment les médecins légistes ont examiné les corps des quatre victimes, pour tenter d’expliquer la cause de leur décès. Une tâche pénible et relativement incertaine, vu l’état de décomposition avancé de certains cadavres, restés cachés parfois plusieurs semaines sous la végétation dans des endroits isolés.
Les professionnels, devant certains corps où la peau et les tissus mous avaient en bonne partie disparu par l’action du temps et des insectes (lire ci-dessous), où il fallait aussi constater que des animaux plus gros avaient rongé voire démembré des parties de squelettes, ont partagé avec la cour les limites techniques de leur savoir.
En réalité, pour au moins trois des quatre victimes, on sait depuis la semaine dernière comment sont morts ces SDF qui avaient accompagné les deux accusés dans leur errance. Lombaerts a avoué avoir passé une ceinture autour du cou de Giaocchino Pignato et de Frédéric Degrom à La Hulpe avant de serrer durant plusieurs minutes.
Idem pour Michael Degrave dont le corps avait été retrouvé à Schaerbeek. Mais dans ce dernier cas, Lombaerts a précisé avoir agi seul. Tandis que pour les deux victimes de La Hulpe, à suivre sa version, il n’aurait maintenu la pression sur la ceinture que durant cinq minutes environ, avant de céder le relais à René De Staerke. Ce que ce dernier nie catégoriquement…
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On "se sent mourir"
Parmi les questions posées aux légistes mercredi figurait dès lors celle de la durée nécessaire pour qu’une strangulation, pratiquée avec une ceinture, se révèle fatale. Les professionnels ont d’abord précisé que ce n’est pas le manque d’air dans les poumons qui entraîne le décès dans ce cas, mais l’absence de sang irrigant le cerveau. Si la strangulation est totale – la ceinture est à cet égard plus efficace que les mains –, la perte de connaissance peut survenir après une vingtaine de secondes, et des lésions cérébrales irréversibles interviennent après trois minutes. Autant dire qu’après cinq minutes, le décès est inévitable. Avec une nuance: si la victime se débat et que du sang peut tout de même arriver à certains moments au cerveau, l’agonie peut se prolonger.
Comme souvent devant la cour d’assises, le président a demandé aux légistes si les victimes, soumises à ces manœuvres de strangulation, souffraient beaucoup. La réponse est affirmative. Même si la perte de conscience peut être assez rapide, celui qui est étranglé ressent une douleur importante et se "sent mourir" progressivement.
Alors que Lombaerts avait affirmé dans le cas de Michaël Degrave que celui-ci avait accepté son sort et ne s’était pas débattu, un des légistes a exprimé ses doutes à ce sujet. Généralement, si une personne est consciente, elle a une réaction de défense en sentant la mort survenir…