Nicolas Ullens, inculpé de l'assassinat de la baronne Myriam Ullens de Schooten: "J’ai commis l’irréparable"
Le procureur du roi de Nivelles confirme ce jeudi 30 mars 2023 ce que l’on subodorait. C’est une question d’héritage qui est à la base du drame d’Ohain. Six coups de feu ont été tirés.
Publié le 30-03-2023 à 21h33 - Mis à jour le 31-03-2023 à 16h55
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Marc Rézette a par ailleurs précisé les circonstances dans lesquelles la baronne Myriam Ullens de Schooten a été abattue par un de ses beaux-fils.
C’est donc une querelle familiale sur fond d’héritage qui s’est, au fil du temps, transformée en conflit latent puis en climat orageux avec, in fine, une explosion mortelle et préparée par Nicolas Ullens, un de ses beaux-fils.
Voilà qui explique la prévention d’assassinat, c’est-à-dire crime avec préméditation retenue en plus de celle, qui peut paraître anecdotique, d’infraction à la loi sur les armes, en l’occurrence le port d’une arme prohibée.
Reprenons la chronologie des événements. Guy Ullens divorce en 1990. Il a quatre enfants, trois garçons et une fille. Il est fait baron. Il est à la tête d’une fortune impressionnante et, notamment, d’une collection d’art contemporain de haut vol.
En 1999, il épouse Myriam Lechien, qui a deux enfants d’un premier lit dont un fils, Gilles Lemaire, un acteur français dont la femme, Reem Kherici, est elle-même actrice très connue. Elle a joué avec Jean Dujardin dans "OSS117, Rio ne répond plus".
Le nouveau couple, qui fréquente la famille royale, se lance dans des opérations caritatives sur plusieurs continents. Myriam Ullens, qui est devenue baronne en raison de son mariage, donne l’image d’une battante. Elle est parvenue à vaincre un cancer du sein et elle ouvrira une fondation qui favorisera 15 000 femmes atteintes de cette maladie.
Ces opérations caritatives postulent bien entendu des dépenses très importantes, alimentées davantage par la fortune du mari que par la cassette de sa seconde épouse.
Héritage en question
Voilà qui donne à penser que ce qui a pu être considéré comme un risque de dilapidation d’héritage doublée peut-être d’une forme de manipulation destinée à faire profiter ses enfants d’une partie de l’héritage s’est révélé l’élément très sensible sinon décisif pour expliquer l’intervention de Nicolas ce mercredi vers 10 heures du matin, au domicile du couple, chemin du Bon Air à Ohain.
Le procureur du Roi Marc Rézette apporte les précisions suivantes. "Une discussion se serait mal passée. Nicolas aurait été invité à quitter les lieux car son père et sa belle-mère devaient partir. Il aurait attendu la sortie du véhicule de marque Golf conduit par sa belle-mère. À son arrivée, il l’aurait percuté avec sa propre voiture. Il a quitté le volant, s’est approché de la Golf et a tiré, semble-t-il, six fois. Madame Myriam Lechien a été tuée sur le coup. Monsieur Guy Ullens a été blessé à la jambe par un projectile. Il a été amené à l’hôpital."
Nicolas Ullens s’est présenté vers 10h50 à la police de la Mazerine, porteur d’une arme de poing qui a été saisie. Il a expliqué avoir tué sa belle-mère. "J’ai commis l’irréparable", a-t-il déclaré.
Il a été privé de liberté. La police locale, qui s’était rendue au chemin du Bon Air et avait procédé aux premières constatations, a cédé le témoin à la PJF Brabant wallon. Le laboratoire de la police scientifique s’est rendu sur les lieux. Une juge d’instruction a été requise par le parquet. Elle a dirigé la descente à laquelle ont participé un médecin légiste et un expert en balistique.
Le suspect a été entendu ce jeudi matin par la juge d’instruction qui a délivré un mandat d’arrêt. Il explique son geste par un conflit familial, notamment d’ordre financier. Il comparaîtra lundi devant la chambre du conseil qui aura à se prononcer sur la confirmation de ce mandat et la prolongation de la détention préventive.
On ne doit pas s’attendre à une autre communication du parquet qui, eu égard au retentissement de l’affaire, a fait une entorse à sa décision de ne jamais communiquer lorsqu’un dossier est à l’instruction. En toute hypothèse, la PJF va s’affairer à réaliser les devoirs d’enquête réclamés par la juge d’instruction Collauti. Ils devraient en premier lieu viser les autres enfants de Guy Ullens.
Ex-agent des services de renseignement et tireur d’élite
En attendant lundi, on récolte quelques informations qui concernent Nicolas Ullens. Il demeure à Lasne. Après avoir été agent des services de renseignement de l’État et après avoir lancé des accusations contre Didier Reynders en 2015 (un classement sans suite) et 2019 (dossiers politico-financiers, corruption et blanchiment d’argent), il aurait été intégré dans une société luxembourgeoise de sécurité.
A-t-il gardé l’arme de service qu’il utilisait lorsqu’il était membre de la Sûreté de l’état ou s’en est-il procuré une autre pour abattre sa belle-mère ? Le parquet n’a pas de réponse à ce propos. À propos d’arme, on notera qu’il fut COR (candidat officier de réserve) dans l’artillerie. Il est considéré comme un tireur d’élite.