Pénurie d'infirmières en BW : « On ne va pas droit dans le mur, on est déjà dedans »
Mardi, une partie du personnel soignant des hôpitaux du Brabant wallon sera en grève pour réclamer un meilleur salaire et une meilleure considération.
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/B6Q6HZRTU5HTJCTZSEH7WKVUPU.jpg)
Publié le 27-01-2023 à 15h45 - Mis à jour le 27-01-2023 à 16h19
"On ne va pas droit dans le mur, on est déjà dedans. Et pourtant, cela pourrait être encore pire si le politique ne réagit pas", prévient Évelyne Magerat, secrétaire permanente CNE pour les hôpitaux de Bruxelles et du Brabant wallon.
+ LIRE AUSSI | La recette de l’hôpital de Nivelles pour ne pas (trop) manquer de personnel
+ LIRE AUSSI | Il a jeté l’éponge après 25 ans d’hôpital
C’est pour cette raison que les infirmières et infirmiers (87% de femmes et 13% d’hommes), les aides-soignants et autres professionnels des soins de santé du Brabant wallon et du reste du pays participeront à une manifestation pour défendre le secteur non-marchand, ce mardi 31 janvier.
Seront-ils nombreux sur les boulevards bruxellois ? Les syndicats l’espèrent, eux qui misent sur un rassemblement – de tout le secteur non-marchand – de 30 000 manifestants.
Le personnel soignant manque dans les hôpitaux du Brabant wallon, dans les maisons de repos… Du coup, le travail de ceux qui prestent devient pénible, rapporte Évelyne Magerat.
"Des services sont même obligés de fermer. 5% des lits sont fermés par manque de personnel. Des interventions sont reportées. Et la prise en charge des patients est catastrophique malgré la bonne volonté des infirmières. Si on ne fait rien, on court à la catastrophe. Je n’ai pas envie d’être malade aujourd’hui."
La crise du Covid a évidemment marqué les professionnels des soins de santé. "Quand je pense qu’on nous applaudissait tous les jours. Aujourd’hui, j’aimerais que le gouvernement se souvienne de ces applaudissements mais nous accorde autre chose. Il faut revaloriser la profession. La situation est critique. Si on doit affronter une nouvelle crise du type Covid, cela ne passera plus", prévient la syndicaliste.
Un risque de burn-out élevé
Les revendications qui seront portées par les manifestants, ce 31 janvier, se retrouvaient déjà dans le rapport du Centre fédéral d’expertise des soins de santé, consacré à l’impact de deux ans de pandémie de Covid-19 dans les soins intensifs belges (mai 2022): "Le risque global de burn-out est élevé, avec une moyenne de 20% des infirmiers présentant un risque élevé (31,6% en Wallonie). Le pourcentage moyen d’infirmiers qui disent avoir l’intention de quitter leur emploi est de 43,9% (54,8% en Wallonie)."
Les conclusions du rapport allaient dans le même sens que ce que réclament aujourd’hui les syndicats: accroître l’attractivité de la profession d’infirmier.
« Infirmière, ce n’est pas un sacerdoce, c’est un métier »
"C’est fini, les infirmières pour qui c’est un sacerdoce, le temps des religieuses-infirmières, estime Évelyne Magerat. Aujourd’hui, infirmière, c’est une profession qui doit être payée correctement, qui doit permettre d’avoir une vie de famille, simplement une vie à côté."
Si les infirmières et infirmiers attendent une revalorisation de leurs salaires, ils et elles veulent aussi être plus nombreux pour ne pas être rappelés en permanence et que la pression sur leurs épaules se fassent un peu moins oppressante.
"Pour cela, il faudrait redorer l’image de la profession. Et améliorer l’encadrement des étudiants. Aujourd’hui, les stagiaires sont trop souvent considérés uniquement comme de la main-d’œuvre gratuite. La durée des études a été allongée, passant à quatre ans, sans que le salaire n’évolue."