Parés pour la thermographie de Couvin et du Brabant wallon
L’équipage est prêt à réaliser la thermographie aérienne de l’entité de Couvin avant celle du Brabant wallon, depuis le début de semaine. Il ne reste plus qu’à attendre la bonne fenêtre météo…
Publié le 20-01-2023 à 06h00 - Mis à jour le 22-01-2023 à 15h17
Sur la petite table d’un local réservé aux pilotes de l’aérodrome de Valenciennes, Angélique Floucaud et Henri Mévolhon déploient une feuille A4. On y distingue une carte, avec un territoire complètement hachuré de petites lignes rouges horizontales. Il y en a 49, exactement. Tracées du nord au sud. Strictement parallèles.
Leur longueur délimite clairement la deuxième plus vaste commune de Belgique: Couvin.
À bord de leur petit Cessna 337 Puch Pull, ils s’apprêtent à quadriller les 207 km2 de cette entité plantée au sud de l’Entre-Sambre-et-Meuse. Mandatés par le collège communal local et par le Bureau économique de la province de Namur, leur objectif est clair: réaliser une thermographie aérienne de chaque bâtisse couvinoise.
Après Couvin, la thermographie aérienne sera réalisée en survolant les 1 097 kilomètres carrés de l’ensemble du territoire du Brabant wallon. D’ici la fin janvier, la société Action Air Environnement aura effectué six à sept vols au terme desquels elle aura survolé l’ensemble du Brabant wallon.
Angélique Floucaud tiendra le manche pendant qu’à l’arrière, Henri Mévolhon, photographe, veillera à la prise des mesures. Sur la piste de Valenciennes, où l’avion est stationné en attendant la fenêtre météo favorable, ce dernier nous dévoile son matériel, finalement simple. "Il s’agit d’une caméra infrarouge Flir, dont l’objectif est pointé vers le sol à travers une trappe située dans le plancher de l’avion. Moi, je me tiens sur le siège, avec mon ordinateur portable, et je veille à ce que les instruments fonctionnent bien…"
Des passages tous les 370 mètres
À 49 reprises, le Cessna fera des allers et retours dans le ciel couvinois à une altitude variant de 3200 à 3600 pieds, soit environ 1 000 mètres d’altitude. "Le plan de vol est réalisé par un géomaticien qui reste en poste au siège de la société Action Air Environnement à Cuers, dans le Var. C’est lui qui trace les axes à suivre, qui détermine la focale de la caméra et l’altitude à garder, explique la commandante de bord. Les axes parallèles sont distants de 370 mètres, ce qui permet une superposition des mesures, d’un passage à l’autre, pour maximaliser la réussite des relevés. C’est parfois difficile au moment du vol, car on n’a pas toujours l’impression d’avancer tant les axes sont rapprochés !"
Lors de ces passages, la caméra Flir va détecter les variations de température, à quelques dixièmes de degrés près, de manière à observer les déperditions de chaleur de la toiture de chaque habitation de la commune. Une fois les données reportées sur un plan cadastral, chaque propriétaire pourra consulter ces éléments pour objectiver d’éventuelles anomalies thermiques. Avec des membres du personnel communal qui aura été formé pour l’occasion, les citoyens intéressés pourront dès lors cibler les points noirs de l’isolation de leur bien.
"Le survol de Couvin nécessitera environ six heures, explique Angélique Floucaud. Quand on additionne le convoyage depuis Valenciennes, plus le survol de Couvin et la réserve de carburant obligatoire, on constate que l’on ne pourra pas tout faire en un vol. Il faudra donc revenir une deuxième soirée pour un petit rabiot…"
Car c’est de nuit que ces mesures peuvent être réalisées: "Il ne faut pas que le rayonnement solaire trouble les mesures de la déperdition de chaleur."
Des jours à scruter la météo
La journée de cet équipage hors du commun est donc rythmée par l’observation continue de la météo, durant toute la matinée. "Pour réaliser les mesures, il faut un temps dégagé, sans vent, sans couverture neigeuse et avec moins de 5 degrés au sol", nous explique Henri Mévolhon.
Si la fenêtre météo du soir s’annonce favorable, le binôme entame l’après-midi par une sieste avant une nouvelle évaluation du temps vers 18 h, pour un décollage en soirée si le contrôle aérien le permet. Pas vraiment le temps d’observer la région survolée, de nuit et à 140 nœuds, soit 250 km/heure ! "Néanmoins, on se dit parfois que l’on reviendrait bien visiter la région survolée, en visionnant les prises de vue d’une ville, par exemple…"
Après Couvin, le Brabant
L’équipage profitera de son passage à Valenciennes pour réaliser également la thermographie aérienne de tout le Brabant wallon. "Ce sera juste dans la foulée de Couvin, en quatre soirées si tout va bien", annonce le duo qui croise les doigts pour que les caprices de la météo ne prolongent pas trop ce séjour dans le nord. Couvin était initialement programmé en début de semaine, puis reporté à ce week-end… mais la météo reste incertaine.
Pilote saisonnière pour Action Air Environnement, Angélique Floucaud réalise ce genre de mission en hiver, jusqu’en mars. Elle passera son été à d’autres contrats de pilotage tandis que son photographe, lui, poursuivra aussi d’autres expériences, notamment en pilotant des drones.
À Couvin, leur passage sera annoncé sur le site Facebook de la Ville et via la newsletter à laquelle chaque Couvinois peut s’abonner. En direct, ce soir-là, chacun pourra également observer les allées et venues sur le site Web flightradar24, par exemple. "Mais les Couvinois ne pourront pas vraiment nous voir directement dans le ciel, vu notre altitude…"