RÉTRO 2022 - Juillet : Cécile Husquet (So vrac, so good) veut créer une coopérative, pour survivre
Depuis des mois, les magasins en vrac souffrent du désintérêt soudain des clients, pourtant très enthousiastes après les premiers confinements.
Publié le 01-01-2023 à 21h00 - Mis à jour le 01-01-2023 à 21h02
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À la mi-juillet, Cécile Husquet publiait un message sur la page de So vrac so good, pour décrire la situation dans laquelle se trouvait son magasin, situé à l’entrée de Thorembais-les-Béguines. Un cri du cœur. "Depuis l’été dernier, l’alimentation durable a pris un petit coup et tourne au ralenti, constate-t-elle. Suite à ce message et à l’article paru dans l’Avenir, on a eu un bel élan de solidarité. Certains sont revenus faire leurs courses, d’autres ont découvert notre magasin. Des gens de la région ont entendu parler de la situation. Le poste a d’ailleurs été partagé de très nombreuses fois."
356 fois, pour être précis. "Mais cet engouement n’a duré que deux ou trois semaines…"
Le point positif, c’est que l’hémorragie a été stoppée… à temps. "La situation n’a plus vraiment évolué. Elle s’est stabilisée, mais ce n’est pas idéale pour tenir sur le long terme."
Ce constat, il vaut pour de nombreuses épiceries en vrac. L’enthousiasme des semaines qui ont suivi le premier confinement est passé. Les gens ont repris leurs activités, dédiant moins de temps à leurs courses. Puis l’inflation et les perspectives moins réjouissantes ont incité une partie de la clientèle à retrouver ses habitudes d’avant. "On parle beaucoup avec nos clients, une vraie relation s’est tissée. Je pense que les raisons de la baisse du nombre d’acheteurs sont multiples. Il y a les difficultés financières, qui font qu’on privilégie le prix à la durabilité ou à la qualité des produits. On pense davantage à la quantité. Ou bien les gens veulent limiter leurs trajets et font toutes leurs emplettes au même endroit. Ce qui est positif pour la planète. Il y a également moins de gros événements, on est plus souvent dans une dynamique style" auberge espagnole " , où chacun amène quelque chose. On est dans une logique de rationalisation du temps, des courses et des trajets."
So vrac so good ne tourne désormais plus qu’avec Cécile Husquet et ses deux employés, à mi-temps. Et de gros changements sont prévus pour 2023. "On travaille au passage en coopérative, de manière à ce que nos consommateurs fidèles deviennent des acteurs du magasin."
La gérante suivra prochainement une petite formation pour acquérir les compétences nécessaires. "J’envisage ce changement sous la forme d’un groupe de travail, qui accompagnera tout ce qui touche à la logistique, le choix des produits ou des événements. Ils participeront aux prises de décision."
L’objectif est de poursuivre cette aventure sur le long terme. "Je souhaiterais transmettre ce que j’ai créé. Je trouve ça beau de tenir le coup, de persister. C’est ce qui me permet de garder le moral aussi. Si on prend ce magasin comme un bébé, le rôle est de le laisser grandir, qu’il soit autonome. Cela me semble être une évolution normale."
Elle espère aussi augmenter sa clientèle. À la grosse louche, elle estime à 150 le nombre de fidèles. "Il nous en faudrait le double, ce n’est pas assez actuellement."
Ce chiffre a en effet fortement baissé depuis l’ouverture il y a trois ans et demi. La gérante ne s’est d’ailleurs plus versé de salaire depuis… une douzaine de mois. "Je paie d’abord les charges du personnel, les producteurs. Je me suis posé la question: arrêter ou continuer ? Mon premier objectif, c’était de stabiliser la situation, ce qu’on est parvenus à faire. On a l’espoir de remonter la pente en 2023. Si ce n’est pas le cas, ce ne sera pas tenable. Et si la transformation en coopérative ne permet pas d’impliquer davantage le client dans le magasin, alors ça n’ira pas."
Si Cécile Husquet avait une baguette magique, elle l’utiliserait pour étoffer son stock. "La trésorerie a été mise à mal, donc on s’est concentré sur les produits qui fonctionnaient le mieux. Mais c’est un cercle vicieux, car ça nous freine. On ne trouve plus tout ce qu’on veut. Avoir la gamme la plus complète possible, ce serait génial." Ce qui permettrait aussi aux petits producteurs de respirer, les premières victimes de ce changement de comportement des consommateurs.