Probablement unique en Belgique: deux frères centenaires bientôt rejoints par leur sœur (vidéo)
Nous avons rencontré le père Luc Verstraete (101 ans) et sa sœur Paulette (99 ans): 200 ans à eux deux, 60 ans de vie commune et au bout du compte, une terrible leçon de (longue) vie.
Publié le 30-11-2022 à 16h25 - Mis à jour le 30-11-2022 à 16h26
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Ce doit être unique en Belgique. Deux frères centenaires qui seront bientôt rejoints par leur sœur qui n’a que 99 ans.
"Si tout se passe bien, j’aurai 100 ans le 28 juin 2023", ose, en espérant que cela ne lui porte pas malchance, Paulette Verstraete, la "petite" sœur de Pierre (103 ans), qui vit chez sa fille à Franière, et du père Luc (101 ans) avec lequel elle vit depuis… 60 ans.
Lundi, la Ville d’Ottignies-LLN avait tenu à rendre hommage au père Luc: "Ils avaient oublié mon 100e anniversaire, raconte le centenaire. Mais ce n’est pas grave, cela s’est très bien passé".
Paulette et Luc ne cherchent pas les honneurs, loin de là. Ils s’étonnent même de l’intérêt qu’on leur porte, à eux, à leur famille et à leur longévité. "Marcelle, notre sœur aînée est morte à un peu plus de 80 ans", raconte Paulette comme pour dire que la famille Verstraete n’a rien de si exceptionnelle.
À deux pour traverser les problèmes
Et à la traditionnelle question de la recette de leur longévité, ils rappellent juste que leur papa aussi a eu une longue vie – il est mort à près de 99 ans – et que "nous avons eu la chance d’avoir eu des parents qui nous ont donné une éducation très saine. Et puis, le fait d’être à deux de la même famille nous a permis de traverser ensemble des problèmes assez lourds. On peut dire que nous avons été heureux et le bonheur favorise la longévité."
Leur bonheur, ils le trouvent aussi et surtout dans la bienveillance, le partage: "C’est notre grande chance, nous avons de nombreuses personnes avec qui nous avons gardé contact."
Ancien professeur, ancien prêtre – à Tangissart et Sart-Messire-Guillaume notamment – le père Luc a été admis à la "pension", à… 90 ans: "J’étais encore en pleine forme. Je voulais continuer mais l’évêque m’a gentiment fait comprendre que j’étais trop vieux. C’est d’ailleurs mon seul regret, c’est qu’on ne me demande plus rien, c’est de ne plus pouvoir rendre service comme aller dans les écoles pour répondre aux questions des enfants, par exemple. Quand on a été bien occupé durant toute sa vie, on a envie de continuer…"
Jamais de dispute
"Ce n’est plus possible avec des jambes pareilles", sourit Paulette qui comme son frère souffre aujourd’hui de troubles de la vue: "En plus de nos vieilles jambes, on ne voit plus grand-chose, c’est très ennuyeux. Ne pas voir, c’est vraiment très handicapant. Je vous vois sans trop vous voir et si je vous croise dans la rue, je ne vous reconnaîtrai pas", s’amuse encore Paulette qui, malgré tout, sort encore faire de petites courses.
L’autre secret qu’on a envie de percer, ce sont ces 60 ans de vie commune entre frère et sœur: "On a jamais eu de dispute et ça déçoit les personnes qui nous interrogent. Quand ils nous demandent la date de notre dernière dis pute, je réponds: “La première doit encore venir”. Notre secret ? C’est simple: quand on a des points de vue différents sur un sujet, on se tait. On ne discute pas à vif comme cela, on se tait et on réfléchit chacun de son côté, puis on se met d’accord."
Ils ne se sont d’ailleurs jamais disputés avec personne: "Si je prends le cas de Tangissart, paroisse que j’ai rejointe parce qu’on avait envie de retrouver la campagne alors que j’étais en poste à Cureghem, il y avait les célébrations bien évidemment, mais il y avait aussi toujours des rencontres, des visites aux malades, aux paroissiens… On s’entendait bien avec tout le monde."
« Il y a de bons diables »
Partis de Bruges, là où ils sont nés, logés aujourd’hui à Mousty, juste à en face de l’église qui leur sert de décor, Paulette et Luc estiment qu’ils ont, d’une certaine façon, été gâtés par la vie: "Comme tout le monde, il faut traverser les crises. On a évité le Covid et aujourd’hui, on essaie de faire des économies d’énergie comme tout le monde. Il faut prendre la vie comme elle vient, le Seigneur fera le reste, soutient Paulette. Heureusement qu’on a la Foi, on sait sur quoi se reposer. Les gens qui ne croient à rien, ce doit être épouvantable."
Ils croient aussi aux Diables rouges car "il y a de bons diables dans la vie". Luc supporte les Blauw en Zwart de Bruges et apprécie particulièrement Thibaut Courtois alors que Paulette penche pour Romelu Lukaku et s’inquiète: "J’espère qu’il va rejouer". Le match contre la Croatie, ils vont plus l’entendre que le voir et cela fait partie de leurs petits plaisirs quotidiens même si comme tous les "villageois", c’est la rencontre avec les gens qui prime. Et ils sont très bien entourés: "C’est ça aussi la recette d’une vie heureuse".
Et demain ? "Le Seigneur viendra nous chercher quand il veut. Ce n’est pas à nous de décider".