Une académie pour les « moucheurs »
Apprendre à pêcher à la mouche dans de jolis endroits, avec des passionnés et sans investir dans le matériel, c’est que propose Le Coin Mouche.
Publié le 03-10-2022 à 06h00
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Beaucoup de Brainois ont sans doute déjà été intrigués par la porte de garage d’une maison située au début de la rue de la Légère Eau. On y retrace en quatre étapes une singulière évolution: du gourdin dont se servait l’homme des cavernes pour assommer ses proies, on passe à l’invention de l’hameçon accroché à une perche, à l’apparition du moulinet, pour arriver à la silhouette élégante d’un pêcheur à la mouche.
Derrière cette porte est né, il y a pas mal de temps déjà, le premier magasin en Belgique vendant uniquement des articles de pêche à la mouche. En bref, pour ceux qui n’ont pas vu "Et au milieu coule une rivière" et les arabesques de la soie de Brad Pitt immergé jusqu’à la taille dans les rivières du Montana, l’idée est d’imiter avec des plumes et des poils fixés à un hameçon les insectes naturels dont se nourrissent les poissons.
Voilà le principe. Il reste donc à connaître les insectes en question qui varient en fonction des lieux, des saisons et même des moments de la journée, à disposer d’une imitation assez réaliste pour tromper le poisson, à savoir où trouver ce poisson, puis à lancer à sa portée la mouche qui ne pèse que quelques grammes.
Compliqué ? Pour environ 3 000 adeptes en Belgique francophone, c’est surtout passionnant, la pêche à la mouche donnant l’occasion de s’immerger dans la nature en comprenant presque de manière intime le fonctionnement des écosystèmes. Qui d’autre qu’eux sait à quoi ressemble une mouche de la Saint-Marc, de quoi se nourrissent les truites au mois de juin, à quelle saison se reproduisent les ombres communs ou comment imiter une larve d’éphémère en se servant d’une plume de faisan ?
Après trente ans consacrés à la vente de matériel et à la pêche à la mouche qu’il a pratiquée un peu partout dans le monde, le Brainois Guy Debeuf a cédé son commerce l’été dernier. Mais il n’a pas raccroché sa canne, loin de là: au travers de l’ASBL Le Coin Mouche, il a fondé une académie pour partager son expérience et former de nouveaux pêcheurs, respectueux de l’environnement et des poissons.
« Faire une pause dans un monde qui tourne de plus en plus vite »
"Dans un monde qui tourne de plus en plus vite, on propose à ceux qui le souhaitent de faire une pause, explique-t-il. De passer un moment hors du temps au bord de l’eau, pour apprendre et découvrir en se reconnectant à la nature. À leur rythme, sans brûler les étapes. Et comme j’aime ça, on y ajoute un peu de gastronomie."
La formule est unique en Belgique, voire en Europe. L’académie (www.lecoinmouche.academy) propose des cours d’initiation d’une journée ou d’une demi-journée. Ceux qui accrochent ou les pêcheurs ayant déjà des connaissances de base peuvent opter pour des modules de perfectionnement, moyennant une cotisation annuelle et une participation aux sorties communes aux bords des rivières ou des lacs.
Pas besoin d’investir dans le matériel: il est prêté. L’apprentissage est à la fois théorique et pratique, avec aussi des ateliers à la demande pour apprendre à lancer, fabriquer ses propres mouches ou s’initier à des techniques particulières.
Une fois les compétences acquises, les membres peuvent participer à des "sorties aventures" en groupe sur des rivières et lacs en Belgique mais aussi en France, au Pays de Galles ou encore en Slovénie.
"On se lance progressivement, on est sur les réseaux sociaux et actuellement, nous avons une quinzaine de membres, explique Guy Debeuf. On ne veut pas en avoir des centaines: le concept est celui d’un accueil personnalisé. Pour pêcher à la mouche, il faut être à l’écoute de la nature. Donc pour transmettre cet art et ses valeurs, il faut être à l’écoute de ceux qui veulent s’initier."