Michaël Dufour: «J’aime griffer le festival d’Avignon de belgitude»
La comédie du Waterlootois Michaël Dufour « Faites l’amour avec un Belge », devenue incontournable en France, est désormais la pièce la plus jouée au Festival Off d’Avignon. Rencontre à la veille de son départ.
Publié le 27-06-2022 à 06h00
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/QDDT57TCR5GENFPWO5S7POVGJE.jpg)
Les chiffres autour de la pièce de théâtre Faites l’amour avec un Belge , écrite et produite par le Waterlootois Michaël Dufour, donnent le tournis. Née il y a 12 ans, cette création qui a déjà été jouée plus de 2000 fois, croque à pleines dents les différences de culture entre la France et la Belgique. Chaque année très demandée, elle est devenue la comédie la plus jouée au Festival Off d’Avignon depuis la création de celui-ci en 1966. Elle sera à nouveau présentée du 6 au 26 juillet.
Michaël Dufour, cela fait 26 ans que vous vous produisez au festival OFF d’Avignon, c’est bien plus qu’une histoire d’amour?
Oui, ce serait impensable pour moi de ne pas y aller. C’est là que j’ai grandi en tant qu’humoriste, c’est là que j’ai rencontré des dizaines de producteurs, c’est là que ma pièce est devenue ce qu’elle est aujourd’hui. Ce festival OFF constitue un univers artistique inimaginable. Il a pris de l’ampleur au fil des années et 1540 spectacles s’y jouent par jour. Quand j’y suis en juillet, j’assiste à près de 40 spectacles sur le mois.
Comment est née cette relation avec le festival?
Le jour où j’ai mis les pieds dans cet univers à part pour proposer un one-man-show, j’avais 22 ans. Je me suis senti comme un poisson dans l’eau et j’ai appris à nager. Pour les artistes, tout est réuni pour découvrir, apprendre et exister. C’est une vitrine exceptionnelle pour notre métier.
Cela fait douze ans que vous séduisez le public d’Avignon avec votre pièce «Faites l’amour avec un Belge». Qu’est-ce qui fait le succès de cette création?
La force du spectacle, c’est cette histoire d’amour entre une femme française et un homme belge. Ils s’aiment mais ils se prennent souvent la tête par rapport à leur culture, différente. Ça se taquine beaucoup, il y a des vannes toutes les trois minutes, ce qui donne peu de répit aux spectateurs. C’est un match de ping-pong à l’issue duquel j’essaye que le Belge gagne toujours. Il y a une partie très interactive aussi durant laquelle le public peut se moquer de moi.
Et il n’y a pas qu’à Avignon que votre comédie rencontre un franc succès?
Je la joue partout à travers la Belgique et la France depuis douze ans. J’ai fait des cafés-théâtres, des centres culturels de 500-600 places mais aussi des salles de plus de 1000 places. Nous avons même joué devant 2000 personnes à L’Isle-sur-la-Sorgue il y a quatre ans. J’ai été obligé de monter plusieurs spectacles. J’ai eu jusqu’à cinq équipes qui jouaient la pièce.
Après autant de temps, vous ne vous lassez jamais de la jouer?
Non d’abord parce qu’elle évolue. Il y a toute une partie que l’on met d’actualité au fil du temps. Et puis, cette pièce, c’est mon "Born to be alive", mon tube. Un chanteur ne se lasse jamais d’interpréter son tube sur scène. Qui plus est, c’est un spectacle hyper rodé, ce qui nous permet d’être très à l’aise sur les planches. On peut se lâcher. Il suffit d’un regard avec ma partenaire et on sait sur quoi on va embrayer.
Votre binôme sur scène est la comédienne Solène Delannoy…
Oui cela fait trois ans que nous formons un magnifique duo. Il y a énormément de complicité entre nous. Au début, j’ai travaillé avec France Renard, ensuite durant 5 ans avec Émilie Wiest.
Quelle est votre relation avec le public français?
Les Belges sont très appréciés en France et moi, je suis devenu LE Belge àAvignon. Ils connaissent et adorent notre force d’autodérision. J’aime beaucoup les chambrer, leur dire qu’on est pareil en fait, qu’un Belge c’est juste un Français de bonne humeur!
Vous envahissez même les rues d’Avignon le 21 juillet?
Oui la parade des Belges est née il y a dix ans de ma complicité avec Alex Vizorek. En 2012, j’étais descendu en cuistax dans les rues du festival pour faire la promo de mon spectacle et quand je l’ai croisé, je lui ai dit de monter à bord. Depuis, chaque 21 juillet, on se réunit entre comédiens, humoristes, auteurs, régisseurs belges présents au festival et on s’offre une balade noire-jaune-rouge et un apéro à la fin.
Vous faites beaucoup d’autres choses également?
Oui, j’écris d’autres pièces dont celle de Solène Delannoy Le coup de pelle qui va démarrer à la rentrée. Depuis le confinement, je produis aussi deux pièces pour enfants: l’une est une adaptation humoristique du Petit chaperon rouge , l’autre s’appelle La machine des enfants .
Vous avez grandi à Nivelles, vous vivez aujourd’hui à Waterloo et vous avez travaillé pour… la province du Brabant wallon?
Oui, j’ai été responsable du service pensions il y a 28 ans. C’est là que j’ai croisé le Grand Jojo qui travaillait aux finances! D’ailleurs, je l’ai souvent invité sur scène lors de mes spectacles parce que je reprenais évidemment ses chansons.