Carodec, l’empêcheur de bâtir en rond
Avec ses préoccupations environnementales et sa gestion éthique, la SA Carodec est un négoce pas comme les autres. La révolution est en marche.
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Publié le 12-03-2013 à 07h00
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Initier des entrepreneurs à des notions telles que le durable, l’écologique, le bio, bref la construction propre, voilà une vraie gageure. Carodec y a cru et les chiffres lui donnent raison: le chiffre d’affaires pour 2012 est de 7,5 millions d’euros.
Sous le regard de gestionnaire impitoyable de son administrateur-délégué Charles-Antoine Kervyn, ce négoce en matériaux de construction privilégie le durable depuis son ouverture en 2005 à Auderghem et trois ans plus tard à Genval. On y trouve ce qui se fait de mieux dans ce type de gammes de produits: respect de l’environnement, de la santé des habitants mais aussi respect de la santé des travailleurs sur les chantiers. Chaque matériau qui y rentre est passé au crible concernant son impact environnemental.
«Si tout le monde se mettait à faire du sain et du naturel, Carodec ferait autre chose, explique Charles-Antoine Kervyn. Nous, on veut impacter le monde.»
Et pour changer le monde, avec sa dizaine de vendeurs, Carodec s'acharne à éduquer ses clients à l'utilisation de ces matériaux à valeur ajoutée. Sans toujours y parvenir. «Parmi nos clients, il y a des particuliers mais aussi, pour 80%, des entrepreneurs. Pourquoi viennent-ils se fournir chez nous? Ils ne comprennent pas toujours notre démarche. Ils se rendent compte qu'on est différents. Certains veulent des conseils, mais d'autres viennent ici pour des raisons de proximité géographique. Il ne faut pas se voiler la face. Notre but est d'influencer le cahier des charges d'un chantier. Là on peut être concurrentiels et vendre des matériaux durables. Mais pour les produits qui ne nous intéressent pas, nous choisissons délibérément de maintenir des prix artificiellement élevés.»
Misérabilisme: non merci !
Carodec se distingue d’une entreprise classique par son management éthique. Mais Charles-Antoine Kervyn ne communique pas volontiers sur cette facette de son entreprise d’économie sociale. À l’en croire, le concept sonne comme une casserole que l’on traîne.
«Il y a une connotation misérabiliste dans le concept d’économie sociale, parce que les gens pensent subsides, conditions de travail un peu chiches, travailleurs peu formés,etc. Il y a beaucoup de clichés. Mais je crois à l’économie sociale. Je pense qu’à l’avenir on ne pourra plus fonctionner dans un monde où tout va au fric et où on ne pense qu’à en faire plus.»
Idéaliste et précurseur, ce manager envisage même qu’un jour il faudra partager le temps de travail, et accepter de gagner moins, pour qu’il y en ait pour tout le monde. Son associé a montré la voix: il est parti à vélo en famille pour six mois.
Chez Carodec, la gestion se veut éthique. Cela se traduit par différentes choses. D’abord, le personnel a son mot à dire et est entendu de manière hebdomadaire sur les problèmes du quotidien. La transparence est complète au niveau salarial et les cadres sont à peine mieux payés que les autres travailleurs. La mixité homme-femme au sein du personnel est privilégiée, même si le bâtiment est, a priori, un milieu assez viril. Idem pour les mélanges des nationalités. Enfin, les gestionnaires refusent toute activité en noir. Encore une révolution dans ce milieu…
Des matériaux de construction alternatifs, une approche éthique de la gestion, la fin de la course au profit… Cette révolution-là donne du travail à vingt-sept personnes. À méditer.