« Nous investissons dans l’humain »
Entreprise d’économie sociale et d’insertion, Floreco emploie onze personnes. L’entreprisede jardinage jodoignoise espère grandir.
Publié le 11-03-2013 à 07h00
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Après vingt-cinq années passées, comme grimpeur-élagueur, aux sommets des arbres, Vincent Kervyn est maintenant à la tête de l'entreprise d'économie sociale Floreco, installée à Jodoigne. Floreco est davantage qu'une simple entreprise d'économie sociale: c'est aussi une entreprise d'insertion. Elle offre des jobs à des personnes qui n'en trouveraient probablement pas dans des entreprises classiques. Exclus du chômage, sans qualification, «leur âge moyen est assez élevé, ce ne sont pas des jeunes au sortir de l'école, remarque Vincent Kervyn. La plupart ont été victimes d'un accident de vie.» Lorsqu'ils sont engagés, les ouvriers de Floreco n'y entrent pas juste le temps de se remettre le pied à l'étrier. «Ce sont des emplois durables.» Durables et variés. Floreco propose une gamme assez large de service: la création et l'entretien de jardins, l'élagage, la lutte contre les plantes invasives mais aussi la construction de cabane ou la vente et la location de toilettes sèches. Si «certains clients ignorent que Floreco est une entreprise d'insertion», d'autres choisissent l'entreprise jodoignoise à cause de sa finalité sociale: «certains, qu'on peut qualifier de mécènes, nous confient l'entretien de leur jardin sans trop se soucier du prix. Plutôt que d'investir dans l'art, ils investissent dans l'humain.»
Mais pour la plupart des clients, Floreco se doit d'être concurrentiel, que ce soit au niveau du prix ou des délais d'exécutions. Pourtant, Vincent Kervyn ne le cache pas: l'insertion ralentit le travail. «Si, avec l'insertion, on peut avoir une visée sociale qui est presque invisible, on ne peut pas se voiler la face: ça demande de la patience et une implication de tous les instants de la part des chefs d'équipe pour compenser le manque d'autonomie des travailleurs.»
Créée par l'ASBL Crabe en 2006, Floreco est à la croisée des chemins: il lui faut grandir pour pérenniser son activité. Cela passe peut-être par les CPAS des alentours qui «commencent à compter sur nous» et placent des Articles 60 dans l'entreprise. Ceux-ci sont alors payés par le CPAS pendant une période pouvant aller jusqu'à deux ans, le temps pour le travailleur, jusque-là bénéficiaire d'un revenu d'intégration (minimex), de récupérer son droit au chômage.
Floreco pourrait aussi mettre plus en avant son statut d'entreprise d'économie sociale et d'insertion. «On ne met pas directement en évidence qu'on est une entreprise d'insertion. On est une entreprise où l'humain a la priorité. Mais ça devrait être le cas partout. Toute l'économie devrait être sociale.»
A.H.