Sombreffe: un projet de 14 appartements inquiète des riverains
Selon les plaignants, une demande de permis d’urbanisme fraîchement introduite menacerait la vie rurale, le tourisme et le patrimoine local.
Publié le 13-01-2023 à 21h00 - Mis à jour le 16-01-2023 à 17h35
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Le 4 janvier dernier, des membres du syndicat d’initiative et responsables du centre équestre Le Relais découvraient par surprise des affiches mentionnant une demande de permis d’urbanisme, placées sur un terrain situé à proximité de leurs activités. "Cette demande concerne la construction de deux immeubles de sept appartements chacun et quatorze abris, sur un terrain à bâtir de la rue de la Coyaute", explique Benoît Histace, représentant le conseil d’administration du syndicat d’initiative au nom de Philippe Leconte et Samuel Godard.
Benoît Histace estpar ailleurs directeur du Ligny 1815 Museum, situé au sein de la ferme où se trouve le syndicat d’initiative. "Cette ferme abrite aussi un restaurant et une salle polyvalente. Elle fait face au terrain où devraient être érigés ces immeubles. Nous craignons que ces bâtiments dénaturent notre site et constatons une pression immobilière de plus en plus forte sur notre territoire."
En outre, la ferme en question date du XVIIe siècle, fut témoin de la bataille napoléonienne de Ligny en 1815 et est reconnue par l’inventaire du patrimoine architectural de l’arrondissement de Namur. "Notre organisme touristique y développe le tourisme de mémoire depuis de nombreuses années. De plus, nous y accueillons annuellement 15 000 personnes et avons l’habitude d’y organiser des événements d’ampleur, qui pourraient déranger les riverains", ajoute Benoît Histace.
Longeant ce terrain de la rue de la Coyaute, le centre équestre Le Relais serait aussi affecté par la construction de ces immeubles. "Nous possédons 35 chevaux et organisons régulièrement des stages, avec environ 250 personnes inscrites par mois, indique le responsable Roland Schallenbergh. À 20 mètres du terrain, se trouve un bac à fumier que nous vidons deux à trois fois par semaine et encore plus près, nous avons une piste équestre couverte. Nous craignons la cohabitation entre les chevaux, les enfants et les engins de chantier durant la période de travaux."
Benoît Histace et Roland Schallenbergh ne sont pas seulement inquiets pour leurs activités. Ils disent notamment constaté une contradiction au niveau de la nature du terrain. "Selon le plan de secteur, la prairie se trouve en zone rurale. Or, dans le schéma de développement communal de Sombreffe, elle se situe en zone urbaine", affirment-ils. Nous avons conscience qu’il s’agit d’un terrain à bâtir qui a été mis en vente, mais ce projet risque de menacer nos activités et notre environnement. "
Benoît Histace ajoute que ce terrain se situe à côté d’une zone agricole et est en zone de protection archéologique, à quelques mètres du champ de bataille.
Autre préoccupation ? Les inondations de 2021 qui ont touché les 21 maisons de la rue Pont Piraux (perpendiculaire à la rue de la Coyaute) et qui pourraient se répéter à l’avenir.
Une phase d’information en cours
Le syndicat d’initiative et le centre équestre Le Relais entendent bien formuler plusieurs remarques au service Urbanisme de la Commune de Sombreffe. "Nous espérons que la Ville sera sensible à la protection du caractère rural, patrimonial et touristique, qu’elle défend généralement."
Pour l’heure, la demande de permis est toujours en phase d’information. Le dossier peut être consulté jusqu’au 23 janvier.
La personne ayant introduit cette demande de permis d’urbanisme est Bertrand Counet. Cet agriculteur de Bomal-sur-Ourthe (Durbuy) n’est pas promoteur immobilier à titre principal, mais a pour but d’investir, avec son épouse, dans des projets de construction au cœur des villages. "Notre objectif n’est pas de faire de l’étalement urbain, mais nous souhaitons intervenir là où il y a un besoin manifeste de logements, se défend-il. De plus, la protection de la biodiversité et le moindre impact environnemental font partie de nos valeurs. À titre d’exemple, sur le terrain en question, nous voulons réaliser un potager collectif."
Parmi les préoccupations de Benoît Histace et Roland Schallenbergh, il y a notamment la hauteur des bâtiments, qui aurait été fixée à quinze mètres. "C’est faux", réagit Bertrand Counet. Ils seront de dix mètres ".
En termes de nuisances sonores qui pourraient émaner de la ferme ou du centre équestre, le porteur du projet déclare: "On plébiscite justement cette vie folklorique et je pense que la plupart des habitants seront contents."
Bertrand Counet rassure aussi Roland Schallenbergh au sujet des travaux qui pourraient déranger la vie de son centre équestre: "On est assez bien en retrait et le chantier ne sera pas monstrueux."
Concernant la question de la zone de protection archéologique, le promoteur à titre complémentaire se dit prêt à "arrêter le chantier un instant si des trésors sont découverts."
Enfin, par rapport aux inondations probables, Bertrand Counet affirme qu’il ne s’agit pas d’un terrain inondable. "La prairie étant en hauteur, je pense que les plaignants devraient plutôt s’inquiéter de leur situation que de la nôtre", conclut-il.