Un 17 juillet qu’il n’oubliera jamais
Le 17 juillet 1980 allait bouleverser la vie d’un jeune garçon. Trente-cinq ans plus tard, Olivier Moreaux a décidé de tout dire pour guérir.
Publié le 15-10-2015 à 06h00
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Certains secrets de famille sont jalousement gardés et disparaissent avec la mort de ceux qu’ils concernaient.
D'autres, au contraire, éclatent au grand jour suite à l'une ou l'autre indiscrétion, ou parce que l'une des personnes concernées a décidé de lever le voile. Et dans bien des cas, dévoiler la vérité s'apparente à un acte de libération, à la première étape d'un processus de thérapie que l'on veut guérisseur des plaies longtemps restées ouvertes. C'est la voie choisie par Olivier Moreaux qui, au fil d'un ouvrage de plus de 250 pages qui vient de sortir de presse, a souhaité tourner la page, faire table rase d'un événement et de ses conséquences qui ont bouleversé l'enfant qu'il était. «La décision d'écrire a été plus difficile à prendre que le fait d'écrire, explique-t-il. Mais je n'avais pas le choix. Cela m'a libéré.»
Deux policiers à la porte
Olivier Moreaux a donc pris la décision de raconter par le menu une funeste journée de son enfance et les conséquences qui vont le poursuivre jusqu’à ce que le dernier mot du livre ne soit écrit.
Nous sommes le 17 juillet 1980. Le soleil frappe fort en ce mois de juillet. Dans la cuisine, Olivier, dix ans, partage le repas de midi avec ses parents et ses trois frères et sœur.
On sonne à la porte de cette belle maison située dans un coin de la Botte du Hainaut. Son père se lève et va ouvrir. Devant la porte, deux policiers. Son père revient, murmure quelques mots à l’oreille de la mère d’Olivier qui rapidement éclate en sanglots. Sans un mot pour ses enfants, le père quitte la maison et s’engouffre dans une voiture en compagnie des deux policiers.
Aller au-delà des limites
«Dans trois semaines, j'aurai 10 ans et mon enfance vient de se terminer», écrit Olivier Moreaux dans son ouvrage intitulé 17 juillet. Son père arrêté pour abus de biens sociaux, la vie du petit garçon va évidemment basculer. «C'était mon dieu, avoue-t-il dans un souffle. Je faisais tout pour lui plaire.»
La famille entière est perturbée: sa mère va devoir chercher un travail et faire des miracles pour élever seule les quatre enfants. Car si l’emprisonnement du père d’Olivier n’a duré que 173 jours, le couple, déjà ébranlé avant l’arrestation, ne résistera pas à cet accro.
À l’école, Olivier Moreaux est la proie des taquineries et des moqueries de la part de ses condisciples: le voilà à nouveau victime. Foot, tennis de table, le jeune Olivier va se dépenser sans compter pour accumuler les performances sportives.
Au fil des ans, le défi change de nature. Olivier Moreaux veut se surpasser, aller jusqu'à la limite de ses forces. Pour cela, rien de tel qu'un marathon. Lui qui n'a jamais couru s'élance pour une première aventure en 2007. Ce n'est qu'une étape vers plus encore: le triathlon, qu'il découvre grâce à un collègue en 2011. «Je crois que je voyais là un moyen de retrouver la fierté du regard de mon père quand j'avais 10 ans.» Les efforts sont immenses mais ils conduiront Olivier Moreaux à terminer l'Ironman de Nice en juin dernier. Avec son père sur la ligne d'arrivée.