Sambreville : une maison médicale agréée à Tamines
L’une des trois nouvelles maisons médicales agréées par la Wallonie a éclos à Sambreville. Sambr’Santé y a ouvert ses portes, à Tamines, parce que l’indicateur d’accès aux droits fondamentaux y est bas.
Publié le 31-01-2023 à 11h20 - Mis à jour le 31-01-2023 à 11h21
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Ce lundi matin, la ligne téléphonique de la maison médicale taminoise est encombrée, comme en écho à son succès et aux besoins de santé impérieux auxquels elle répond. Les appelants ont droit à plusieurs minutes d’attente. Après le week-end, c’est toujours un peu plus compliqué. "Tous les jours, nous accueillons de nouveaux patients", pose le médecin cofondateur, Philippe Cardon, chantre d’une médecine de gauche se devant de conjuguer accessibilité et qualité. À l’époque où il travaillait en solo, il faisait déjà payer le ticket modérateur (la partie du tarif légal restant à la charge du patient après remboursement par sa mutualité) à un tiers de sa patientèle. Travailler à instaurer une médecine sociale ne laissant aucun malade sur le carreau, c’est ce qui donne du sens et de la valeur à l’engagement de ce soignant de première ligne. C’est son leit-motiv.
Idéaliste, le praticien, également maître de conférences et d’enseignement à l’ULB, a déjà fondé, en 2007, la maison médicale La Bruyère, rue de Falisolle, à Auvelais.
Ouverte depuis octobre dans la rue de la Station, à Tamines, "Sambr’Santé", c’est son nom, vient d’entrer dans le réseau officiel des Maisons médicales agréées et subventionnées par la Wallonie.
Selon un communiqué diffusé mercredi par le cabinet de la ministre wallonne de la Santé Christie Morreale, "Sambr’Santé" fait partie des heureuses élues avec "Aiseau Centre", à Aiseau-Presles (commune de 11 000 habitants et en pénurie de médecins), et "Chênée-Thiers", à Chênée (Liège, commune de 196 000 habitants). Pourquoi agréer des maisons médicales ? Généralement, celles-ci éclosent dans des communes où l’indice d’accès aux soins de santé pour tous est défavorable, particulièrement aux personnes les plus fragilisées. En clair, une maison médicale renforce l’accessibilité financière et géographique aux soins de santé de base. Elle comble un vide.
Travail en équipe
Les maisons médicales agréées proposent a minima des soins de médecine générale, de kinésithérapie ainsi que des soins infirmiers, tous remboursés. Elles peuvent aussi intégrer d’autres professions telles que des psychothérapeutes, des dentistes, des diététiciens, des pédicures-podologues etc.
À Sambreville, commune de 28 000 habitants, l’équipe de base est effectivement constituée de prestataires en médecine générale, kinésithérapie et soins infirmiers. Les consultations psychosociales sont assurées par une convention de collaboration avec le planning familial.
Le Dr Philippe Cardon trouve de nombreux avantages à la solution de la maison médicale rassemblant à une seule adresse plusieurs dispensateurs de soins primaires. "L’accessibilité n’est qu’un aspect du projet. L’autre plus-value, c’est le travail au sein d’une équipe pluridisciplinaire. À Sambr’Santé, nous sommes 8 personnes dont 4 médecins. Nous nous parlons. En termes de suivi des patients, c’est plus riche", dit-il. Pour le moment, un psychologue et un assistant-social manquent encore à l’appel.
Le Dr Cardon explique avoir co-fondé Sambr’Santé pour pallier une pénurie de médecins après le décès prématuré de deux de ses confrères, emportés par le Covid, Charles Koulos et Antonio Blasi.
La médecine pratiquée à "Sambr’Santé" n’est pas réservée qu’à une patientèle précarisée. "Nous n’avons pas d’exclusive. La mixité sociale est l’autre richesse d’une maison médicale", poursuit le soignant. À Sambreville plus qu’ailleurs, les praticiens sont confrontés à des pathologies liées à la précarité économique. Il est avéré que les problèmes psychosociaux, sources d’assuétudes, retentissent sur l’état de santé d’une personne. En plus de ses qualités humaines, on ne s’étonne donc pas que ce soldat sambrevillois de la santé pour tous fasse aussi partie du réseau Alto (Alternative à la toxicomanie).