CHR Auvelais: le programme de 65 millions€ entre dans une année clé
Pour les 50 ans + 1 du Centre hospitalier régional Sambre et Meuse, les visiteurs ont pu découvrir l’« envers du décor », dont les travaux programmés d’ici cinq ans. Petit tour d’horizon.
Publié le 23-10-2022 à 21h59
En 1971, l’hôpital Reine Fabiola d’Auvelais voyait le jour. L’institution publique de soins, devenue aujourd’hui le Centre hospitalier régional Sambre et Meuse (CHRSM), aurait dû fêter son demi-siècle d’existence l’an passé… si le Covid n’était pas venu jouer les trouble-fête. Aussi c’est avec un décalage d’un an que l’hôpital a marqué cet anniversaire "50 + 1", vendredi et samedi, en mettant aussi bien à l’honneur l’institution que le personnel en place, fraîchement engagé ou encore candidat à un poste, que, bien entendu, le patient, invité à découvrir l’"envers du décor" (lire par ailleurs).
Un jubilé + 1 résolument tourné vers l’avenir, les visiteurs ont pu s’en rendre compte. Car l’année anniversaire, 2021, de cet hôpital généraliste et de proximité a coïncidé avec la mise en œuvre d’un vaste plan infrastructures de 65 millions€, financé quasi intégralement par l'Aviq, qui s’étalera jusqu’en 2025-2026. "C’est le plus important depuis la création de l’hôpital", avance Jérôme Massart, le directeur du site. Un plan en cohérence avec le renforcement de la tendance ambulatoire (l’"hôpital de jour") du CHRSM ainsi que le développement de ses quatre pôles d’excellence: gériatrie, santé mentale, revalidation et soins palliatifs.
Les deux premiers chantiers lancés en 2021 sont terminés. Un parking de 148 places a été créé, à quelques encablures du site hospitalier. "Il anticipe la perte de places du parking actuel avec la construction d’une nouvelle aile qui commencera au premier semestre de 2023", explique le directeur (lire plus loin). L’autre réalisation achevée du programme, terminée en novembre 2021, c’est le nouveau bloc opératoire et de stérilisation. "Il est construit sur pilotis pour être sur le même niveau que les ailes existantes. Quatre salles d’opération remplacent les anciennes. On peut dire qu’elles sont parmi les plus modernes du pays. Il y a aussi, dans le même bloc, des salles techniques pour les endoscopies et les petites interventions", précise le Dr Alexandre Hébert, directeur médical.
Nouvelles ailes
Le programme des travaux prévus dès cette fin d’année s’annonce chargé. Dès la fin novembre, le gros œuvre d’une nouvelle aile commencera. "Elle hébergera les lits de soins palliatifs qui sont actuellement localisés dans une partie du home Dejaifve, à Fosses. Elle sera distincte de l’hôpital, tout en en étant proche. Les soins seront orientés sur le confort et le bien-être", explique le directeur. Un peu plus tard, début 2023, démarrera le gros œuvre du labo, qui sera réaménagé et agrandi, et de la polyclinique, rénovée et aussi agrandie. L’extension prolongera l’aile existante dédiée à ces services.
Dans le courant du premier semestre 2023 commencera donc la construction de la nouvelle aile, en partie sur le parking actuel et qui imposera la démolition de la salle de conférences. "Le rez accueillera un hôpital de jour, qui sera en réalité un second. Les niveaux 1 et 2 seront dédiés à la revalidation." Vraisemblablement pour la fin 2023, le service pédiatrie sera rénové "pour coller à l’évolution des soins dans ce domaine".
Une crèche de 42 places en plus
Le planning n’est pas encore arrêté pour les autres dossiers. On procédera à la rénovation de la pharmacie qui sera équipée d’une "salle blanche" afin de s’adapter parfaitement aux normes. Le bloc principal de l’hôpital (aile C) sera rénové. On ajoutera encore, dans le cadre du "plan cigogne" cependant, la création d’une crèche de 42 places à proximité du nouveau parking. "La priorité sera accordée au personnel, mais pas la totalité des places qui pourront aussi bénéficier à la population. L’accueil se fera entre 6 et 21 h."
Enfin, et ce n’est pas la moindre des choses en ces temps de renchérissement des coûts de l’énergie, la création d’un réseau de chaleur (lire l’encadré) fait aussi partie des projets de l’hôpital jubilaire tourné vers les 50 prochaines années.
Énergie : le réseau de chaleur, la solution

Le CHRSM n’a pas attendu la grave crise énergétique actuelle pour agir sur ce terrain. "On s’est équipé de 420 panneaux photovoltaïques qui ont permis, en plus d’autres mesures, de ne plus devoir acheter que 4 500 MWh en 2021 alors qu’on était à près de 6 500 MWh en 2010", se réjouit Jérôme Massart. L’hôpital a pris d’autres mesures, comme le remplacement des châssis, de la chaudière, toujours au gaz mais plus performante, le remplacement de vannes et la rénovation du circuit d’eau de distribution avec, pour résultat, la réduction de la consommation de 32 000 m3 à 23 000 m3 en une décennie.
Mais les deux responsables tiennent néanmoins le même discours que leurs confrères des hôpitaux du pays: "La crise va avoir un impact majeur sur nos finances. À consommations égales, la facture sera plus élevée de plusieurs millions. Une aide pour tous les hôpitaux du pays de 80 millions€ est annoncée par le fédéral, mais on sait que ce ne sera pas assez." Le Dr Hébert rassure cependant: "On ne touchera pas au confort du patient. Et cette situation ne remettra pas en question les investissements prévus."
Plus positif, les nouveaux investissements, qui répondent aux principes de l’écoconstruction seront encore plus économes en énergie, assure Jérôme Massart. Les deux directeurs veulent aller plus loin en sensibilisant davantage le personnel, en recourant encore plus à la domotique. "Mais la solution, ce sera le réseau de chaleur, en partenariat avec Inovyn (ex-Solvay) qui fournira la chaleur, et la commune de Sambreville. Mais le projet n’est pas encore très avancé."
Les bienfaits insoupçonnés du snoezelen

Plus de 160 personnes s’étaient inscrites aux visites proposées, samedi, pour le jubilé, permettant de découvrir aussi bien le SMUR, la médecine nucléaire que la cuisine, la salle d’accouchement et… le snoezelen ! Une pratique intégrée au service gériatrie, peu connue, qui n’a pas manqué de susciter la curiosité.
Cette discipline de relaxation vient des Pays-Bas. Destinée initialement aux enfants présentant des troubles autistiques ou psychologiques, elle a été transposée à la gériatrie, pour des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, agressives, confuses. Le service de gériatrie du CHRSM l’a intégré dans les soins qu’il prodigue. Sans jamais obliger le patient, seulement en lui suggérant.
" C’est d’abord un espace dédié à la relaxation, un lieu paisible, explique Catherine Beaujean, qui, avec sa collègue Éliane Février, s’est très investie dans cette démarche d’accompagnement. Une chambre a ainsi été aménagée avec divers éléments de décoration, notamment des bibelots et objets qui sont des réminiscences du passé du patient, mais suscitant aussi la relaxation, l’optimisme, dans une atmosphère plutôt feutrée, confortable.
"On utilise les cinq sens, poursuit l’infirmière: l’ouïe, avec une musique douce ou choisie par le patient ; la vue, avec des lumières captivantes qu’on a envie de toucher ; l’odorat, avec la diffusion d’huiles essentielles appréciées ; le goût, avec une tasse de café, de thé, et une douceur ; le toucher, avec un massage des mains." Une personne à fois occupe l’espace, "l’objectif étant d’avoir un moment pour soi, un moment privilégié où on s’occupe du patient en dehors des soins médicaux". Au point que certains finissent par s’endormir. Le snoezelen recourt aussi à l’eau. Le principe du lieu apaisant, avec son décor, est identique, mais le patient bénéficie de l’effet relaxant d’un bon bain.
Le résultat est probant. "Le patient s’apaise, sa tension diminue. Les soins donnés sont mieux acceptés car il se sent mieux dans sa peau. On utilise parfois aussi moins de médicaments", observe Catherine Beaujean.
"C’est très bien, réagissait un visiteur. J’ai 80 ans, et je suis adepte du wellness, qui est assez proche. C’est très efficace, très relaxant. Je recommande." Les messages laissés au mur de l’espace snoezelen traduisent un même enthousiasme de la part des patients: "J’ai nagé dans des fleurs", "Je me sens accueillie", "J’adore qu’on prenne soin de moi comme ça", peut-on lire. De quoi conforter les deux infirmières, pour qui l’humanité, le respect du patient et son bien-être sont des leitmotive.