Avec les Tuniques Bleues et Kris, Lambil tient enfin sa ballade irlandaise : «que les dirigeants peuvent être sauvages » (vidéo)

La plus longue guerre de la BD franco-belge, celle des Tuniques Bleues, continue, cherchant humanité et fraternité dans un monde de brutes. Sur une balade irlandaise, Lambil est en forme.

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"L e directeur de Dupuis m’a dit qu’il l’avait trouvé formidable, cet album. Je ne sais pas, je ne l’ai pas lu. " Taquin, Willy Lambil, 86 ans, a toujours le nez sur la planche, sans prendre du recul. À l’instar des précédents, il n’a pas feuilleté le tout chaud nouvel album, le 66, Irish Melody. Le général de Falisolle est retourné au charbon et aux encres.

Avec les Tuniques Bleues et Kris, Lambil tient enfin sa ballade irlandaise : «que les dirigeants peuvent être sauvages » (vidéo)
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Sur son bureau, on aperçoit, outre un dessin un peu anachronique (le caporal Blutch distribue des gourdes en plastique écologiques, une commande de Sambrevile en vue d’une future opération dans les écoles), un sextant, le story-board du Français Michalak et la 33 planche du prochain album en gestation. Déjà. "Il sera question d’Indiens, peu vus jusqu’ici. J’ai peu de documentation. Mais… je suis en train de parler du suivant, c’est con."

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Avec les Tuniques Bleues et Kris, Lambil tient enfin sa ballade irlandaise : «que les dirigeants peuvent être sauvages » (vidéo)
©Lambil
Avec les Tuniques Bleues et Kris, Lambil tient enfin sa ballade irlandaise : «que les dirigeants peuvent être sauvages » (vidéo)
©Kris/Lambil

Donc, Irish Melody, scénarisé par le Breton Kris, qui a pris la relève de Raoul Cauvin avant son décès, entraîne enfin le dessinateur dans l’univers gaélique. "J’avais demandé à Cauvin d’y emmener nos personnages. Il ne l’a jamais fait et, à vrai dire, il avait peu de raisons de le faire. La guerre de Sécession ne s’est pas beaucoup aventurée au-delà des territoires américains. La seule fois où nous avons sorti nos Tuniques Bleues du continent, c’était en Hollande pour Duel sur la Manche . Au fond de laquelle, véridique, un bateau sudiste a coulé ! Il y avait bien eu La Rose de Bantry , dont l’action se passait intégralement à bord d’un bateau irlandais. " Pas assez pour rassasier Willy, pas loin de devenir fou à dessiner ce navire sous toutes les coutures.

Avec les Tuniques Bleues et Kris, Lambil tient enfin sa ballade irlandaise : «que les dirigeants peuvent être sauvages » (vidéo)
©Kris/Lambil chez Dupuis

"Pourtant l’Irlande, ce n’est pas mon meilleur souvenir de voyage en famille, continue ce fan des pays anglophones (Australie, Nouvelle Zélande, États-Unis…). Mauvais timing, c’était le conflit. À Londonderry, on ne voyait plus les maisons, toutes les fenêtres et les portes étaient protégées. Avec ma voiture, je me suis arrêté près d’un groupe de soldat anglais. Sur le qui-vive, ils ont braqué leurs fusils sur nous. Mais je n’allais pas leur lancer une grenade… je voulais juste demander mon chemin." Drôle d’ambiance de déchirement.

Faugh A Ballagh

Cette fois, c’est tout le folklore celtique (ses chapeaux verts, son steeple-chase, ses bons mots), ses croyances, son honneur qui débarquent en Virginie. Faugh A Ballagh, c’est le cri de guerre. Ouvrir la voie. Blutch, le tondu, et Chesterfield, le roussiat (serait-il irlandais ?), suivent chacun la leur. Et si les combattants irlandais se battent si loin de la terre originelle, ils espèrent bien y retourner et défendre leur patrie avec ce que leur aura enseigné le champ de bataille amerloque… chez les sudistes comme les nordistes (nos tuniques bleues, donc).

Avec les Tuniques Bleues et Kris, Lambil tient enfin sa ballade irlandaise : «que les dirigeants peuvent être sauvages » (vidéo)
©-Kris/Lambil/Leonardo chez Dupuis

Quitte à ce que des frères se retrouvent à se faire face. Absurdité des conflits, guère enrayée, si on regarde vers la Russie ou ailleurs. "Les dirigeants sont des sauvages ! On m’a rapporté que des éditeurs avaient refusé de collaborer avec moi parce que je dessinais la guerre. Ils n’ont pas dû lire les albums, certes sur la guerre… mais contre elle. "

Dans ce nouvel album riche humainement et graphiquement (la neige, la nuit, la fête et les chansons dans les bars, les stratégies militaires qui donnent lieu à d’énormes reconstitutions), Lambil a dû se confronter à la mort et au sang. Comme quand, dans cette église, un homme tombe sous les balles. Guitare, tel un drapeau blanc, à la main. "La mort, j’essaie toujours de la cacher. Mais, parfois, je n’ai pas le choix, je dois la représenter pour les besoins de l’histoire. Graphiquement, je n’aime pas dessiner des personnages couchés, ça demande toujours de la gymnastique au niveau des perspectives. Je déteste les infirmeries, les bandages."

Avec les Tuniques Bleues et Kris, Lambil tient enfin sa ballade irlandaise : «que les dirigeants peuvent être sauvages » (vidéo)
©Kris/Lambil

Les Tuniques Bleues, t.66, « Irish Melody », Dupuis, 48p., 11,90€

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