Mégachantier à la gare de Luttre

170 trains passent tous les jours à Luttre. Cette gare importante, au nord de Charleroi, va être totalement modernisée d’ici 2027.

Jean van Kasteel
D'importants travaux sont lancés, pour 45 millions d'euros, pour rénover totalement la gare de Luttre
D'importants travaux sont lancés, pour 45 millions d'euros, pour rénover totalement la gare de Luttre ©VAN KASTEEL

Infrabel, gestionnaire des infrastructures ferroviaires en Belgique, l’appelle le "mégachantier" : jusqu’en 2027, la gare de Luttre subira toute une série de travaux et va changer du tout au tout. Quais rénovés et revus pour les personnes à mobilité réduite, nouveau parking vélo, nouvelles voies pour les trains, nouveaux aiguillages, nouvelles signalisations, nouvelles caténaires… Un investissement chiffré à 45,8 millions€.

"On est vraiment au cœur du réseau wallon ici, avec trois lignes importantes: la 124 vers Nivelles/Bruxelles, la 124A vers Monceau et Charleroi et la 117 direction Manage", détaille le CEO d’Infrabel, Benoît Gilson, exceptionnellement sur place pour une visite de chantier en compagnie de Thomas Dermine, secrétaire d’État à la Relance, et des autorités locales. "La gare de Luttre est un cas particulier. Beaucoup de technologies datent de 1980 et il y a même des caténaires qui remontent à la première phase d’électrification du rail belge, en 1949." Une rénovation devenait nécessaire, à l’entendre, notamment pour la mise à niveau de sécurité ETCS qui doit équiper l’ensemble du réseau et qui permettrait d’éviter des accidents similaires à celui de Buizingen en 2010 qui avait fait 19 morts et 192 blessés.

Pour Thomas Dermine, c’est clair, l’avenir passe par les investissements dans le rail. Une partie des fonds nécessaires pour cette lourde rénovation conjointe SNCB/Infrabel vient de son portefeuille "Plan de relance". "Pour cette relance, on doit investir dans les infrastructures, cela fait des années qu’on a sous-investi, dit-il. C’est nécessaire pour la transition, pour l’alternative à la voiture, pour de meilleurs transports en commun, mais aussi pour l’économie : chaque euro investi dans le rail en rapporte trois, que ce soit pour le transport de marchandise qui est amené à s’intensifier ou parce que c’est un secteur qui fait travailler plein d’entreprises belges, notamment pour l’ETCS, conçu et développé à Charleroi, qui rayonne dans toute l’Europe. Et il ne faut pas oublier que les investissements dans le rail concernent aussi des petites lignes, comme celle vers Couvin, qu’il faut absolument préserver. C’est pourquoi on prévoit 600 millions€ pour rénover le réseau de train, dont une centaine de millions pour près de 40 gares." L’avenir de la gare de Luttre est aussi stratégique : avec Fleurus, c’est un des points d’accès à l’aéroport BSCA et à la future exploitation de l’ex-site Caterpillar où un parc d’attractions Legoland devrait voir le jour. Aujourd’hui, la gare accueille déjà quotidiennement 13 500 voyageurs (170 trains) ainsi que 20 trains de marchandise.

"Un chantier comme celui-ci va aussi changer des choses pour les voyageurs", précise-t-on du côté de la SNCB : les nouveaux aiguillages vont permettre de fluidifier les entrées et sorties en gare, notamment en permettant de rouler à 60 km/h contre 20 actuellement, faisant gagner de précieuses minutes pour les trains. La nouvelle signalisation devrait également être exempte des soucis liés à l’âge de l’existante, alors qu’en moyenne 20 % des retards sont dus à des problèmes de signalisation.

D’ici 2027, les chantiers vont s’enchaîner à Luttre. "Les temps sont et seront durs pour les Pont-à-Cellois, confirme Pascal Tavier, leur bourgmestre, mais on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. Et si ici on casse les œufs, c’est pour faire une vraiment belle omelette !"

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