La biométhanisation : les élus posent la première pierre d’une belle usine à gaz
La 1ère unité de biométhanisation développée de A à Z par Walvert est sur sa ligne de départ, à Biesmerée. Vendredi matin, élus et Walvériens ont posé sa première pierre, tout heureux d’aller dans le sens de l’histoire.
Publié le 27-01-2023 à 21h31 - Mis à jour le 28-01-2023 à 07h00
D’abord, dans ce creux de morne campagne, on ne voit que lui: l’hiver en janvier. Son ciel bas et son courant d’air glacial. Ensuite, on découvre un aréopage de petits hommes "jaunes" se promenant sur un chantier ayant récemment pris possession du sol. Enfin, plus près, on aperçoit l’immense dalle, étanche et déjà coulée, qui accueillera les trois énormes cuves. On vise les gros engins de génie civil et les tombereaux de terre grasse fraîchement retournée.
Ce vendredi matin, ces trois éléments cadrent la cérémonie de pose de la première pierre d’une unité de biométhanisation. Un événement. Un process industriel en plein essor au service de la transition énergétique et de l’urgence à décarboner la société.
Cette unité en construction est la première développée de A à Z par la PME Walvert, basée à Thuin et fondée en 2009 par Laurent Hellemans. Avant, Walvert, leader wallon, a apporté son expertise à l’élaboration d’une dizaine d’autres unités.
Sous les casques jaunes, les invités à la cérémonie, dont les élus et le bourgmestre. Sous les verts, la très engagée petite famille des Walvériens.
La cérémonie hivernale annonce des années de chaleur et d’énergie propre, sans émission de C02.
Bien que glacées par le courant piquant, les oreilles écoutent attentivement les explications du directeur opérationnel du projet, Benoît Vittor, insatiable sur le sujet.
Une unité de biométhanisation produit de l’énergie renouvelable. Elle tourne avec tous les effluents issus de l’agriculture et de l’élevage et disponibles localement, dont le fumier et le lisier. Raison pour laquelle cette discrète usine à gaz a toute sa raison d’éclore dans une commune rurale telle que Mettet. Mardi dernier, les agriculteurs ont d’ailleurs été invités à découvrir ce type de chantier atypique appelé à se multiplier.
Une nouvelle vie pour Mettet
L’unité Walvert de Mettet aura une capacité de digestion de 15 000 T d’effluents agricoles. Les rejets cumulés d’une vingtaine d’exploitations agricoles situées dans un rayon de 10 km suffiront pour la porter au maximum de ses capacités de production d’énergie, soit l’équivalent de la consommation électrique moyenne de 3500 ménages. Un chiffre est révélateur: une simple vache, c’est 4 T de fumier par année à évacuer et recycler.
Comment ça marche ? De la digestion des matières premières agricoles sortira du gaz, du biogaz (du méthane), qui sera d’une part transformé en électricité et de l’autre en chaleur, dont un circuit dédié alimentera les entreprises du parc économique.
Au-delà des effluents agricoles, les déchets verts déposés au parc à conteneurs par les citoyens alimenteront aussi le digesteur Walvert.
Pour Manuelle Scherer, directrice de la communication, biométhaniser, c’est faire tourner en boucle l’économie. Un modèle économique qualifié de circulaire, une des clefs pour guérir le monde de ses excès et gaspillages.
Le processus de la biométhanisation vient des agriculteurs et retourne aux agriculteurs sous forme de digestat, un fertilisant agricole naturel, ne sentant plus mauvais, à épandre sur les sols pour les amender. "Et entre les deux, ça produit de l’énergie. N’est-ce pas magique ?", s’enthousiasme la directrice.
Dans son discours, le directeur général de Walvert, Jonathan Blondeel, remercie les autorités communales pour leur persévérance "à créer des emplois locaux non délocalisables et à améliorer l’environnement". Un vif merci ensuite aux agriculteurs, fournisseurs de la matière première et de facto partenaires à long terme du projet. La pluie de "merci" tombe aussi sur les actionnaires qui y ont cru et les entreprises locales "pour avoir souhaité être approvisionnées en électricité et chaleur verte, ce qui leur permettra d’économiser 300.000 litres/an de mazout et de rendre Mettet encore plus vert."
Prenant à son tour la parole, le bourgmestre Yves Delforge évoque en ce lieu désert battu par les vents une ligne de départ. "Notre commune commence aujourd’hui une nouvelle vie. Merci à Walvert d’avoir choisi Mettet pour implanter son unité car nous attendons beaucoup de celle-ci et de ses nouvelles ressources en énergie propre."
Le bourgmestre, aux anges, rappelle l’acte d’achat de ce terrain communal de 2 ha, évalué à 76 000€ et acheté 210 000€. Walvert le voulait. Puis, en septembre, la réception du permis d’urbanisme récompensant un parcours sans fautes, sans une seule critique ou observation citoyenne.
"La biométhanisation de Walvert est aussi un peu la nôtre, conclut le bourgmestre. Nous sommes impatients d’inaugurer cette unité."
Le coût total de l’investissement s’élève à 6 millions, achat du terrain compris.
Le chantier devrait durer une année. À Moins d’attendre le printemps, quand l’heure sera arrivée de mettre les gaz, il fera toujours aussi froid dans la campagne mais les invités, eux, seront cette fois au chaud.