Mettet : des réfugiés ukrainiens logés dans la ferme du monastère d’Ermeton
Le propriétaire de l’ancien monastère d’Ermeton-sur-Biert a signé avec la Région un contrat de mise à disposition de La Ferme, l’ex-hôtellerie de ce lieu de retraite, afin d’y accueillir des réfugiés ukrainiens.
Publié le 22-12-2022 à 18h02 - Mis à jour le 22-12-2022 à 18h03
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La guerre. Les sirènes lacérant la nuit, alertant de l’imminence d’une puissance de feu tombée du ciel et tuant à l’aveugle. Les missiles éventrant des immeubles. La fin de l’État de droit libérant les bas instincts des fauves humains pour les vautrer dans le crime et les pires exactions. Ça, c’est l’inimaginable en cours en Ukraine depuis 10 mois.
À l’extrême opposé, il y a le site du monastère Notre-Dame d’Ermeton. Son parc, sa chapelle, son atmosphère pétrie d’une douce ruralité où le "Dieu" célébré et contemplé des décennies durant par la communauté des sœurs bénédictines semble être resté quelque part, suspendu dans le silence, pour l’éternité.
Un cadre majestueux dont va bientôt pouvoir profiter plus ou moins 50 réfugiés de nationalité ukrainienne, des femmes et des enfants.
Le propriétaire de ce site pittoresque, un Bruxellois à la tête d’une immobilière, Dominique de Ghellinck, a signé ce mardi avec le gouverneur de la Province Denis Mathen, agissant au nom du gouvernement, un contrat de mise à disposition temporaire de La Ferme, à ne pas confondre avec le monastère. L’un et l’autre sont indépendants l’un de l’autre. Les Bénédictines s’étaient lancées dans la restauration de cet ancien moulin de pierres, par la suite reconverti en bâtiment de ferme, en 2008. Objectif: métamorphoser ce vestige d’un autre temps en lieu de retraite pour âmes en recherche d’un soutien spirituel ou en souffrance de s’être perdues et en quête d’un nouveau souffle.
C’est une aubaine pour les autorités régionales, qui prospectent en permanence des hébergements d’urgence, d’avoir trouvé ce bâtiment répondant à toutes les normes de sécurité et immédiatement disponible moyennant quelques aménagements. "Ils ont sauté dessus", glisse en clin d’œil le propriétaire.
Le gouverneur s’y était rendu en personne pour le visiter. "On a signé pour un an, jusque fin 2023, avec clause de résiliation en fonction de l’évolution de la situation en Ukraine", souligne Denis Mathen. Evidemment, le plus court sera le mieux.
À pleine capacité
L’immeuble, un rez + 2 totalisant 1200 m2, dispose de 26 cellules tout confort mais d’inspiration monastique, sans luxe donc, et de deux grands espaces communs pour les séminaires. Il est chauffé par des poêles aux pellets. L’autorité régionale a confié la mission à un opérateur privé, Profirst, agence spécialisée dans l’événementiel, de préparer le bâtiment à cet accueil. Ce qui signifie que le gouvernement prendra à sa charge l’ameublement, d’éventuelles réparations et l’adaptation de la cuisine au nombre de personnes accueillies, Au-delà, Profirst accompagne le projet en tant que relais de terrain.
"C’est la première fois que La Ferme sera occupée à pleine capacité", note encore Dominique de Ghellinck, qui a acquis ce bien d’exception, monastère compris, dans le courant de 2019. Le bâtiment, acquis en pleine crise sanitaire, a peu servi. "Chaque fois que l’on avait signé un contrat d’occupation pour des séminaires ou des classes vertes, un certain Covid-19 passait derrière pour l’annuler." Pour ces femmes et ces enfants qui se seront résignés à fuir et à se réfugier en Europe, La Ferme aura quelques vertus consolatrices. "Je suis très heureux d’accueillir à Ermeton des gens déchirés par un exil forcé", conclut Dominique de Ghellinck. Obligés de se déraciner pour ne pas mourir en laissant derrière eux, sur la terre natale foudroyée par l’envahisseur russe, un père, un mari, un frère, mués en soldats défenseurs du territoire.
Les Ukrainiens, de religion orthodoxe, sont très croyants. Le propriétaire espère que La Ferme les réconciliera avec la sérénité.