Mettet: une Aude à l'artisanat musical
Aude Eloy répare les instruments de musique à vent dans le respect des matériaux et du savoir-faire.
- Publié le 17-11-2019 à 18h00
Organisée ce dimanche, la journée de l'artisan a mis à l'honneur ces hommes et ces femmes dont le talent et le savoir-faire nourrissent la passion. Aude Eloy en est la parfaite illustration. Au terme d'un parcours atypique, cette jeune femme a réussi à allier son amour pour la musique avec sa curiosité pour l'organologie et l'acoustique, en devenant réparatrice d'instruments à vent. Elle nous reçoit dans son atelier, baptisé Music'AE, qui a pignon sur rue à Mettet.
«Au départ, je suis flûtiste. J'ai étudié à l'IMEP (Institut supérieur de musique et de pédagogie) de Namur. Lorsque j'ai commencé à donner cours, j'ai été sollicitée par des élèves en quête d'un atelier de réparation d'instruments. J'ai réalisé qu'il leur fallait aller à Liège».
La jeune femme décide d'explorer professionnellement cette voie. Mais en Belgique, il n'existe aucune formation qualifiante en la matière. «J'avais le choix entre l'Angleterre, l'Allemagne ou la France». Francophonie oblige, direction Le Mans et l'Itemm (Institut technologique européen des métiers de la musique) d'où elle ressort, au terme de trois ans d'étude, avec un diplôme en poche.
Elle connaît la musique
Malgré des sollicitations d'installation à Bruxelles et au Luxembourg, c'est dans son Mettet natal qu'Aude décide de s'implanter. «C'est à mi-chemin entre trois grosses villes de musiciens que sont Namur, Charleroi et Dinant. C'est également une ville et une région d'harmonies avec les marches de l'Entre-Sambre-et-Meuse».
Installée derrière ses deux établis, elle redonne des couleurs aux flûtes, clarinettes, hautbois, trompettes et autres saxophones. Le plus souvent, il s'agit d'effectuer l'entretien annuel de maintenance, changer les pièces d'usures habituelles tels que les tampons, mais aussi lubrifier si besoin la mécanique. Parfois, faute d'entretien régulier, le travail consiste à remettre l'instrument dans un état neuf. «Il faut alors le démonter complètement, le débosseler parfois, changer les consommables...». Le tout, dans le respect des spécificités de fabrication.
Et c'est là qu'interviennent les connaissances glanées lors d'une formation qui n'est toutefois pas obligatoire en Belgique puisqu'il n'existe pas d'accès à la profession. «Ce n'est pas le tout d'observer la mécanique, il convient également d'avoir des notions d'acoustique, de savoir travailler le bois, le métal. Ou tout simplement de comprendre le bruit de l'outil sur la matière».
Des détails qui trahissent la quête d’Aude vers l'excellence. Assurément, en matière d'instrument, elle connaît la musique.