Mettet: rendre leur dignité aux habitants du parc résidentiel du Lac
À terme, le parc résidentiel, lieu de précarité, deviendra hameau de Mettet, avec de vraies rues. Mais on en est encore loin.
Publié le 23-08-2017 à 06h55
Le bucolique camping du Lac des années 60 et 70 est depuis longtemps révolu, depuis que les campeurs sont devenus résidents permanents de leur caravane ou de leur chalet, par la précarité de leurs ressources. Avec le temps, la dénomination a évolué: on a parlé de parc résidentiel du Lac.
Aujourd’hui, le collège communal, à la mesure de ses efforts pour rendre dignité à ces citoyens cantonnés en habitations légères, veut transformer les anciens camping et parc résidentiel du Lac en hameau du Lac.
La nouvelle échevine du plan Habitat Permanent, Isabelle Doneux (ROPS), s'est saisie de ce dossier par idéal. «Entendre parler du parc résidentiel, fût-ce par habitude, est discriminatoire. Il faut sortir de l'image du ghetto abandonné à son triste sort».
Sera-ce pour autant un village à part entière? «Non, car c'est beaucoup plus petit qu'un village (6 ha, zones de loisirs comprises dont 3,30 ha de parcelles habitables). Il sera plus judicieux de le transformer en hameau de Maison (Saint-Gérard), comme l'est le hameau du Gonoy.»
La proposition est à l’étude au service de l’Urbanisme de Mettet.
Piqûre de rappel: la Commune a racheté l’assise des voiries (2,3 km) le 21 mai 2012. Une étape décisive qui appelle une toponymie plus conforme à leur nouveau statut public, moins révélatrice de loisirs.
L’Habitat vert, la zone du milieu
Actuellement, le «parc» est constitué d'allées à noms de fleurs et d'oiseaux. Ça sonne bien mais faux. «Elles ne sont pas officielles et ne sont reprises nulle part. Pour la poste, seul compte le numéro de la parcelle» souligne une riveraine qui y vit en famille depuis 26 ans.
Le GPS ignore également la zone, comme si elle n’existait pas.
«Partout, on vous demande la rue où vous habitez. Personne ne visualise le parc résidentiel à Mettet dit une autre. Alors, je dis que j'habite de l'autre côté du lac de Bambois.»
Combien de nouvelles rues à baptiser? C’est à l’étude.
Au moins deux rues structurantes: la première, circulaire, dans le bas du futur hameau et une seconde sur le dessus, le long du bois.
Cette refondation administrative sera autorisée par le conseil communal, après consultation de la Commission royale de toponymie.
Il ne s’agira pas d’une simple et coquette cosmétique.
Pour Dylan, demandeur d'emploi de 21 ans, le simple signalement d'une domiciliation (toujours provisoire) au parc résidentiel ferme des portes: «Aussitôt, vous êtes fichés, catalogués, parce que le parc a mauvaise réputation.» Ce n'est pas Chicago, rien de terrorisant, mais la communauté y a quand même souffert d'une vague d'incendies volontaires et de douteux petits trafics.
La mobilité n’est pas non plus géniale: aucun bus ne passe par là.
Les enfants scolarisés vivant au parc résidentiel souffrent également de cette mauvaise étiquette d’être pauvres et sans le sou.
L’optimisme de principe de l’échevine est cependant refroidi par la lenteur du monde politique à faire bouger les lignes.
Trois parlementaires rapporteurs recommandent au ministre la création d’une zone intermédiaire d’Habitat vert, qui se superposerait à la zone de loisirs.
Jusqu’ici, résider à titre permanent en zone de loisirs, ou y être domicilié à titre principal, constituait une infraction.
Le nouveau vocable Habitat vert modifiera le cadre: on pourra y être domicilié en toute légalité.
Mais le temps politique régional n’est pas celui de Mettet. L’Habitat vert n’en est encore qu’au stade de l’intention et de la réflexion. En attendant, on fait quoi à Mettet?
«Notre réalité est différente qu'ailleurs note Isabelle Doneux, (12 000 personnes vivent en zone de loisirs en province de Namur). On est très avancé. On voudrait que les recommandations se concrétisent. On ne peut pas avoir mené ce combat-là (l'achat des voiries et leur équipement en réseau public d'eau et d'électricité) juste pour ça: une frileuse recommandation. Il faut trouver un plan B.»
Bientôt la fibre optique
Pourquoi venir avec cette idée de hameau en cette fin d'août 2017? Parce que l'assemblée générale, réunissant habitants, mandataires politiques et entreprises, vient d'avoir lieu. Le collège veut aller vite pour y ramener propreté et quiétude. Le dossier est souffrant depuis trop longtemps. Qu'importe si la zone s'appelle Habitat permanent ou Habitat vert. L'essentiel est d'aboutir. Ce qui a été réalisé jusqu'à présent est cependant remarquable. Le «parc» est en voie d'équipement d'un véritable réseau d'eau et d'électricité. Fini le bricolage. Ils auront aussi bientôt accès à la fibre optique de l'opérateur Proximus et à la télé HD. Fini, la télé par satellite. Pour le reste, ils prennent patience. Le chantier des impétrants achevé, les voiries seront macadamisées, ce qui changera tout. Exit, la poussière, la boue et les ornières.
En route vers le hameau
Quels noms donner aux nouvelles rues? Les idées germent déjà. Une page Facebook, titrée «En route vers le Hameau» a été créée pour recueillir commentaires, idées et coups de gueule. Première idée de l'échevine: dédier une future rue à la mémoire de Camille Gérard, l'abbé de Maison décédé en juin dernier, et qui a fait énormément pour le parc résidentiel. «Il a consacré vingt ans de sa vie à faire en sorte que les résidents ne soient pas oubliés et a sensibilisé les mandataires à leur cause.»
Sous le seuil de pauvreté
Hameau ou pas, l'existence n'est pas toute rose pour les résidents: 30% y vivent sous le seuil de pauvreté et 30 autres% y sont en situation de précarité. Un chiffre éclaire une autre réalité: 60 % sont sous contrat de travail ou ont travaillé. 80 % y sont propriétaires de leur habitat. La promiscuité demeure un souci. Vivre aussi près des uns des autres exige le respect strict des règles du vivre ensemble et il n'y a guère de monde pour les faire respecter.