Les commerçants de la rue Haute à Spy excédés par les PV: "Ça tourne au harcèlement"
Jean-Marc et Dominique, commerçants de la rue Haute à Spy, estiment être “harcelés” par les policiers. Ces derniers seraient à l’affût du moindre automobiliste garé sur le trottoir. Et l’amende est salée.
- Publié le 08-04-2023 à 06h00
- Mis à jour le 08-04-2023 à 07h12
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”Je comprends tout à fait que les policiers fassent leur métier. Mais là, franchement, ça tourne au harcèlement.” Jean-Marc Hody est responsable de l’épicerie de la rue Haute à Spy. Depuis plusieurs années, il dénonce le manque de places de parking dans la rue, tant pour les riverains que les commerçants. “Ces derniers temps, les policiers passent trois à quatre fois dans la journée pour vérifier s’il n’y a pas un automobiliste garé sur le trottoir. Et si c’est le cas, c’est une prune d’office. Une amende de 116 €.” Ce qui passe très mal auprès des clients. “C’est cher payé pour une bouteille de lait et une gazette… Le problème, c’est que les clients ont tendance à se garer au plus près pour vite faire leurs courses et vite rentrer chez eux. Nous, commerçants, nous tentons de leur rappeler à chaque fois qu’ils doivent correctement se garer dans la rue. Mais ça ne suffit pas. Et la conséquence de tout ça, c’est que certains clients ne veulent plus venir chez nous car ils craignent de prendre une amende.”
C’est le même constat pour Dominique, gérante de la librairie. “La problématique existe depuis plusieurs années et rien ne bouge. Il y a aussi deux médecins, deux pharmacies et bientôt un kiné. Aux heures de pointe, il faut avoir de la chance pour trouver une place. C’est agaçant surtout quand on sait qu’on risque d’avoir une amende…”
Manque de clarté
Beaucoup se garent sur les trottoirs. Ce qui est interdit. “Car ils n’ont pas le choix. Les policiers savent que le parking est problématique dans notre rue. Nous avons l’impression qu’ils profitent de cette situation pour verbaliser. Nous les avons déjà vus passer deux fois en à peine quinze minutes. Nous sommes bien conscients que certains automobilistes ne respectent pas le code de la route et sont indéfendables. Mais, pour nous, il y a des limites dans la mesure où la problématique ne date pas d’hier, que nous avons l’impression qu’il y a des PV à la moindre infraction. Nous commençons à en avoir ras le bol. En veulent-ils aux commerces locaux ?”
Jean-Marc a rencontré à deux reprises la bourgmestre à ce sujet. “Ça fait deux trois ans que je me bats, au nom de tous les commerces de la rue, pour que ça bouge. J’ai entendu qu’il y avait une piste de solution mais depuis lors, rien n’a bougé. Ne serait-il pas intéressant de faire passer la route à sens unique ?” C’est ce qui est sur la table des discussions de la cellule CARS (voir ci-contre). Une idée qui permettrait également de clarifier la situation. “Il y a actuellement des marquages au sol pour délimiter des places de parking. Mais cela ne signifie pas qu’on ne peut pas se garer ailleurs le long du trottoir dans la mesure où aucun panneau ne signale une interdiction de stationner… Sauf que les policiers ne l’acceptent pas et nous demandent, selon leur terme, de dégager alors que nous sommes dans nos droits.” Il est temps que ça change.
"L’occasion pour certains de revoir leur code de la route"
La police de la zone de Jemeppe-sur-Sambre a mené une campagne de sensibilisation contre les mauvais stationnements en mai 2022. “Elle concernait tout le territoire avec une attention particulière pour la rue Haute, commente Frédéric Henry, chef de corps faisant fonction. . Nous avons déposé des affiches sur tous les véhicules qui ne respectaient pas les règles de stationnement. Désormais, le policier est libre de choisir s’il sanctionne le conducteur ou s’il le rappelle à l’ordre.” Et il n’y a pas, selon Frédéric Henry, de chasse aux conducteurs mal garés. “En 2022, nous avons dressé 18 PV en trois mois. Ce n’est pas un chiffre exorbitant. C’est le même constat dans d’autres rues commerçantes de la commune.”
Pas question non plus de harcèlement pour le chef de corps. Il précise : “Quand on ne voit pas les policiers, on les critique. Quand on les voit de trop, on les critique. Et quand on les critique car on les voit de trop, c’est parce qu’on a quelque chose à se reprocher. Je pense que c’est aussi l’occasion pour certains automobilistes de la rue Haute de revoir leur code de la route. Je n’ai aucun problème à ce qu’une équipe passe quatre fois sur la journée. Les policiers doivent assurer une présence dissuasive. Je préfère les voir de trop sur le terrain que pas assez.”