Spy : pour la 1re fois, une expo-vente de Marmouset, le petit rouquin de nos premiers bouquins (photos)
Dès ce vendredi et jusqu’au 2 avril, la Galerie Aarnor plonge en enfance et expose les œuvres de Dina Kathelyn, la créatrice d’une petite tête non pas blonde mais rousse, bien connue.
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Publié le 08-03-2023 à 16h00
On l’appelle Petertje en néerlandais, Yumurcak en turc, Stefan en allemand ou encore Yosi en indonésien mais le lectorat jeunesse francophone le connaît mieux sous le nom de Marmouset.

Publié pour la première fois au milieu des années 70, le petit bonhomme à la tignasse rousse éclatante et à la salopette rouge est passé de génération en génération. Et peut-être, les plus jeunes d’entre nous en ont-ils trouvé l’un ou l’autre exemplaire dans la bibliothèque ou au grenier de leurs grands-parents.

Des millions
Il faut dire que celui qui est quelque part le petit frère de Martine (née, 20 ans plus tôt, chez le même éditeur, Casterman), a eu un succès colossal: 2,5 millions d’exemplaires se sont écoulés – en première main, car ces petits livres illustrés ont trouvé 2 voire 3 en brocante – en français et l’œuvre a, en tout ou en partie, été traduite dans 17 langues.
"En hébreu, suédois, en portugais, etc., recense la Forestoise Dina Kathelyn, toujours aussi active malgré qu’elle ait depuis un moment dépassé l’âge de la retraite. En fait, on ne m’a jamais donné les chiffres internationaux, il paraît que Marmouset a eu beaucoup de succès en Turquie. Mais je n’ai pas beaucoup voyagé pour la cause, c’est lui qui l’a fait. Comme je le dis toujours: il est bien plus connu que moi !"

Pour celle qui a multiplié les cordes à son art, l’aventure a commencé de manière rêvée. "Je viens du dessin publicitaire. J’ai fait de tout: du savon, de la charcuterie, des vêtements. J’ai autant dessiné des bambins que des locomotives ! Et j’ai réalisé quelques livres à destination des enfants pour la Croix-Rouge. C’est à ce moment-là que Casterman m’a contactée pour imaginer des livres pour enfants. Génial ! D’habitude, les choses se passent plutôt en sens inverse, l’auteur a un projet et cherche (longuement) un éditeur. Alors j’ai imaginé Marmouset en m’inspirant de ce que j’avais sous les yeux: l’un de mes fils, Éric surnommé… Marmouset, 2-3 ans à l’époque, avec ses cheveux roux abondants et sa salopette rouge. "
Au fil des tomes de la série au petit format carré, Marmouset a été de proche en proche, découvrant son corps (le pied, l’oreille, la bouche, etc.), les grandes actions qu’il pouvait entreprendre (planter une graine, soigner une hirondelle, chiper une pomme) ou même de livres-jeux.

"J’ai réalisé 32 titres, durant trente ans. À l’origine, ces albums étaient prévus pour les 3/6 ans, ils ont beaucoup été premier livre de lecture dans les écoles primaires en France. Mais il s’est vite avéré qu’il y avait un intérêt des tout-petiots, dès 18 mois, à regarder les images et écouter l’histoire lue par les parents… ou grands-parents !" Récemment, deux de ces albums ont encore été réédités. Avec le charme du dessin vintage, suranné, il est inusable et intemporel, ce Marmouset.

La richesse est immatérielle
Ce qui n’a pas rendu son autrice riche à millions pour la cause. "Ah non, c’est l’éditeur qui devient riche. Au départ, en tant qu’auteur, on est si content qu’on accepte n’importe quelles conditions, 2,5% de droits d’auteur, et elles n’ont pas changé avec le succès. J’ai aussi réalisé Le grand almanach des 7/14 en 1979, compilant mois après mois, toute une série d’informations sur les animaux, la flore, les fêtes, les bricolages… Il s’est vendu à 40 000 exemplaires et aurait eu le prix Plantin-Moretus. L’éditeur ne m’en a pas informé. Soi-disant que c’était un prix d’édition. Mais ce livre je l’avais en grande partie édité. C’est peut-être le premier où le texte habillait l’image, et pas l’inverse. Mes illustrations étaient centrales. Je recevais les textes des collaborateurs et je découpais tout, ligne à ligne, pour qu’ils contournent l’image. "


Ne pas avoir été reconnue à sa juste valeur est frustrant mais il y a prescription et, pour Dina, la richesse est aussi immatérielle. " La richesse, ce sont tous les retours, les rencontres auxquels Marmouset a donné lieu. Encore aujourd’hui, beaucoup me disent avoir commencé à lire avec lui."

Du 10/03 au 02/04, les ve de 15h à 18h30, les sa de 11h à 18h et les di de 11h à 13h ou sur rendez-vous. info@galerie-aarnor.be