Section de recherches : le Moustiérois Emmanuel Herzet infiltre la gendarmerie française, sur terre et dans les airs
Avec la série "Section de recherches", le scénariste moustiérois Emmanuel Herzet porte l’uniforme bleu-blanc-rouge dans les airs et sur terre. Entre fiction et immersion.
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Publié le 27-02-2023 à 19h25 - Mis à jour le 27-02-2023 à 19h30
Alors qu’il nous reçoit, Emmanuel Herzet sort de sa réunion de travail hebdomadaire en visioconférence avec Vincent Brugeas. Un duo efficace qui s’est déjà penché sur l’épopée politique et terroriste du mouvement La Cagoule en France et a tenté de trouver la clé (plutôt ambitieuse) de l’énigme Robin des Bois, dans la trilogie Nottingham. "Cette fois, toujours pour les éditions Le Lombard, nous allons raconter l’histoire d’un binôme de gladiateurs. "
En attendant, c’est seul au scénario que l’éclectique "Manu" Herzet fait un sacré bond dans le temps, jusqu’à notre modernité ultra-technologique. Le premier tome du diptyque Section de recherches (rien à voir avec la série de TF1) vient de sortir, s’intéressant à l’unité scientifique de la gendarmerie française, et plus spécifiquement celle de l’air.

Si ce premier opus s’intitule Le loup de Nancy mais il aurait aussi pu être nommé "Le mirage de Trouville". Deux intrigues se mêlent, d’ouest en est de la France. "Je voulais mener les environnements, que le crash d’un avion inexpliqué soit prétexte à reprendre une enquête sur un serial killer et qu’il y ait de la place pour les personnages, leur psychologie."
Histoire de parler au grand public, plus qu’aux férus d’aviation qui ont ouvert la voie du ciel au Moustiérois. C’est suite à Centaures, "deux albums très techniques dont la star était le Rafale", qu’Alexandre Paringaux, le créateur et directeur des Éditions Zéphyr (sous le pilotage des Éditions Dupuis) a proposé à Emmanuel cette nouvelle incursion entre fiction et réalité, à l’appel du pied de la gendarmerie nationale française.

Invité au QG
Le scénariste a donc pu jouer les infiltrés, quelques années après avoir mis les pieds sur le célèbre porte-avions Charles de Gaulle pour une autre série. "Deux journées marathon. Une première à la base de Nancy où j’ai pu assister au briefing des pilotes, aux décollages et atterrissages, monter dans un Mirage, assimiler le quotidien du personnel. Le lendemain, nous visitions le QG de la section de recherches. Elle fonctionne au quotidien de manière très structurée avec différentes techniques. Les drones téléguidés permettent de repérer et de retrouver toutes les pièces dispersées suite au crash d’un avion. C’est la priorité. On compte des experts en informatique mais également en décontamination pour, récupérer tous les produits explosifs et polluants libérés lors de l’impact."
Lors de ces visites, si quelques secrets ne lui ont pas été dévoilés, Emmanuel Herzet a rencontré des hauts gradés et nombre d’intervenants sur lesquels s’appuyer pour la relecture de son scénario et qui ont pu juger de sa crédibilité. "Naturellement, ce genre d’album est une manière de mettre à l’honneur ces unités de la gendarmerie, d’en faire la publicité." Mais alors, l’auteur s’y retrouve-t-il ? "Il a fallu trouver des points de tangence entre deux univers passionnés. C’est vrai qu’il faut satisfaire les différents acteurs. Il y a toujours des discussions et argumentations pour trouver un terrain d’entente, sans que l’histoire en pâtisse. Ce ne fut pas insurmontable." En témoigne ce premier tome, "une vraie fiction qui pourrait se produire dans la réalité, car il y a une vraie rigueur documentaire. Dans les modes opératoires, les uniformes, les détails sur les appareils… "

Quelle place pour l’humain ?
Mais la composante humaine n’est pas en reste. Pour apporter de la profondeur. "Si l’enquête est carrée, on peut se demander quelle place à l’humain. Les lecteurs s’y attachent plus qu’aux procédures. Dans cette aventure, on retrouve des figures connues: le binôme soudé qui se perd de vue parce que l’un réussit et l’autre reste en retrait, la jeune recrue et son mentor… "

Et le héros, le capitaine Ruben Reissinger, véritable tête brûlée, capable d’abandonner une enquête sur un avion de chasse mystérieusement écrasé sur une plage pour partir à la chasse au tueur en série de jeunes femmes, à l’autre bout du pays. "Quand on rencontre des professionnels de ce milieu, on se rend souvent compte qu’une affaire les poursuit, dont quelque chose les a empêchés de trouver la clé. À l’origine, mon héros possédait plus de scories. Mais j’ai dû le lisser, à la demande des relecteurs. Reste un homme qui poursuit une obsession. La résolution d’une enquête lui a permis de lancer sa carrière et d’écrire sa légende, avec le sentiment du devoir accompli. Voilà que tout recommence, avec l’impression d’être un imposteur."

Au fil de ces 48 planches sous tension, le suspense et l’énervement des protagonistes montent en flèche, jusqu’au fatidique "à suivre…". En attendant la conclusion, cet album est accompagné d’un dossier richement illustré de photos prises par l’éditeur lui-même, photographe chevronné.
"Section de recherches, T.1 – Le loup de Nancy", Herzet/Balsa/Caniaux, chez Zéphyr/Dupuis, 64 p., 16,50 €