Ham-sur-Sambre : Aux Fauvettes, on a fait sauter les crêpes
Crêpes et café à gogo. À Ham, samedi, le comité des 3 x 20 du quartier des Fauvettes a relancé ses activités festives dans un centre communautaire remis à neuf.
Publié le 05-02-2023 à 18h20 - Mis à jour le 05-02-2023 à 20h58
La Chandeleur et son cortège de crêpes ensoleillantes leur ont servi une magistrale occasion de retrouvailles, façon goûter des aînés, en toute simplicité. En quatre jours, ils ont fixé le rendez-vous, lancé les invitations, rempli le frigo de rafraîchissements. Pour rappel, cette fête chrétienne, mais d’origine païenne, célèbre la victoire progressive mais inéluctable de la lumière sur le solstice d’hiver.
Le comité de cet humble quartier aux 24 maisonnées, qui est sorti de terre dans les années 70, îlot immobilier social géré par le CPAS jemeppois et cerné d'un parc de logements étiquetés Sambr’Habitat, a voulu marquer le coup : la fin, très attendue, de la restauration intérieure de son centre communautaire.
L’élu à l’origine de ce ripolinage n’est autre que le président du CPAS, Vincent Vanrossomme. "En 2020, quand je suis entré en fonction, ce centre avait triste allure, sans être pour autant abandonné. Je leur avais promis qu’on trouverait les fonds pour remettre ce lieu de convivialité en état."
Et il l'a fait. Chose promise chose due: moins de 10 000 € ont suffi pour condamner le feu ouvert, colmater les fuites à la toiture, rénover les sanitaires, remplacer le boiler à eau chaude et enfin, pièce iconique dans un tel lieu armé contre la solitude, placer une nouvelle cuisine. Le président du CPAS avait même son coffre de voiture rempli d'ustensiles, de quoi regarnir les armoires de verres, d'assiettes et de casseroles.
Gérard Dalebroux, la soixantaine bien sonnée, rayonne. Il loue le travail impeccable du CPAS, qui n'a pas démérité. En cuisine, Jacques Beaufays et sa femme Sabrina étrennent le fourneau, elle en faisant sauter les crêpes à tour de bras, lui en les envoyant sur une volée de tréteaux.
Rompre la monotonie
"La dernière fois qu’on a occupé le centre, c’était pour accueillir les visiteurs venus chiner ou se promener à notre brocante. C’était le 21 juillet dernier. Il faisait caniculaire", se souvient M. Dalebroux. Il aura fallu ce temps pour déménager rue Haute, à Spy, le magasin de seconde main ( Les Petites Fringues) qui prenait toute la place. Et, dix mois plus tard, c’est la Chandeleur qui rallume le moteur d’un vivre-ensemble sans chichis.
Le président du comité des Fauvettes, du nom d’un oiseau, cette espèce de passereau à tête noire, rappelle que le centre communautaire est ouvert aux locataires et à leurs familles tous les mercredis et samedis après-midi, de 13 h 30 à 18 h.
Côté bar, le tarif des consommations est sympa. Les tournées ne tueront personne. Le café et les biscuits, combo de légende pour souder une assemblée, et discuter le bout de gras, sont même offerts.
"Cette petite salle, raconte Gérard, c’est un outil nécessaire pour rompre la monotonie du quotidien et amener les gens à sortir de chez eux et à se parler". Son utilité sociale pour tisser ou resserrer des liens distendus par la crise sanitaire, n'est plus à démontrer.
Une pierre sous la nappe en papier
Un autre célèbre élu jemeppois, local de l’étape, est venu boire la bière inaugurale de la nouvelle ère communautaire aux Fauvettes, c’est l’échevin des Travaux, Jean-Luc Evrard.
Le président du comité des 3x20, flanqué d’Arlette Gorlet, sa trésorière, a improvisé quelques mots pour remercier le représentant public de la promesse tenue. Sur le buffet, une nappe de papier cachant quelque chose intrigue.
Le président Vanrossomme est ainsi invité à dévoiler une plaque en pierre bleue. Quelques mots gravés, rien de plus : Le comité Fauvettes, 3x20, Ham-sur-Sambre. On sait officialiser un événement aux Fauvettes, et faire d'un petit investissement un grand bonheur, et avec bon coeur encore puisque les deux mandataires se verront chacun offrir un mug rempli de chocolat. Sans oublier des fleurs pour leur dame et aussi pour celle qui a fait sauter les crêpes, si habile que la photo souvenir brille d’une pile de ces soleils pâtissiers, synonyme d'abondance et de lumière.
Une Chandeleur aussi célébrée, c’est une première aux Fauvettes, et elle restera dans les annales.
Cependant, tout le monde n’est pas venu se régaler, on ne se bouscule pas sous ces lambris regrette Gérard Dalebroux. Des locataires ne sont en effet pas très heureux que le CPAS, gestionnaire du site, n’ait jamais investi un kopeck dans l’entretien des modestes maisonnettes. Rien depuis 40 ans. Certaines font peine à voir, sans même parler du fait que, construites il y a un demi-siècle, et chauffées à l’électricité, leur isolation est proche du niveau zéro. C’est un signe qui ne trompe pas : il y fait froid l’hiver et trop chaud l’été. Bref, ce sera compliqué et bien sûr coûteux. Et ce n’est pas gagné. Le président parle d’un audit énergétique à réaliser dans un premier temps. Quant à l’engagement d’un chantier de rénovation, beaucoup d’eau de la Sambre aura coulé sous les ponts avant qu’il n’atterrisse sur la table du collège.