PHOTOS| Balâtre: le château-ferme à vendre et à restaurer
Pour acquérir ce patrimoine aux origines moyenâgeuses, l’acheteur devra mettre sur la table 745 000€. Le prix d’une grosse villa, mais il faudra plus du double pour le restaurer.
Publié le 26-05-2020 à 12h39
Avis aux amateurs en recherche d’un bien de prestige et de rupture avec ce que le commun des mortels est capable d’assumer, financièrement parlant: le château-ferme de Balâtre (Jemeppe-sur-Sambre) est à vendre. L’actuel propriétaire, une société belge d’investisseurs privés, a acquis ce bien historique il y a une quinzaine d’années, en nue-propriété. Mais son projet de le relever sans tarder de la ruine se heurta à l’opposition farouche d’une indélogeable usufruitière, dont c’était la seconde résidence. À leur grand désarroi, ces investisseurs n’ont pu retrouver la pleine propriété de leur investissement, et la liberté de le vendre, qu’au récent décès de celle-ci.
L'immobilière namuroise Actibel a reçu mission de trouver un nouveau destin, digne de lui, à ce patrimoine séculaire qui a traversé le temps.
«Ce sont des gens que nous connaissons, avec qui nous avons déjà collaboré, et qui nous connaissent, pour notre capacité à gérer des dossiers compliqués et à vendre des biens hors-norme» souligne Paul de Sauvage, l'administrateur-délégué d'Actibel. Cette équipe d'experts namurois de haut vol voit l'immobilier en très grand. Ils ont déjà vendu une vingtaine de châteaux, des couvents, et cherchent actuellement acquéreur pour une église dans la région liégeoise.
Leur connaissance de la région de Namur, associée à une longue expérience d’une trentaine d’années, leur ont aussi permis de fixer un prix. Le château-ferme, ils l’ont estimé à 745 000€. Et pourquoi pas un million d’euros?
«J'ai dans mon équipe des architectes, des urbanistes, des ingénieurs. On s'est concertés sur base d'éléments rationnels mais aussi subjectifs, et il y a eu consensus sur ce montant» poursuit l'administrateur-délégué.
Un coup de cœur
La perception du bien est intimement subjective.
«On voit mal ce château-ferme, classé, tomber dans d'autres mains que celles d'un passionné qui aura les moyens de le restaurer et de le moderniser. Ce ne sera pas donné à tout le monde» indique encore Paul de Sauvage, pour qui le prix demandé est cependant raisonnable et attractif. «C'est celui d'une grosse villa dans le Brabant wallon mais il faut prévoir un budget au moins équivalent pour le remettre en état.»
Sa situation géographique? Elle n'est pas mauvaise pour cet expert. Ce patrimoine, qui borde le pittoresque village de Balâtre, a la campagne pour piédestal mais il n'est pas pour autant perdu au milieu de nulle part. Les axes autoroutiers sont proches. Les futurs châtelains devront évidemment assortir un certain niveau de fortune à un fameux coup de cœur, voire à un projet. L'immobilière a un carnet d'adresses. Elle a diffusé son annonce dans un milieu d'initiés ayant une sensibilité pour l'histoire, l'art ou la culture. «Des sociétés ou des familles qui ont déjà réalisé dans le passé des restaurations d'envergure, ainsi qu'un marchand d'art en quête d'un lieu d'exception pour ouvrir une galerie.» Le prix fixé a non seulement tenu compte des lourdes et coûteuses interventions architecturales qui attendent le propriétaire mais aussi des contraintes administratives en découlant.
L’adaptation de tout bien classé au confort de nos temps modernes exige de mener une réflexion aussi profonde que concertée sur la fonction ou la destination qu’un nouvel acquéreur veut lui donner. La Commission des Monuments et Sites a son mot à dire, sur l’ordre de priorité des travaux et le choix des matériaux. L’Institut du Patrimoine wallon alloue des subsides en proportion des investissements.
Restauré ou pas, sur sa ligne de crête, le château-ferme de Balâtre a fière allure. Il baigne dans la verdure. Les pierres de son mur d’enceinte, d’où émergent une tour et un donjon, se fondent dans une carte postale idyllique, vierge de toute interférence. Ni pylône ni antenne de notre société vorace en énergies pour en altérer l’harmonie. La grange, monumentale, datée du XVIIe, est l’élément le plus spectaculaire aux visiteurs. C’est clair pour tout le monde: plus que de la passion et de l’argent, il faudra un grain de folie pour se lancer dans cette aventure.