Fosses-la-Ville : la "Dodomu", ce cocon ukrainien
Iryna, Svitlana, Kateryna et Svitlana vivent à Fosses depuis un an. Elles sont aujourd’hui en collocation dans une maison. Elles s’estiment chanceuses.
Publié le 01-03-2023 à 17h47 - Mis à jour le 01-03-2023 à 18h45
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C’est avec un grand sourire qu’Iryna nous ouvre les portes de son logement. "B onjour", lance, en français, la résidente. Ses trois autres colocataires, Kateryna, Svitlana et Viktoriia, descendent l’escalier pour nous saluer. Elles partagent cette maison depuis juin 2022. Un bâtiment privé de cinq chambres qui fait l’objet d’une convention d’occupation avec le CPAS de Fosses. Ce logement a d’ailleurs été surnommé pour l’occasion: la "Dodomu" qui signifie, en français, chez soi. "Nous avons d’abord vécu en famille d’accueil, commente Viktoriia. Les gens étaient formidables. Nous tenons à les remercier. Mais nous ne pouvions rester éternellement chez eux. Nous avions tous besoin de retrouver notre indépendance, de mener notre vie. Cette maison, c’est la plus belle chose qui pouvait nous arriver. Nous avons beaucoup de chance."
Confort et réconfort
Elles ont trouvé, à Fosses, un cocon, un espace de confort et de réconfort. "Nous nous sentons protégées, en sécurité, même si nous avons parfois des crises d’angoisse. Certaines nuits, nous ne dormons pas. Nous avons encore ce bruit et ces images des missiles en tête… Elles nous poursuivront toute notre vie." Iryna, elle, a quitté l’Ukraine sans ses enfants. "Car mes filles voulaient rester là-bas. Elles vivent chez leur père. Moi, j’étais seule et j’avais peur. J’ai donc préféré partir. À la frontière polonaise, une dame m’a dit que, si je voulais travailler et trouver un logement, je devais me rendre en Belgique. J’ai été chaleureusement accueillie mais, malheureusement, je n’ai toujours pas trouvé de travail." Le bourgmestre et le CPAS ont conseillé à chaque Ukrainien sur le territoire fossois d’apprendre le français pour faciliter leur intégration "C’est ce que nous faisons depuis plusieurs mois à raison de quatre fois par semaine", sourit Viktoriia qui comprend la langue de Molière.
Leur objectif, aujourd’hui, c’est de vivre en Belgique, à Fosses ou ailleurs. "Tant qu’il y a la guerre, il nous est impossible d’envisager un retour en Ukraine, ajoute Iryna. Nous vivons au jour le jour, en pensant à nos familles qui sont restées là-bas. C’est en tout cas trop dangereux d’y retourner."
Kateryna, elle, a quitté le pays car rien ne la retenait. Une histoire de vie tragique. "Mon frère et mon mari sont décédés du Covid il y a trois ans. Plus personne ne m’attend en Ukraine. J’ai envie de vivre ici, de me rendre utile. Je cherche du travail." Dans quelques semaines ou mois, ces femmes prendront des chemins séparés. Elles ont, chacune, trouvé un logement privé. "Nous souhaitons remercier les habitants du village, le CPAS et le bourgmestre pour leur sympathie et leur aide précieuse. Nous garderons ces souvenirs toute notre vie. Nous ne pouvions rêver d’un meilleur accueil", conclut, avec émotion, Iryna.