À Rio, la Samba très endiablée des percussionnistes fossois de Bacadam (photos)
Bacadam est immergé dans l’explosif carnaval de Rio. À l’épreuve de la patience, l’expérience n’en est pas moins fabuleuse.
Publié le 20-02-2023 à 19h52 - Mis à jour le 20-02-2023 à 19h55
Plus de 10 heures de vol long courrier au départ de Francfort (Allemagne). Une arrivée à Rio vendredi aux petites heures, via Sao Paulo. Un décalage horaire qui leur met à tous un air d’avoir bamboché toute la nuit. Quand l’avion de la TAM s’est posé à Sao Paulo vendredi, à 5 h 45, il était 9 h 45 à Bruxelles. Donc, dégringolade de 4 heures par rapport à notre heure d’hiver.
Le temps de souffler est d’autant plus raccourci que nos 9 Bacademeiros en balade doivent gérer, au-delà du choc thermique (c’est la fournaise au Brésil), un premier poireautage, le premier d’une petite série, très inconfortable à cause de la fatigue accumulée d’un vol à deux escales. Effectivement, le comité d’accueil n’est pas au rendez-vous, "ce qui a renforcé la fatigue", raconte ce lundi matin Christophe Bernard, le président-fondateur de Bacadam. Sans rancune cependant. Les gentils organisateurs de l’école de samba accueillant les Fossois, l’une des plus anciennes de cette mégalope universelle du carnaval, ont fini par se pointer, tout sourire. La ponctualité brésilienne doit être appréciée avec un certain détachement.
No stress, ont est en Amérique du Sud, mais le retard décale la journée. À l’hôtel, le Riale Imperial Flamengo, les costumes à essayer se font aussi attendre. Vite, pour survivre, il faut se convertir au dicton: "Tout vient à point à qui sait attendre".
Le costume, chatoyant, est constitué d’une tunique jaune à laquelle sont accrochés des morceaux de tissus de couleur: il s’agit des drapeaux représentant la célébration de la fête de la Saint-Jean, dans le Nord-Est du Brésil.
Patienter, s’adapter aux approximations de l’heure brésilienne, c’est le mot d’ordre obligé, et ce n’est encore qu’un début. Au Sambodrome, cette ligne droite hors-norme lisse comme un billard, c’est le sommet.
Les idiots de Bolsonaro
"Nous avons dû y attendre 5 heures notre passage tout en devant lutter contre la fatigue. Nous étions explosés." Un moment rendu plus difficile par la chaleur orageuse, en pleine saison des pluies. Mais l’inconfort n’est rien à côté de ce qu’ils allaient vivre: l’effeuillage progressif des chars et costumes du carnaval, en première loge. "Les gens arrivaient, leur costume dans des sacs poubelle pour les cacher jusqu’au dernier moment. Pareil pour les chars, eux emballés de voiles plastiques", raconte Christophe Bernard, toujours sous le coup de cette émotion enivrante d’avoir pu assister à la mise en place de ce cortège fou.
Aucun moment n’est perdu à lui apporter les dernières touches afin que les chars rutilent lors de leur entrée sous les phares du Sambodrome, à la nuit tombée. Les danseuses, hauts talons et bikini pailleté de rigueur, sont hissées sur leur podium au moyen de grues. Elles s’apprêtent à faire danser la foule.
Cette avenue du Sambodrome, le président de Bacadam l’avais vue vide. "Et là, avec cette foule, ce bruit, cette ambiance, c’est énorme", et c’est très chaud. D’un coup, la fatigue de leur voyage s’envole. "Nous n’avons défilé que 45 minutes, avec l’impression que ça a duré des heures tant nous nous sommes sentis portés par une ambiance incroyable", raconte encore le président par téléphone.
Enfin, samedi, à 6h du matin, après 48 heures d’émotion, ils ont pu s’allonger dans un lit et n’y dormir que… 4h avant de repartir.
Ce week-end, ils ont décompressé sur Copacabana beach, la plage mythique. Sur leur page Facebook, on les y voit déguster un jus de noix de coco.
"Hier, nous avons défilé et joué en rue, au cœur de Rio, entre de hautes tours modernes et des vieilles églises. Un moment jouissif. Les Brésiliens étaient étonnés de voir des Belges danser aussi bien la samba", dit-il. Le thème du jour est plus politique: "Dans notre costume jaune, nous avons incarné ces supporters idiots de Bolsanaro qui finissent en prison", pour avoir envahi et dégradé le Congrès et le palais présidentiel, début janvier. Dans les mains, ils arborent des barreaux.
Bacadam quittera Rio ce vendredi pour Salvador de Bahia. Un saut de puce, juste 1 heure de vol.