Patrimoine de Fosses-la-Ville : haro sur l'ASBL Historia
L’ASBL liégeoise Historia se battra pour que l’ancien hôtel de ville reste debout. Dans une lettre ouverte, des citoyens Fossois lui dénient ce droit de s’ingérer dans leurs choix d’avenir pour leur ville.
- Publié le 28-02-2022 à 19h03
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La coupe est pleine. Une vingtaine de citoyens Fossois co-signent une lettre ouverte pour exprimer leur ras-le-bol à l’endroit d’une ASBL liégeoise: Communauté Historia. Ils lui reprochent, par ses positions tranchées, de torpiller le très démocratique processus de la Rénovation urbaine en cours.
Historia, qui a son siège à Wanze, est présidée par Virgil Declercq, un étudiant en architecture parti en croisade contre tous les projets menaçant de démolition le patrimoine ancien wallon.
À Fosses, les citoyens, réunis dans une commission depuis dix ans, ont majoritairement approuvé le projet de réaménagement des deux places du centre, qui s’appuie sur une destruction de l’hôtel de ville.
Les signataires de la lettre, toutes tendances politiques confondues, sont membres de la confrérie Saint-Feuillen, administrateurs du centre culturel, licenciés en histoire, avocat, entrepreneurs, anciens bourgmestre, simples citoyens et enfin membres de cette fameuse Commission de la Rénovation Urbaine.
La Rénovation urbaine, pour rappel, est un outil d’action créé par la Région pour restituer à des centres villes essoufflés une force d’attraction économique et touristique. Tous les projets issus de la rénovation urbaine sont largement subventionnés.
Certains des signataires ont rédigé la plaquette distribuée en toutes boîtes "Places à vivre", qui remet en perspective les enjeux de cet immense chantier, réparti en 17 fiches, de la rénovation urbaine. Qui désamorce aussi, en s’appuyant sur des éléments d’archives objectifs, des émotions par trop excessives, liées par exemple à la disparition d’un patrimoine aussi mineur que le kiosque en béton de la place du Marché, et exacerbées par les réseaux sociaux.
Luc Baufay est à l'origine de cette lettre ouverte: "On ne peut plus laisser le champ libre à deux gamins qui viennent nous expliquer comment il faut faire, s'offusque-t-il. On ne peut pas accepter d'entendre que l'hôtel de ville est sain et stable. Ou que les citoyens n'ont pas été consultés. À un moment donné, il faut que la majorité silencieuse mette les pieds dans le plat".
Ces derniers mois, la ville de fosses semble en effet devenue une cible de choix pour l’ASBL liégeoise.
Si elle est dans son collimateur, c'est notamment parce qu'elle y a un lanceur d'alerte déterminé. Cet historien de formation, Aurélien Huysentruyt, s'était présenté sur la liste PS aux dernières élections, et n'avait pas été élu. Ce qui fait dire à certains que le débat est politisé et pollué. "En déformant les faits, en falsifiant les chiffres, en lançant des rumeurs, en sortant de tout contexte la moindre information. Jouissant de l'écho onirique de votre populisme, vous ne vous battez pas pour notre patrimoine; vous bataillez pour nous imposer vos idées", s'emportent les signataires de la lettre.
Illégitimité
Historia est intervenue une première fois pour étriller la décision mayorale de démonter le kiosque à musique de la place du Marché, en février 2020, alors que ce monument commençait à montrer des signes inquiétants d’instabilité et de danger mortel.
Qu’a cela ne tienne, le kiosque, par ses soins, est aujourd’hui devant le Conseil d’État, où l’ASBL veut y faire annuler la décision de la ministre du patrimoine de l’avoir sorti de la liste des monuments classés.
Après le kiosque, elle a déjà dit tout le mal qu’elle pense du projet de refonte du centre historique, qui libère les places du Marché et du Chapitre de l’ombre écrasante de l’ancien Hôtel de Ville.
Les architectes auteurs du projet estiment en effet que ce bâtiment d’opérette, symbole d’une époque sacralisant le pouvoir politique, fait obstacle à toute rénovation urbaine profonde, tant il prend de la place et de la lumière.
À rebrousse poil, les urbanistes ont redessiné un cœur de ville plus transparent, plus fluide et plus lisible dans ses cheminements. À la place de l’hôtel de ville, ils ont imaginé reconstruire la halle originelle, comme il en existait une au Moyen Âge.
Abattre l’ancien et pompeux hôtel de Ville, qui n’est pas classé, au profit d’une halle ressemblant à une… étable? Scandaleux pour ces âpres défenseurs du patrimoine. Au collège, on réplique que la coûteuse remise aux normes du bâtiment, plus ou moins 700 000€, serait une gabegie sans dire ce qu’on veut y faire, et quelles associations on veut y loger.
Pour les signataires de la lettre, Historia ne sait rien de Fosses. Elle n'a pas participé à leurs réunions, à leur longue réflexion. "En un mot: vous n'êtes pas légitimes", concluent-ils.