Fosses-la-Ville: une halle à la place de l’hôtel de ville
Pas de soirée en mode "love" pour les élus. À la place, un conseil virtuel et un grand soir pour le centre historique. Les architectes font le choix du retour aux sources, et à la halle.
- Publié le 14-02-2022 à 22h37
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Un conseil très attendu lundi soir, par un seul point saillant: l’exposé, sans débat sur le fond, et sans vote, des grandes lignes du projet retenu par le collège dans le cadre de l’opération de rénovation humaine. Une mission d’architecte à deux objectifs fondamentaux: la transformation de l’ancien hôtel de ville en un lieu de convivialité et de rassemblement, et l’aménagement des places adjacentes du Marché et du Chapitre. Un gros morceau. Il s’agit ni plus ni moins d’une refonte majeure du centre historique, pour le coup réinventé, dont l’actuelle physionomie sera considérablement bousculée. Que l’histoire retiendra. Pour preuve, le débat est suivi par près de 60 personnes.
Souvent citée, dans les cartons depuis plus de vingt ans, la rénovation urbaine, nourrie de 17 fiches-projets, franchit cette fois un cap décisif et entre de plain-pied dans le concret avec l’exposé des auteurs du projet donc, Étienne Cellier, paysagiste, et Chantal Vincent, de l’Atelier Paysage, de Hamois, et du bureau Dessin et Construction, de Charleroi.
Un des critères rédigé en gras dans le cahier des charges consistait à créer un espace couvert polyvalent et, partant, à rendre le centre plus attractif à de nouveaux habitants et plus agréable à vivre. Autrement dit, redynamiser le centre par la création d'un espace fonctionnel et qualitatif, à forte identité, où le citoyen et le touriste se sentiront bien. "Plus encore qu'une rénovation, c'est une résurrection", annonce le bureau d'architecture.
Un sujet certes passionnant mais un cheveu explosif. Le bourgmestre prévient: "Pour la Saint-Valentin, on vous offre une perspective différente. On vous demande un accueil, sans commentaires." Chat échaudé craignant l'eau froide, le mayeur exhorte les réseaux sociaux à la retenue, et plus particulièrement les conservateurs et personnes sensibles à la préservation du patrimoine: "On peut aimer, ou ne pas aimer. Mais l'agressivité dans les propos n'est pas bonne conseillère." Pas d'emballement donc, le projet étant ouvert à un débat et des consultations futurs.
Rendez-vous en 2026
Précaution oratoire des paysagistes: "C'est notre perception, notre ressenti du lieu. C'est une proposition sur laquelle sera élaboré un processus important […] Le récit (de l'espace à réaménager) a commencé avant nous. Il continuera après nous. Il s'agit maintenant d'y participer le mieux possible en tenant compte des enjeux d'aujourd'hui."
Dans ce Big Bang, on comprend vite que l'actuel hôtel de ville, à l'architecture extravagante, dont la construction remonte à la fin du XIXe siècle, n'a plus sa place dans le XXIe siècle. "Il est fort présent mais obstructif", physiquement et visuellement. Il volera donc par terre. Et de rappeler que, historiquement, à l'époque médiévale, le cœur de ville battait dans une halle commerciale canalisant l'essentiel de l'activité. La Ville retourne donc sobrement à son centre originel, qui remonte au XIIIe siècle. Elle se réapproprie son passé.
Dans le centre actuel, disent les experts, on a la sensation de traverser des routes et des parkings, sans âme. Les urbanistes ont choisi d'en diminuer l'impact de la voiture, d'effacer l'emprise au sol des voiries et des trottoirs par la création de nouvelles liaisons, et de réintroduire de la verdure, notamment sur le parvis de la collégiale. "On va retrouver de la transparence entre les deux places, du lien entre les parcours et des vues sur la collégiale", annonce Étienne Cellier.
La place du Marché sera étendue et libre d'occupation. L'espace dégagé permettra ainsi la construction d'une grande halle, à la charpente contemporaine. Elle se positionne comme le trait d'union entre les deux places. "Sur son estrade, elle jouera à la fois le rôle du kiosque (détruit) ou celle de gradin vers la place."
Les promeneurs et riverains de la rue du Marché retrouveront la silhouette du clocher.
Nancy Mahaux, du BEP, avec lequel Fosses a signé une convention à maîtrise d'ouvrage, désamorce une éventuelle levée de boucliers: "On a travaillé en chambre. On va maintenant combiner notre expertise avec celle des habitants."
Quand adviendra ce nouveau centre? Rendez-vous à la prochaine Saint-Feuillen, le 27 septembre 2026.