Fosses-la-Ville: Un entrepreneur bruxellois rachète le Chapitre
Enchâssé au cœur de la cité, le château de la famille Arnould vient d’être vendu à un entrepreneur bruxellois.
Publié le 27-01-2022 à 22h00
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En moins de deux mois, ce château de caractère, du XVe siècle, mais aux fondations bien plus anciennes, aura trouvé acquéreur. L’agence namuroise Les Viviers, spécialisée dans la vente de bien d’exception, l’a fait visiter à une quinzaine de candidats acheteurs parmi lesquels ne figurait aucun Fossois.
Le vendeur, Luc Arnould, a finalement retenu l’offre d’un entrepreneur bruxellois d’origine flamande. Le compromis de vente sera signé incessamment.
L’annonce immobilière renseignait qu’il fallait faire offre à partir de 400 000€. L’acheteur et le vendeur se sont finalement entendus sur un prix équivalent à celui d’une belle maison (hors terrain), étant entendu qu’il en faudra le double pour restaurer et remettre aux normes cette prestigieuse bâtisse.
On l’appelait «Pinpin»
La propriété, adossée au rempart de la ville, rempart datant de Notger (Xe siècle), mitoyenne avec d’autres beaux murs historiques, fait corps avec le cœur de la cité, aux origines médiévales. On y accède par une porte cochère s’ouvrant sur la place du Marché et on peut y sortir par une porte ordinaire débouchant dans la rue des Zolos.
Ce patrimoine appartenant à la famille Arnould depuis le milieu des années trente, et classé par la Région depuis 1964, va renaître dans les règles de l’art. Ce ne sera pas le premier château que l’acquéreur transformera et modernisera en un confortable lieu de vie. Ce dernier n’a guère hésité, il a eu un vrai coup de cœur pour cet ensemble comprenant de nombreuses et luxueuses pièces de vie, dont 8 chambres. Au total, il offre une superficie habitable d’environ 500 m2, ainsi qu’un agréable jardin en pallier et arboré d’environ 17 ares.
"Je me réjouis de voir cette grande maison, où mon père a vécu, entre de bonnes mains qui lui feront reprendre vie", déclare Luc Arnould, le neveu de la dernière occupante, Mademoiselle Jeanne Arnould, dite "Pinpin". Celle-ci s'est éteinte dans son sommeil, le 6 janvier, à l'âge très honorable de 103 ans. À un mois près, sa mort et la vente de son château, dont elle s'était préoccupée il y a quelques années déjà, auraient coïncidé, refermant le livre d'histoire d'une illustre famille nombreuse de sept enfants. Elle l'a finalement légué à une fondation portant les noms de ses parents, Fernand Arnould et Lise Kaisin.
Un souterrain
L’entrepreneur va-t-il vraiment venir se perdre à Fosses, dans une région où il n’a aucune racine? C’est le but, dans un premier temps du moins. Le bien étant classé, intérieur et extérieur, il est indivisible, et donc incompatible avec le projet, par exemple, d’en faire un immeuble de rapport. Une seule famille sera autorisée à y vivre devant d’élégantes cheminées, sous hauts plafonds avec moulures.
Des candidats acheteurs, désireux de le transformer en gîte, ont dû renoncer à l’achat, de même qu’un médecin qui aurait souhaité y aménager un cabinet de consultation. La restauration devra se conformer à toutes les sévères prescriptions urbanistiques. Il y va de la conservation et du respect de la mémoire de tous les siècles et événements que ce château a abrités.
Initialement, comme on peut le lire sur une plaque sous la porte cochère, il fut une des résidences des princes-évêques, à l’époque où Fosses dépendait de la Principauté de Liège. En 1246, l’un d’eux, Robert de Thourotte, fit célébrer l’office de la Fête-Dieu. Reconstruit en 1622, le doyen du Chapitre des chanoines, et de la collégiale, y résida. Les armoiries de tous les religieux qui y ont vécu sont d’ailleurs sculptées sur des poutres visibles, au second étage. Autre témoignage de cette lointaine époque, dans le jardin arrière, sous le rempart, se trouve l’entrée d’un ancien souterrain reliant le château et la crypte de la collégiale.