Les couteaux sur mesure de Jacquy
Lors de la Journée de l’artisan, nous avons rendu visite à Jacquy, un artisan forgeron coutelier de Le Roux qui, passionné, vous fait du sur-mesure.
Publié le 19-11-2018 à 06h00
Jacquy Martin n'a pas attendu de forger pour être forgeron. Il se voyait déjà forgeron depuis bien longtemps. Adolescent, il avait vu un reportage sur le sujet à la télévision et c'est là qu'il a eu la révélation. «Je me suis dit que je voulais faire ce métier quand je serais pensionné. Là, j'ai 55 ans, j'en ai donc encore pour dix ans à travailler. Mais je ne voulais pas attendre alors j'ai monté ma propre forge il y a dix ans pour créer des couteaux, des fourchettes et des cuillères», raconte-t-il.
Sa matière première est de l'acier à ressort. «C'est de la récupération sur les voitures. De l'acier de suspension et la barre stabilisatrice du train avant. Pour les cuillères et les fourchettes, j'utilise plutôt de l'acier doux parce que ça n'a pas de dureté à avoir au contraire du couteau pour lequel je dois faire un traitement thermique sur la lame afin de la durcir pour garder le tranchant plus longtemps», détaille-t-il. Sa clientèle est constituée de chasseurs, de pêcheurs, de randonneurs, de collectionneurs ou encore de «Monsieur tout le monde» comme il dit.
Jacquy Martin est dans l'acier depuis 32 ans et est actuellement ouvrier à l'atelier mécanique Lempereur à Aisemont. Il se souvient de ses débuts. «J'avais un ami qui était maréchal-ferrant et il faisait aussi des couteaux. C'est lui qui m'a appris quelques astuces et ensuite, je me suis lancé seul. Au début, on patauge un petit peu, on se loupe, on brûle des morceaux, on recommence… Mais si on rate, il ne faut pas s'avouer vaincu! Il faut faire une nouvelle pièce et que ça soit toujours plus beau!»
Cette activité complémentaire de forgeron, Jacquy l’exerce avant tout par amour du travail manuel. Quand il est dans son atelier, il est comme un poisson dans l’eau et il a été reconnu comme artisan voici deux ans.
«Les gens qui se servent de couverts forgés sont aussi des passionnés. Ce sont entre autres des personnes qui sont dans le médiéval ou qui vont en randonnée et qui veulent avoir leurs couverts personnels. En général, les clients viennent chez moi, ils me font part de ce qu’ils souhaitent concernant la taille, la forme, etc., on fait un croquis puis je vais à la forge et c’est parti!»
Il coupe alors son acier à ressort à la disqueuse, il le redresse à chaud et puis il forge une lame. Ensuite, le travail continue avec notamment les étapes du polissage et du traitement thermique.
Concernant le temps qu'il consacre à ses couteaux, Jacquy Martin ne compte plus les heures tant il aime être dans son atelier quand il n'est pas au travail. «Parmi les premiers couteaux que j'ai fabriqués, il y en a un dont la lame faisait treize centimètres et le manche faisait onze centimètres. J'ai donc forgé une barre de 24 centimètres. Entre l'instant où j'ai coupé mon morceau d'acier et celui où j'ai posé le couteau fini sur la table, il y a eu 40 heures», se souvient-il. Pour fabriquer une dague par exemple, Jacquy mettra deux fois plus de temps qu'un couteau ordinaire.
Ce qu'il apprécie entre autres dans ce travail, ce sont toutes les étapes minutieuses que ça demande, depuis le moment où il travaille son acier brut jusqu'à celui où il donne à son client un couteau terminé, généralement une pièce unique. C'est une réelle satisfaction. «Ces couverts ont quelque chose en plus que les couverts industriels. Rien que par le manche du couteau, c'est déjà une pièce unique car je peux faire quinze lames mais la courbure ou le diamètre du manche (en corne de cerf, en bois ou en une autre matière…) seront toujours différents!» Pour vous offrir un beau couteau, il vous en coûtera entre 50 et 500€. Fourchettes et cuillères sont à 20 ou 30€.