Les patrons exploitaient deux illégaux
Depuis une semaine, le restaurant Wok-Inn est fermé sur ordre de l’Auditeur du travail. Le patron y exploitait deux compatriotes illégaux.
Publié le 30-10-2013 à 06h00
:focal(1984.5x1393:1994.5x1383)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/WC6ZMAVNOJFXNIQO5WFZCTUD2Y.jpg)
Ce n’est pas le moment de réserver une table au restaurant chinois de la chaussée de Charleroi, à l’entrée de Fosses-la-Ville. Le dimanche 20 octobre, l’auditeur du travail y a diligenté une descente de police qui s’est soldée par la pose de scellés. Voilà donc ce Wok-Inn fermé depuis une bonne semaine, sur ordre de la Justice.
Que s’est-il passé ? Par le passé, plusieurs restaurants chinois ont été fermés à la suite de visites d’inspection menées par l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire. (Afsca). L’hygiène est une notion à géométrie variable selon les pays.
À Fosses-la-Ville, l’état de la cuisine ou des frigos n’est absolument pas en cause.
L’examen de la composition du canard laqué ou de la soupe aux nids d’hirondelle, pour peu qu’il ait été mené, n’a pas révélé quoi que ce soit d’anormal.
12heures de travail contre un salaire ridicule
Les exploitants de ce restaurant ont été entendus pour des infractions relatives à la législation du travail.
Le fait est banal : le couple exploitait une main-d’œuvre au noir. La tentation est grande, dans les restaurants confrontés à des coups de feu momentanés, de recourir à des travailleurs non déclarés.
Là où ce n’est pas banal, dans le cas de Fosses, c’est que ces deux travailleurs sont deux Chinois, dépourvus de papier et donc illégaux. Le couple exploitant le restaurant a profité de la fragilité administrative de ses deux compatriotes pour les exploiter.
Selon nos confrères de Sud Presse, qui ont révélé l’affaire, ces deux Chinois, âgés d’une quarantaine d’années, travaillaient 12heures par jour, l’un en cuisine et l’autre en salle, pour un salaire ridicule. Ils logeaient sur place mais ne bénéficiaient pas d’eau chaude pour se laver. Ils étaient, en outre, très peu et très mal nourris.
Détail plutôt rare, c’est une des victimes qui a donné l’alerte, après que le bouchon ait été poussé un peu trop loin : en plus d’être affamés, et réduits à une sorte d’esclavage moderne, ils auraient subi des violences physiques. Elles auraient été en tout cas suffisamment fortes et alarmantes pour qu’un des travailleurs illégaux ose sortir de l’ombre et donner l’alerte.
Des garanties financières
Les deux Chinois, qui sont arrivés clandestinement en Belgique par une filière spécialisée dans le trafic de personnes, ont été pris en charge et relogés dans un centre d’accueil.
L’enquête, qui ne fait que commencer, pourrait se solder par une facture salée pour ces patrons du Wok-Inn abusant de leur autorité et ayant fait preuve d’une abjecte inhumanité.
Hier après-midi, le téléphone du restaurant ne répondait pas. Le couple sera prochainement entendu par le parquet.
Il ne l’a pas encore été compte tenu d’un délai supplémentaire sollicité par madame, qui manie mieux la langue française que monsieur et qui recherche un bon avocat pour leur défendre.
Selon nos confrères, citant l'auditeur du travail en charge du dossier, Nathalie Hautenne, «les scellés pourraient être levés et le restaurant rouvrir à la condition que les patrons du restaurant s'engagent à régulariser la situation et à apporter des garanties financières ».
P.W.