"Pont-de-Loup, cerné comme le village d’Astérix": trois demandes de permis pas vraiment attendues
À nouveau menacé par trois activités industrielles peu amènes, Pont-de-Loup est comparé par l’échevin Grenier au "village d’Astérix".
Publié le 13-03-2023 à 20h57 - Mis à jour le 13-03-2023 à 20h58
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Pont-de-Loup, comme le village d’Astérix cerné par les "envahisseurs", non pas romains mais industriels ? C’est la comparaison faite par l’échevin de l’Environnement d’Aiseau-Presles, Dominique Grenier. Hier, avec le bourgmestre Jean Fersini, et Florence Cauchie, la présidente du CPAS, il a justifié la prise de position du collège communal sur les trois demandes de permis unique introduites en une semaine par Immoroute, Sodraep et Tibi pour des activités de traitement de déchets proches du village. Activités qui s’ajouteraient à plusieurs autres, qui ne sont pas celles dont rêve un riverain…
La commune n’est appelée qu’à rendre un avis, la décision appartenant aux fonctionnaires wallons, technique et délégué, pour Immoroute et Tibi, et par la commune de Farciennes dans le cas de Sodraep. Pour la première, l’avis a déjà été rendu, le 6 mars: il est défavorable. Immoroute projette de créer un centre de tri, de prétraitement et de valorisation de déchets inertes, de terres excavées et d’amiante – 18 catégories au total – sur la zone portuaire de la Praye Sud. Du béton serait aussi fabriqué. L’activité occuperait une partie de la même parcelle sur laquelle Carolo Recycling, entreprise du même type, a obtenu un permis (lire l’encadré).
Pas par la rue du Campinaire
Pour la commune, c’est donc non. Pour les raisons qu’on imagine aisément: nuisances sonores, poussières, impact sur une zone de grand intérêt biologique, risque d’inondation et, surtout, augmentation du charroi qui, de plus, emprunterait un itinéraire bordant des zones peuplées. "La sortie du site est prévue par la rue du Campinaire. Tant que le charroi sera dévié par là, ce sera non, insiste l’échevin. Il y aurait 42 mouvements de camion par jour, au minimum. Ils s’ajouteraient à ceux de Carolo Recycling, ce qui fait 66 mouvements."
Certes, il est prévu que 20% des déchets transitent par la voie d’eau, la Sambre. C’est beaucoup trop peu. Le Port autonome de Charleroi, qui concède les terrains, exige que la voie fluviale soit utilisée à 80%. Encore faut-il que des quais soient aménagés, ajoute Grenier. Le PAC veut aussi éviter le passage par la rue du Campinaire en recourant à la liaison située derrière l’usine de Tibi, qui permettrait de relier la N90 via l’Ecopôle à l’ancienne décaperie. Le pont existant serait dès lors à rénover. De son côté, Châtelet, aussi concernée, a émis aussi un avis négatif sur le dossier Immoroute.
Avis positif conditionné
Le collège a remis, ce lundi après-midi, ses avis pour les demandes de Sodraep, qui, en bord de Sambre toujours mais sur l’Ecopôle, voudrait traiter des terres issues de ses chantiers pour en faire du remblai. Avis négatif d’Aiseau-Presles aussi, avec le même type d’arguments pour le bruit, la poussière (excepté pour le charroi), pour un dossier semblable. En revanche, le dossier Tibi, pour le broyage des résidus d’encombrants à l’usine de Pont-de-Loup, a reçu un avis favorable conditionnel. Il est notamment demandé de limiter l’exploitation du lundi au vendredi, de limiter la vitesse des broyeurs pour réduire leur bruit, de renforcer les murs antibruit prévus, de placer des capots sur les bandes transporteuses, de réaliser des campagnes de mesure du bruit.
Encerclée par Aperam et Harsco, Orbix, Recymex, Euroservices, peut-être Carolo Recycling et d’autres encore, Pont-de-Loup a la malchance de se situer à proximité de zones industrielles difficilement compatibles avec la qualité de vie des habitants, avec des effets cumulatifs des activités trop peu envisagés dans les procédures de permis, estime Fersini. Pour résoudre le problème au fond, la majorité, a dès 2017, envisagé une modification du plan de secteur en collaboration avec le Port autonome. Le but est de créer une zone mixte qui serve de tampon entre l’activité industrielle et l’habitat, ouvrant la voie à une activité de commerce et d’artisanat. La procédure progresse: la population sera consultée prochainement.
Carolo Recycling: permis obsolète en octobre
Carolo Recycling vise une activité de recyclage de matières inertes. Pour cela, elle a obtenu un permis unique qui l’autorise à mener son activité dans les bâtiments de l’ancienne décaperie. Permis qui, en dernier recours, a été attaqué par la commune d’Aiseau-Presles devant le conseil d’État, notamment en raison du charroi qui aurait emprunté la rue du Campinaire.
Un mois plus tard, la commune apprenait qu’elle avait été déboutée pour la suspension du permis. Quant à la procédure d’annulation, elle est toujours en cours. Si Carolo Recycling obtient gain de cause, l’entreprise n’aura que quelques mois pour le mettre en œuvre, le permis devenant obsolète en octobre prochain. Ce que la majorité traduit comme une victoire.