Affaire Stennier aux assises du Hainaut: un parricide pour l'accusation, un accident pour la défense

Pour l’avocat général, Miguel Stennier est coupable de parricide. Pour la défense, c’est un malheureux accident.

Belga
 Pour l’avocat de Miguel Stennier, il n’existe aucun mobile justifiant une intention parricide.
Pour l’avocat de Miguel Stennier, il n’existe aucun mobile justifiant une intention parricide. ©- 

Me Michaël Dontangelo, avocat de Miguel Stennier, a contesté l’intention d’homicide, mardi devant la cour d’assises du Hainaut. Son client est accusé d’un parricide commis à Châtelet le 8 août 2021. L’avocat avait demandé, à la fin des débats, de poser la question de l’homicide involontaire.

Le 8 août 2021, Miguel Stennier a porté un coup de couteau à son père, Christophe, en le frappant dans une zone située entre le cou et l’épaule. Le coup a sectionné une artère et touché un poumon, ce qui a provoqué une hémorragie fatale et un hémothorax massif, entraînant des difficultés respiratoires.

Mardi, en début d’après-midi, l’accusation a défendu la thèse d’un acte volontaire. La défense a estimé que Miguel Stennier n’était pas animé de l’intention de tuer son père. "Depuis le départ, il affirme que c’est un accident", a insisté Me Donatangelo. L’avocat a relevé que son client n’a jamais varié sur un point, déclarant que son père lui a foncé dessus pour le plaquer au sol.

Me Donatangelo a demandé aux jurés de se concentrer sur cette petite minute où tout bascule, entre ce moment où la mère de famille ordonne à son fils de déposer le couteau, et celui où elle crie: "arrêtez, il y a du sang". "On vous demande de deviner ce qu’il avait dans la tête durant cette fameuse minute. Quel était le mobile pour tuer son père ? Il avait du respect vis-à-vis de son père, avec lequel il avait une relation fusionnelle. Il y a une constance dans les témoignages des proches, tous parlent d’un accident. Il n’avait aucune raison de tuer son père ce jour-là."

L’accusé a menacé, juste avant cette scène, de "planter" son oncle et sa tante. "Et est-ce qu’il l’a fait ?, a demandé son avocat. Non, c’étaient des paroles en l’air. Mon client est une grande gueule, c’est incontestable."

Me Donatangelo a ajouté que Miguel Stennier avait déclaré que son père l’avait étranglé lors de la première scène. Faits confirmés par sa maman, mais aussi par l’expertise médicale.

Une zone vitale, une arme létale

L’avocat est revenu sur la dynamique de la scène, rappelant qu’il y avait trois personnes, dont deux hommes en état d’ivresse, la victime étant dans un état d’ébriété avancé.

Me Donatangelo a rappelé le témoignage de la mère de l’accusé. "Elle voit son mari arriver des toilettes, au moment où Miguel rentre. Elle raconte une histoire conforme à ce que dit son fils: Christophe s’est avancé comme s’il plongeait, afin d’immobiliser son fils. Au moment où le père se relève, il fait un pas en arrière et il y a du sang qui gicle".

Lundi, les médecins légistes ont expliqué que l’accident était incompatible en raison de la trajectoire de la lame. Me Donatangelo a avoué ne pas être d’accord avec l’avis du médecin légiste. "L’empalement est crédible dans la dynamique de la scène. S’il avait voulu tuer son père, il aurait porté plus de coups de couteau, mais il a mis un seul coup de couteau. Pourquoi la clavicule ? Pourquoi ne pas viser le cœur ?"

Enfin, l’avocat a ajouté que Miguel Stennier était en état de choc quand il a appris que son papa était décédé.

Plus tôt dans la journée, l’avocat général Gilles Dupuis a requis la culpabilité de Miguel Stennier. Pour l’avocat général, ce n’est ni un accident, ni un homicide involontaire qui a été commis, mais bien un parricide.

L’accusé ne conteste pas être l’auteur du coup de couteau qui a provoqué la mort de son père. La zone visée était donc vitale et l’objet utilisé était létal. L’accusé ne souffre d’aucun trouble mental, selon l’expert psychiatre. Ce jour-là, il avait consommé de l’alcool et du cannabis, ce qui ne change rien concernant sa responsabilité pénale, a indiqué l’avocat général.

Les répliques auront lieu mercredi. Le jury se retirera ensuite pour délibérer.

Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...