Vers une journée des délégués syndicaux à Charleroi en 2024
Le président de la FGTB de Charleroi et secrétaire régional de la CGSP-Admi évoque sa rentrée syndicale. Rencontre.
- Publié le 05-09-2023 à 17h07
- Mis à jour le 05-09-2023 à 17h53
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Philippe Barbion, vous êtes secrétaire régional de la CGSP-Admi et président de la FGTB de Charleroi Sud-Hainaut. Dans quel état d’esprit avez-vous repris le travail ?
Les vacances ont fait du bien après le Covid et les dossiers compliqués du premier semestre. Blocage des salaires avec la loi de 96, passage en franchise de supermarchés chez Mestdagh Intermarché puis Delhaize, atteinte au droit de grève avec le dispositif anticasseur du ministre de la Justice… Il y a partout de l’électricité dans l’air, de la colère et de l’exaspération. À Charleroi Sud-Hainaut, nous venons de reprendre nos comités permanents. En vertu des menaces que fait peser la loi Van Quickenborne sur les libertés syndicales, nous envisageons une action interprofessionnelle en front commun le 5 octobre, élargie au monde associatif.
À Charleroi, certaines décisions du conseil communal vous ont réjoui…
Oui, l’adoption de la charte antifasciste en début d’année est une excellente chose pour protéger notre démocratie. C’était un bien nécessaire: comme à l’approche de chaque élection, des groupes d’extrême droite vont déposer des listes, tenter de surfer sur le mécontentement et la déception des citoyens. Avec des partenaires dont la CSC, nous avons constitué une plateforme antifasciste, très réactive. Quand nous sommes informés d’un projet de meeting ou de rassemblement, nous montons au créneau !
Quels sont, pour le secrétaire régional CGSP Admi que vous êtes, les dossiers chauds de la rentrée ?
À la Ville de Charleroi et au CPAS, nous avons négocié un plan de nominations à cinq ans qui doit permettre de statutariser 50 agents de chacune des deux administrations, soit un total d’une centaine chaque année. Pour mieux prendre la mesure de cet accord, il concerne une population de près de 5 000 travailleurs. Nous sommes partis du constat que des agents nommés partent à la pension et que les nominations ne compensent pas ces départs. La mise en œuvre du protocole figure à l’agenda. C’est un des points de la rentrée.
Avez-vous renoué un dialogue constructif avec la Ville ?
Disons que les relations avec la première échevine, Julie Patte, sont meilleures qu’avec le bourgmestre. Elle est à notre écoute et de bonne volonté. Nous avons l’impression que le contact est difficile aussi avec le directeur général de la Ville qui ne veut rendre de comptes qu’à Paul Magnette.
C’est une situation propre à Charleroi ?
En règle générale, la communication est compliquée avec tous les pouvoirs locaux. Les communes nous disent qu’elles manquent de moyens financiers. Mais c’est un peu schizophrénique car les partis qui les dirigent (la plupart dirons-nous) disposent de représentants à l’étage supérieur dans les gouvernements !
Comment ça se passe dans les intercommunales ?
L’élargissement de la mission de Tibi, avec l’ouverture de nouveaux secteurs (propreté publique, répression), nous met au défi de veiller à de bonnes conditions de travail pour l’ensemble des tâches à remplir. Nous devons aussi améliorer les salaires qui restent bas. À l’Intercommunale de santé publique du Pays de Charleroi, le statut syndical n’est pas toujours bien respecté. La direction nous met parfois au pied du mur: nous avons récemment appris son intention de fermer un service. Quand nous avons exigé des précisions, elle nous a répondu que rien n’était encore fait. Mais lorsque ça sera arrivé, il sera déjà trop tard !
Vous préparez déjà les élections sociales ?
On va commencer à mettre en place les équipes qui porteront le projet de la FGTB. Nous avons des combats et de belles victoires à défendre, mais le métier de délégué est contraignant, la charge est énorme. Et les protections ne suffisent plus désormais à mettre les candidats à l’abri d’un C4, des entreprises les licencient quoi qu’il leur en coûte. On l’a encore vu récemment chez Delhaize.
Vous avez un projet d’événement pour la région de Charleroi ?
En effet. C’est une journée des délégués qui permettrait de rendre hommage aux centaines de celles et de ceux qui travaillent au service de la protection des droits de leurs collègues et de la conquête de nouveaux droits. Ça n’existe encore nulle part, nous serons pionniers. L’idéal serait de pouvoir l’organiser au début de l’année prochaine durant le premier semestre, avant les élections. J’ai présenté ce projet en congrès. Il reste à le concrétiser.