Mettet : ICM (Wanty), une entreprise hyper-recycleuse de matériaux démolis
À Mettet, l’entreprise ICM (Ingénierie et Construction Masset) a ouvert ses portes à une délégation politique. L’occasion d’un partage des projets, dont celui d’une ligne de tri complexe et innovante. Une première européenne qui devrait être implantée dans le port autonome de Moignelée (Sambreville).
- Publié le 02-06-2023 à 09h00
- Mis à jour le 02-06-2023 à 11h20
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Un ruban de casques bleus et vareuses de sécurité jaunes traverse les deux immenses halls au travail, où de nombreux éléments de construction industrielle se préfabriquent, corps de béton et cœur d’acier. Où l’on soude, ferraille et arme le béton.
Ce jeudi matin, l’entreprise ICM accueille une brochette d’invités de marque, le ministre fédéral de l’Économie et de l’Emploi en tête, Pierre-Yves Dermagne, le secrétaire d’État pour la Relance et les Investissements stratégiques Thomas Dermine, des compétences vraiment sujettes à débat entre les murs d’une entreprise familiale telle que ICM (110 travailleurs), qui a intégré le groupe 100 % wallon Wanty en 2016. Wanty, c’est 1 600 travailleurs et un chiffre d’affaires à 310 millions.
ICM performe. Depuis sa fondation, c’est quelque 700 bâtiments à grand gabarit, halls industriels et de stockage, showrooms pour concessions automobiles etc. Une réalisation emblématique parmi d’autres, dont le groupe est fier : l’érection du centre commercial La Couvinoise, inaugurée en 2012, un chantier d’envergure qui explique en partie la présence du régional politique de l’étape, le député wallon Eddy Fontaine. Mais aussi le quartier Enée à Gembloux. Enfin, ouvrage éminemment plus rare, on doit aussi à Wanty la réalisation du circuit permanent Jules Tacheny.
Ce sont des managers un brin désabusés, dont les procédures publiques pour décrocher des subsides et des permis ne rencontrent pas les ambitions, qui vident leurs sacs devant cette délégation politique fédérale au sommet, exclusivement socialiste, à l’exception de l’échevine de l’Urbanisme de Mettet, Françoise Léglise.
Entre des considérations générales sur les pièges à l’emploi (admises de tous), qui mettent les patrons d’entreprise à la peine pour recruter, et sur les sacro-saintes lourdeurs administratives de la Wallonie, le staff de direction ICM-Wanty a quand même le vent en poupe et un carnet de commandes à flux tendu. Il liste ses projets en recherche et développement, orientés tri et recyclage.
En 2023, les entreprises n’ont pas d’autres choix: il faut viser la circularité des produits, ou utiliser de façon plus efficiente les matières premières. "Circularité, parce que l’accès à ces matières premières est de plus en plus difficile", expose Fabien Collinge, directeur des Industries. Parce que les interdictions de mise en décharge se multiplient (pour le bois, le béton et les briques, c’est fini), sans compter que des filières de valorisation de certains nouveaux produits, très hétérogènes, intégrant une diversité de composants, n’existent tout simplement pas. "Il faut donc trouver des solutions en interne, innovantes s’entend, mais aussi diminuer notre empreinte carbone." Enfin, le Plan wallon des déchets ressources va vers des obligations de valorisation. Conclusion: "Wanty a fait de ces enjeux environnementaux un vrai pôle de développement transversal." Une des solutions consiste à valoriser les déchets. Exemple: les mélanges terre-cailloux pour lesquels Wanty a investi dans une unité de lavage et de traitement. Ce qui permet de transformer ce qui était à l’origine un déchet en de nouvelles matières premières, tels du sable et des granulats. Le déchet ultime est un cake qui, c’est à l’étude, pourrait finir en remblais portants ou refondation.





Au port de Moignelée
Mais, le Graal, c’est une ligne de tri infiniment plus complexe, et totalement innovante pour matériaux démolis ou déconstruits: "Dans le cadre de démolitions urbaines, trier sur place est laborieux et coûteux. Sur cette ligne spécialisée, on pourra déverser tous les matériaux bruts constituant une maison, châssis, carrelages, gaines et câbles électriques, tuiles ou ardoises, et l’unité de tri, par lecture optique, triera d’elle-même ces différents composants afin de mieux les réutiliser." En résumé, pour un mono produit qui rentre, la machine en sortira dix. Cet investissement, subventionné, est déjà bien engagé. Wanty s’est associé avec un partenaire italien (le groupe Matec) pour concevoir cet ensemble de trieuses dernier cri. "L’ingénierie est terminée. La machine est commandée. On finalise les demandes de permis", poursuit l’orateur. À présent, le défi à relever consiste à trouver une friche industrielle, d’environ 10 ha, pour implanter cette grande première européenne. Le groupe hésite entre deux choix: à Seneffe, mais le site ciblé (Demanet-Cassart) reste à dépolluer, sans compter un probable recours de riverains, ce qui postpose le projet à minimum 5 ans. alternative, pour aller plus vite: au port autonome de Moignelée (Sambreville), dans un nœud géographique idéal. Le transport de ces déchets valorisables se fera par voie d’eau. Échaudé, Wanty craint d’être dribblé, parce que tout traîne en Wallonie. "Cette ligne est vraiment innovante. Nous sommes les premiers à le développer en Europe. Mais on risque d’être deuxième sur la marche parce que nous n’avons pas l’endroit pour lancer la machine. Il y a toujours une petite pièce qui vient la gripper et qui empêche d’avancer", dit-il. Or, pour réussir, il faut être premiers.