Fosses-la-Ville : sur la place du Centenaire, quel avenir pour la baraque à frites ?
Autant que faire se peut, le collège recrée du logement, main dans la main avec le privé. Lundi, le conseil communal a voté la revitalisation de la place du Centenaire, avec des égards pour son frituriste (Chez Claude), dont le commerce est en sursis. Après lui, la baraque à frites ne devrait pas survivre.
Publié le 23-05-2023 à 09h15 - Mis à jour le 23-05-2023 à 21h50
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La place du Centenaire (de la Belgique) n’est actuellement guère avenante. Son pourtour bâti repose sur une terne surface asphaltée, déroulée hors de tout cadre structurant. Si bien qu’on s’y presse comme au milieu du 20e siècle, dans un grand désordre de fonctions. Mais tout n’y est pas gris et morose pour autant. Ainsi, le week-end, la place s’anime de la clameur des luttes ballantes tandis que, sur son côté de la rue d’Orbey, elle honore la réputation des Belges puisqu’une friterie (Chez Claude) y remplit à belle allure des sachets de frites dorées et croustillantes à souhait. Il n’est d’ailleurs pas rare qu’on fasse la queue devant cette chaude "baraque".
Cette place, dont il n’y a guère plus de gens pour évoquer les effusions de la célébration du centenaire, en 1930, est promise à une renaissance à la modernité, entre places de parking et plantations nouvelles. Rétroactes : la restauration de la place entre dans le cadre de l’opération, au long cours, de revitalisation urbaine, qui consiste à recréer du logement de qualité aux normes et, partant, de booster l’attractivité de la ville. "Quand le privé investit 2 € dans le logement, nous recevons 1 € de la Région pour revitaliser l’espace public, et donc embellir les abords", cadre l’échevin Bernard Meuter.
Le projet, qui n’est pas neuf (nous en avions déjà fait écho en octobre 2020), accouche d’une convention tripartite, signée par l’investisseur privé (Prud’Invest), la Commune et la Région.
Il consiste en la réhabilitation de deux anciennes surfaces commerciales mitoyennes, un café et une boutique de fleurs, toutes deux à l’abandon depuis une dizaine d’années et faisant piètre figure à cette entrée de la Ville. Dans ces deux coquilles vides, l’entrepreneur privé aménagera 12 logements.

Des poteaux rétractables
Lundi soir, au conseil communal, l’heure est à la présentation des dessins définitifs de cette place publique telle que vue par des compétences internes à l’administration fossoise. Dans les grandes lignes, on ne ravale pas le revêtement de surface et, logique, on ne touche pas à l’aire de jeu des pelotaris, laquelle sera protégée de tout parasitage par une ligne de poteaux, certes rétractables afin d’agrandir l’espace de stationnement en cas de grosse affluence.
La Ville remet dans les clous 16 places de parking et verdurise copieusement.
En bref, personne n’a vraiment rien à en redire, sauf que, dans ce nouveau décor, que va devenir ce haut-lieu de la bonne frite? "Sur les dessins, je vois qu’elle a disparu, réagit la cheffe de groupe PS, Marjoline Dubois, alors que c’est une enseigne qui tourne depuis longtemps (2008). Que faire des frites n’est pas leur hobby mais leur métier, leur gagne-pain."
Selon le PS, le couple de frituristes a été averti du réaménagement du lieu par les on-dit de sa clientèle. En filigrane, le parti à la rose persiste à penser que la majorité UD ne consulte pas les riverains et n’inclut pas assez ces derniers dans sa réflexion, allusion à d’autres dossiers en cours (le réaménagement du centre, le kiosque etc). "En général, les impliquer davantage est une bonne idée, de manière à susciter moins d’opposition, même si le projet de la place du Centenaire est très bien", commente-t-elle. Le plus fou, c’est que, sur le banc du collège, on pense tout le contraire. Il n’y aurait pas d’autres communes que Fosses où l’on consulte autant les citoyens, au sein de commissions. Et le réaménagement de la place du Centenaire n’échapperait pas à cette règle d’or.
"Depuis le début, on a voulu les associer au projet, réplique Bernard Meuter. Je les ai avertis en son temps que, tant qu’ils resteraient en activité, leur commerce n’était pas en péril. On ne les embêtera pas. Rien ne sera entrepris contre eux." Par contre, ils occupent l’espace public à titre précaire, juridiquement parlant, ce qui signifie que chaque partie peut y mettre fin à tout moment. Dans ce cadre-là, la cession du fonds de commerce apparaît impossible. Leurs friteuses éteintes, adieu les frites. "Cela, cette précarité, ils la connaissent depuis le début".
Selon Bernard Meuter, "parce que ce commerce est un lieu (de bouche) phare, on était à leurs côtés, prêts à faire autre chose, à pérenniser leur activité et à les intégrer au projet, jusqu’à leur proposer d’abandonner la structure légère pour une construction en dur", mais les intéressés ont décliné. "Ce qui est vrai à un moment donné peut cesser de l’être des années plus tard. Leur situation ou leur vision ont peut-être évolué", poursuit le mandataire. Mais c’est un peu tard. Le collège n’a pu prendre qu’un engagement: reprendre langue avec les frituristes pour discuter de leur avenir. Peut-être ceux-ci leur diront-ils que les Fossois, si on leur laissait le choix, préféreraient sûrement la place avec des frites.
Le collège communal ne dispose d'aucun calendrier de début et fin des travaux. Préalablement, il faut que la Wallonie valide le projet. Sitôt approuvé, ce dernier reviendra à Fosses où le conseil pourra élaborer l'appel d'offre et voter le lancement du marché public.

