Cocasse | Sambreville: l’informatique s’invente des proprios de seconde résidence
Quelques citoyens ont été ciblés comme propriétaires d’une seconde résidence ayant oublié de déclarer celle-ci. L’erreur est informatique.
Publié le 19-05-2023 à 21h42 - Mis à jour le 20-05-2023 à 07h17
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Heureusement que le conditionnel est de mise. "Il a été identifié que vous seriez propriétaire d’une seconde résidence". La phrase est extraite d’un courrier de l’administration communale de Sambreville on ne peut plus officiel, signé de la directrice financière Anne-Sophie Charles, et laissant entendre que son ou ses destinataires auraient omis de déclarer ce signe extérieur de richesse ou de revenus aisés. En l’occurrence, il s’agit d’une dame, Colette Leruth. Pas bien ça, chère Madame, a fortiori dans une commune où tous les curseurs montent et descendent à gauche.
Le problème, vous l’aurez deviné puisque nous en faisons état, c’est que cette seconde résidence n’existe pas. Colette Leruth, une Taminoise domiciliée au numéro 8 de la rue Bâty-Sainte-Barbe, pourrait prendre le ciel à témoin qu’elle ne dispose d’aucune seconde résidence à Sambreville. Ce qui doit être hyperfacile à démontrer.
Quoique mal informée, la missive indique cependant un peu plus loin que le mal n’est pas encore totalement commis. Magnanime, l’administration accorde un nouveau délai à la contribuable (jusqu’au 15 juin) pour se mettre en ordre et déclarer cette seconde résidence (au moyen d’un formulaire annexé). Faute de quoi, elle entamera une procédure de taxation d’office, ce qui pourrait entraîner une majoration de 10 à 100% du montant de la taxe. Depuis la nuit des temps, l’humanité ne rigole pas avec la perception du sonnant et trébuchant.
Cocasse mais inévitable
D’après l’administration, la supposée seconde résidence non-déclarée se trouverait à un numéro 8, mais à la rue Bâty-Saint-Pierre, à quelques rues de la Bâty-Saint-Charles. Vous nous suivez ? Or, à cette adresse, où une saine curiosité a conduit le conjoint de Madame Leruth, vit une autre dame, dans un immeuble à appartements. Et celle-ci a été fort déconfite d’apprendre par un courrier tout aussi officiel qu’elle est locataire de l’appartement dont elle est… propriétaire. Grandiose.
Faut pas être grand clerc pour comprendre que la méprise est due à un cafouillage informatique et qu’aucun humain ayant des neurones n’a le temps de vérifier tout ce que la machine, ici pas encore convertie à l’intelligence artificielle, peut produire comme surréalisme en matière d’enrôlement de taxe. Sans se démonter, Colette Leruth a renvoyé le document complété sur lequel elle signale simplement ne pas être doublement propriétaire en sa bonne commune et que, conséquemment, cette taxe ne peut lui être réclamée. Quant à sa voisine, elle a envoyé un courriel plus piquant expliquant que, si elle était propriétaire d’une seconde résidence, elle ne l’aurait sûrement pas achetée à Sambreville. Un poil vache pour une commune de la Sambre basse vantant son chaleureux capital humain.
Au-delà, Colette Leruth s’interroge: comment de tels courriers erronés parviennent-ils à échapper à la vigilance du service des Finances? Combien ont été envoyés? Enfin, est-il imaginable que des personnes distraites se soient acquittées d’une taxe indue?
Nous avons interrogé le directeur général de l’administration, Xavier Gobbo, qui incrimine donc, et à raison, le système informatique.
Comment est-ce possible? Simple. "Plus on informatisera, plus ce genre de situation (plutôt cocasse) se présentera. C’est inévitable", poursuit-il. Vu le nombre de Sambrevillois concernés par cette taxe (autour de 1500), il est juste humainement impossible que le service Recette vérifie sur le terrain au cas par cas, maison par maison, ce que la machine affirme avec insolence. Certes, rassurons-nous, ces bévues informatiques demeurent marginales.
Le DG rassure aussi les citoyens dont la quiétude aurait pu être troublée, voire la mémoire, par ce courrier téméraire. Seraient-ils plus riches qu’ils ne le pensent ? Il les invite à contacter le service Recette où l’erreur sera rectifiée et leur honneur de redevable civique n’ayant rien à cacher restauré.