Jemeppe-sur-Sambre : "Lassée de ne pas être écoutée", La conseillère Vandam quitte la majorité
En réflexion depuis plusieurs mois, la conseillère communale Dominique Vandam (Les Engagés), se détache de la majorité JEM. En siégeant comme indépendante, elle veut récupérer sa liberté de parole.
Publié le 17-05-2023 à 06h00
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Des rumeurs avaient circulé il y a un peu plus d’un an. Et, rétrospectivement, Dominique Vandam le reconnaît: elles étaient fondées. "C’était il y a 15 mois environ. J’avais écrit ma lettre de démission au collège. Mais Stéphanie Thoron avait demandé à me voir et, au bout de deux heures, elle m’avait convaincue de renoncer." Cette fois, elle ne fera pas marche arrière. La conseillère communale, membre des Engagés et élue sur la liste JEM de la bourgmestre Thoron (MR), se détache de la majorité et siégera comme indépendante. Elle a introduit deux points supplémentaires à l’ordre du jour du conseil communal de ce 22 mai. L’un pour signifier et expliquer son retrait. L’autre pour évoquer le dossier qui constitue, selon elle "la goutte qui fait déborder le vase".
"Pas de vision globale, pas de concertation"
Ce dossier qui la fâche concerne les velléités du collège d’urbaniser une série de terrains, sur 6 hectares, du côté de la rue de Soye et de Floreffe, à Spy. La conseillère se pose des questions sur la pertinence du projet et la manière dont il est en train de se ficeler (lire ci-contre). "On va me dire que j’aurais pu en parler en majorité, mais je suis lassée. Cela fait trop longtemps que j’ai le sentiment que comme conseiller de la majorité on n’a pas grand-chose à dire, qu’on n’est pas écouté."
Et de citer plusieurs autres cas, plus ou moins récents, qui l’ont confortée dans cette idée. Exemples: d’abord le projet du site dit de la Cerisaie, à Spy. "La majorité précédente, de Joseph Daussogne, voulait y installer une trentaine de logements. Quand Stéphanie Thoron et son collège sont arrivés au pouvoir, ils l’ont stoppé, alors que c’était très avancé, pour, disait-on, réfléchir à quelque chose qui tienne plus compte des riverains, des enjeux de mobilité dans la localité. Puis finalement le projet est passé moyennant le fait qu’on y intégrerait une salle pour les associations… mais j’ai appris qu’il n’y avait rien de signé avec le promoteur. On n’a donc aucune garantie que cette salle sera bien présente."
Dans une série de dossiers d’urbanisme et d’aménagement du territoire, Dominique Vandam a le sentiment que le collège avance sans réflexion globale et sans concertation: "Au début de la législature, il y avait des réunions citoyennes, mais depuis 2019 il n’y en a plus…"
"Pas de liberté de parole"
La voix des habitants n’est pas entendue, dit-elle. Et celle des conseillers non plus, le collège traçant sa route sans écouter ses troupes: "Je sais bien qu’être simple conseiller au sein d’une majorité c’est une position particulière, qu’on doit évidemment respecter le projet collectif. Mais je déplore qu’on n’ait pas de liberté de parole. Pour intervenir au conseil communal, on doit faire valider son texte par le collège…" Par deux fois, raconte-t-elle, Dominique Vandam a pris la parole en dehors des clous, pour questionner sur des points pendant le conseil. "La première fois, à nouveau sur des questions d’urbanisme, ce fut très tendu, on m’a clairement fait sentir que c’était mal perçu. La seconde fois, sans l’avoir préparé, j’ai demandé pourquoi on augmentait d’autant la délégation au collège pour les achats. Avant c’était pour des montants jusque 25.000€. Désormais c’est jusque 60.000 €. Ca me semblait beaucoup et je me suis abstenue au vote. C’est mal passé. Stéphanie Thoron a voulu me convoquer, j’ai refusé." Ce dernier cas illustre, dit la sécessionniste, une tendance qu’elle déplore: "Par une série de décisions, comme pour les achats, le conseil est dépossédé de son rôle. Pour la même raison, aujourd’hui je regrette d’avoir voté la délégation au collège pour la gestion des contrats du personnel. Des gens sont licenciés, et on n’a rien à dire. C’est interpellant…" Par une reprise de son indépendance, Dominique Vandam veut récupérer sa capacité d’expression: "Dans le respect des personnes." Mais elle le dit tout de même, à refaire, elle ne signerait plus pour figurer sur une liste JEM: "J’ai été trop déçue…"