Mettet : le collège communal attend le feu vert régional pour réhabiliter la carrière du Fay
Sans attendre l’épilogue judiciaire, le collège s’engage à assainir la carrière du Fay. "Pour plaire à la justice", estime la minorité Écolo.
Publié le 28-04-2023 à 00h29 - Mis à jour le 28-04-2023 à 00h34
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De tous les points, celui relatif à l’avenir de l’ancienne carrière du Fay, à Biesmerée, fait écho à une actualité judiciaire toujours chaude. En effet, pour rappel, six mandataires, dont deux retraités de la politique, sont poursuivis devant le tribunal correctionnel de Namur pour avoir autorisé des déversages de déchets essentiellement inertes dans cette ancienne carrière pendant près de vingt ans.
Les six ont comparu le 18 janvier. Initialement fixées au 3 mai, les plaidoiries ont été postposées au 21 juin.
L’examen du rapport du bureau d’étude spécialisé en dépollution des sols, Siterem, en vue de réhabiliter le site, intervient donc dans un entre-deux. C’est que, sans attendre une éventuelle sanction pénale, le collège entend démontrer sa ferme intention d’investir à l’endroit de cet ancien site d’extraction, et ce afin que la faune et la flore y reprennent leurs droits, et que la biodiversité s’y redéploie. Sans y être obligés mais redoutant des critiques compte tenu de l’explosivité politique du dossier, les 4 prévenus présents, le bourgmestre Yves Delforge, l’échevin Robert Joly, les conseillers Arnaud Maquille et Jules Sarto, ont préféré sortir de ce débat.
"Si on va en prison, faudra bien faire sans nous", ironise le mayeur.
Des cinq plans d’assainissement proposés, Siterem a retenu celui à un peu moins de 20 000€ HTVA. Mais il en existe un autre à… 600 000 €.
Siterem a décroché ce marché, d’abord pour investiguer le contenu du sous-sol, et aller au-delà des forages préliminaires, puis envisager un projet de réhabilitation.
Qu’en ressort-il ? En l’absence du bourgmestre, l’échevine Françoise Léglise en tire les grandes conclusions, très rassurantes et favorables pour Mettet: "Absence de pollution nuisible à l’environnement. Les matériaux mis en remblais relèvent davantage de remblais terreux que de déchets dangereux."
Gros soupir de soulagement puisque la commune s’évite une coûteuse opération d’excavation et de retraitement de ces déchets dans des filières spécialisées.
C’est déjà la question, et le malaise, qui avaient déteint sur l’instruction d’audience: le dossier n’avait-il pas été exploité politiquement, et monté en épingle par les perdants de l’élection de 2018 ?
Jeudi soir, les élus sont invités à entériner le rapport et, sous réserve de l’accord de la Région, à s’engager à exécuter ces travaux de remise en état
La minorité ne partage pas cette même vision angélique du dossier. "Moi, je n’ai pas lu le même rapport, intervient Jean Adam (PS). Peut-on revenir à une véritable vérité ?" Celle des chiffres d’abord: 62.702 m3 de remblais, qui vont jusqu’à 15 mètres de profondeur, ont été mis en décharge dans la carrière.
Une pollution ubiquiste
Le conseiller épingle un dégagement de méthane de l’inerte: "Si ce n’est pas de la pollution, moi, ça me fait rigoler." Il égrène ensuite: un faible risque d’explosion, le fait qu’un charroi lourd pourrait libérer de l’amiante dans l’air, la présence de carbazole (un déchet goudronné de voirie), la présence de déchets de maçonnerie, de ferrailles, de tôles ondulées suspectes etc.
Françoise Léglise ne se déporte pas de la conclusion générale, qui seule importe: Siterem ne relève qu’une pollution infime, en quantité négligeable. "Si tu mets en doute les conclusions de leur rapport, libre à toi de le faire."
Le dégagement de l’amiante ? "Il n’y en aura pas, réplique l’échevine, puisqu’il n’y aura pas déplacement des remblais. S’il y avait eu excavation, alors oui, les charrois auraient pu libérer de l’amiante. Ce qui compte ici, c’est la conclusion qu’on peut assainir le site." Et à peu de frais.
Qu’en pense Écolo, justement soupçonné d’avoir agité l’épouvantail d’une mégapollution ? "Recevoir ce rapport d’un projet d’assainissement de la carrière, c’est une très bonne nouvelle. Enfin, après tant d’années, Mettet va prendre les choses en main sur le plan environnemental." s’enthousiasme ironiquement Bénédicte Rochet. L’écologiste s’est elle aussi étranglée à la lecture de ce rapport, car ce dernier indique noir et blanc qu’il s’agit bien de prendre en charge la… pollution, causée par des déversements illégaux multiples. On est donc bien loin du dossier politique monté de toutes pièces par Écolo comme certains, dans la majorité, ont voulu le laisser croire."
Elle est interrompue par le président de la séance, Claude Boussifet: c’est hors sujet.
Parenthèse vite refermée pour cibler "une pollution ubiquiste, càd concentrée en micropolluants hypermobiles […] Ce n’est pas rien. Alors, j’ai l’impression qu’on nous demande d’entériner ce rapport parce qu’il y a une procédure judiciaire, assène-t-elle, et qu’il faut montrer une bonne volonté." L’élue, elle, exige un acte de foi pur, sans arrière-pensée: "Si on l’entérine, ce n’est pas parce qu’il y a une procédure judiciaire en cours mais une réelle nécessité environnementale." Et Bénédicte Rochet de proposer dès lors de supprimer tous les considérants faisant état du procès en cours. De la cosmétique qui sera acceptée après une suspension de séance.
L’échevine Léglise: "Il est aussi indiqué que, condamnation ou pas, la volonté est d’assainir le site." C’est la bonne nouvelle de la soirée: quoique décide le juge, cette carrière est promise à enfiler de nouveaux habits verts.Vous jouez le ballon ou l’homme?
Vous jouez le ballon ou l'homme?
Pour la majorité, Damien Flomont, lui, invite les élus à s’en tenir à la conclusion : «Si pollution il y a, ce n’est pas (la décharge de) Mellery (Villers-la-Ville). On en est très loin.Le but du conseil, rappelle l’élu ROPS, c’est de faire en sorte que la pilule soit la plus digeste possible, s’agissant de deniers publics. Or, parfois, je me demande si on joue le ballon, ou l’homme?, ciblant clairement Écolo et le PS.