Procès de Sébastien De Leenheer: Aurélie Montchery a été la victime d'un véritable acharnement
Les policiers et les experts ont témoigné au procès de Sébastien De Leenheer. Ils évoquent "un homicide avec beaucoup de violence". L’accusé explique avoir été envahi par la rage quand Aurélie lui a dit qu’elle voyait un autre homme.
- Publié le 24-04-2023 à 21h48
- Mis à jour le 24-04-2023 à 22h49
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Le procès de Sébastien De Leenheer, accusé d’avoir assassiné Aurélie Montchery à Châtelet, le 1er novembre 2019, a débuté lundi devant la cour d’assises du Hainaut à Mons. L’accusé est en aveux d’avoir porté une vingtaine de coups de couteau à son ex-compagne, déclarant qu’il avait vu rouge quand elle lui a annoncé qu’elle voyait un autre homme.
Depuis sa sortie de prison, le 22 octobre 2019, l’accusé cherchait à entrer en contact avec la victime, alors que le juge d’instruction lui avait interdit de la revoir. L’accusé avait d’ailleurs été placé un mois en détention préventive car il n’avait pas respecté cette condition en septembre, à la suite d’une plainte déposée par la victime.
Lundi, la cour d’assises a auditionné le juge d’instruction, les policiers et les experts désignés dans le cadre de cette affaire. Il ressort des auditions que l’accusé n’a pas dit toute la vérité lors de l’enquête, et que sa version a évolué au fil du temps.
Il a ainsi déclaré qu’un couteau se trouvait dans une portière de la voiture d’Aurélie. "Plus tard, il a déclaré qu’il était allé chercher un couteau dans son garage", relève le juge d’instruction. Il a répété ce geste lors de la reconstitution. Il y avait aussi un pistolet factice, que l’accusé a placé dans sa bouche avant de tuer la victime.
Selon l’étude des traces de sang, des coups ont été assignés à la victime dans le fond du garage. La victime a ensuite été traînée jusqu’à l’avant du garage, puis placée dans le coffre de la voiture. Les photos de la victime témoignent d’un véritable acharnement.
De nombreux coups de couteau et un jet de brique
Le docteur Alain Duverger est descendu sur la scène de crime, le jour des faits. "On s’est rendu compte de la présence d’importantes plaies au niveau de la face, du cuir chevelu, du thorax, de l’abdomen. Il y avait aussi des lésions de défense. Nous étions face à un homicide avec beaucoup de violence", dépose-t-il devant la cour.
Il a procédé à l’autopsie, en compagnie du docteur François Beauthier, deux jours plus tard. "Plusieurs côtes ont été fracturées. Le crâne a également été fracturé. Les coups de couteau ont provoqué d’importantes hémorragies."
Plusieurs organes vitaux ont été touchés: le poumon gauche, qui s’est compressé, et le foie. Toutes les voies respiratoires supérieures ont été inondées de sang.
De nombreux coups ont été relevés sur le visage de la victime. "Nous avons des lésions de contusion au niveau frontal. Nous avons trois plaies horizontales, très profondes, comme si on avait utilisé l’arme comme un sabre. Ces plaies ont abondamment saigné."
En conclusion, plusieurs types de traumatisme ont été relevés sur tout le corps provenant d’une lame. Il y a des plaies au visage, provoquées par un objet contondant. La cause du décès est un syndrome hémorragique au sens mixte du terme, asphyxie des voies respiratoires et pneumothorax gauche. Le médecin légiste y ajoute l’important traumatisme crânien.
Lors de la reconstitution, l’accusé a déclaré qu’il avait jeté une brique vers la victime. Selon le médecin, cela peut expliquer la plaie au front. Toutefois, les légistes n’ont pas été convaincus par la version de l’accusé. "Il n’explique pas comment il a donné les coups de couteau."
Le procès se poursuivra mardi.
Le président de la cour a interrogé l’accusé. Celui-ci a admis qu’il était très possessif, jaloux et qu’il pouvait facilement s’énerver. Quelques mois avant le drame, il soupçonnait déjà Aurélie d’avoir un autre homme dans sa vie. Celle-ci s’est d’ailleurs présentée au commissariat de Montignies-sur-Sambre le 24 septembre 2019, pour dénoncer les faits de coups et de harcèlement qu’elle déclarait subir depuis un an
Sébastien a été interpelé par la police pour être auditionné, à la demande du parquet. Le 25 septembre, un juge d’instruction a décidé de le relaxer, moyennant le respect de mesures alternatives. L’inculpé a alors eu interdiction pour trois mois de prendre contact avec Aurélie, mais à peine sorti du palais de justice de Charleroi, il s’est mis à la recherche de la femme.
Dénoncé, Sébastien De Leenheer a de nouveau été privé de liberté et placé en détention préventive. Un juge d’instruction l’a libéré, le 22 octobre 2019, à nouveau moyennant le respect de mesures alternatives à la détention préventive. Il ne pouvait plus contacter la victime. Une fois de plus, il n’a pas respecté la décision judiciaire. Face à lui dès le lendemain, Aurélie lui a demandé "de lui laisser du temps". "Elle avait peur de moi", admet Sébastien.
Le 30 octobre, il se rend à une soirée Halloween, alors qu’il n’est pas invité, selon l’organisateur. Aurélie est présente. "Je me suis assis près d’Aurélie. Son fils s’est placé entre nous deux. Il avait probablement peur pour sa maman. Pourtant, on s’est vu au parc à Montignies, la veille, et j’ai donné des cadeaux aux enfants", fait-il valoir.
Sébastien prétend qu’il a passé la nuit du 31 octobre au 1er novembre avec Aurélie, et qu’ils ont eu une relation sexuelle dans une voiture, sur le parking d’un hôpital. La téléphonie ne confirme toutefois pas qu’ils ont passé la nuit ensemble.
Le vendredi 1er novembre, vers 17h25, le corps sans vie d’Aurélie est découvert dans le coffre de sa voiture, stationnée dans un garage rue Vandervelde à Bouffioulx. L’autopsie met en évidence 29 plaies sur le corps de la victime, mortellement frappée à l’arme blanche.
Selon l’accusé, Aurélie lui a dit qu’elle voyait un autre homme, alors qu’ils se trouvaient au garage. "J’ai pris mon pistolet air-soft. Je l’ai mis dans ma bouche. Elle criait de ne pas faire de conneries. Je l’ai poussée, elle est tombée contre les briques. J’ai vu rouge. J’ai donné des coups de couteau partout. Je n’étais plus moi-même. J’ai pris peur, je suis parti. J’ai pleuré. Je suis revenu au garage, je l’ai mise dans le coffre, en la tirant par la ceinture".
Outre le fait d’être poursuivi pour l’assassinat de son ancienne compagne, Sébastien De Leenheer doit aussi répondre du port d’un couteau et d’un pistolet factice, du vol de la carte bancaire de la victime, ainsi que de son utilisation, de coups portés à sa compagne et à sa fille mineure, et de harcèlement et de menaces.