Fosses dit oyi : le wallon ouvre tout en saveur les portes de l’espace Winson (vidéo)
Fosses dit à nouveau "Oyi au wallon", mais cette fois plus officiellement. À deux jours du Lætare, la cité des Chinels va un pas plus loin: les bureaux de l’administration sont désormais renseignés d’une très parlante citation dialectale.
Publié le 17-03-2023 à 23h07 - Mis à jour le 20-03-2023 à 09h23
Une élégante signalétique sur les portes de chaque bureau et salle. Ce vendredi matin, le chargé de communication Jean-Pierre Romain s’applique à garnir chacune d’un panneau en carton-plume. Il y est fait mention des noms et prénoms des occupants du bureau, et de leur fonction au sein de l’administration, qu’ils soient affectés au service finances/taxes/comptabilité qu’à celui des ressources humaines. Même la porte d’entrée a droit à sa ritournelle dialectique, une ratoûrnûres, jusqu’à la salle des mariages et ce petit appareil qui va de pair avec le métier d’un agent public de l’État: la pointeuse, dont une expression wallonne ne peut mieux signifier que "La plus belle, comme la plus dure des journées, finit toujours par aboutir à son terme". I n’èst d’si long djoû qui n’arive à l’nêt

Le chargé de communication accroche les savoureux panneaux à quelques heures du début d’un parcours inaugural réservé au personnel communal et aux élus. Quel autre jour plus idéal qu’un vendredi de travail à bureaux fermés précédant le carnaval du Lætare ?
Mais, diantre, pourquoi le service dédié au développement local s’amuse-il à truffer l’administration de citations en wallon ? Parce que Fosses, accompagnée de 13 autres communes, a adhéré officiellement au label "Ma commune dit oui aux langues régionales", dont le wallon. Une plaisante initiative qui revient à la Fédération Wallonie-Bruxelles afin d’encourager les citoyens à être fiers de leur langue et de leur culture et, partant, à ne pas oublier leurs racines. "Celui qui oublie ses racines n’atteint jamais sa destination", prophétise un proverbe philippin.
Ça fait rîre li Bon Diè !

"Adon, causans walon, èt tortos èchone !", résume Jean-Pierre Vandersmissen, qui pilote cette sympathique promotion du wallon au sein de l’Espace Winson. Au total, 28 phrases ou citations, déclinées avec humour, rendent chaque porte joyeuse, ou dédramatisent par exemple un service aussi sérieux que celui du CPAS, en ce qu’il soutient des citoyens précarisés ou démonétisés par les crises. Les maximes en wallon ont l’art de voir le bon côté des choses, et de positiver ce qui, a priori, chagrine. "Deûs pôves qui s’copèlenut, ça fait rîre li Bon Diè !", peut-on lire. Bon, on vous la traduit en français: "L’image de deux pauvres qui s’entraident, réjouit le Bon Dieu !"
Cette conversion générale des vitrines de l’administration, même si tout le monde aura compris que la langue véhiculaire officielle reste bien évidemment le français, aura amené les promoteurs du wallon à se dérouiller les méninges. Ce ne fut pas toujours simple.
Par exemple, comment imager le service informatique dans la langue de nos aïeux ? "On n’a pas inventé les mots mais les phrases, oui. À ma connaissance, le mot informatique n’est pas traduisible en wallon", indique le coordinateur de l’opération. Que dire de ce service ? À Fosses, ça donne ceci: "Afaîres, agayons, djindjoles, puces èt soris, po lès cias qui boutenut véci è po leû d’ner aujîyemint l’loyûre do monde ètîr." La traduction ? "Affaires, ustensiles, choses, puce et souris, pour ceux qui travaillent ici et pour leur donner le lien du monde entier".
14 h 30, fin du parcours guidé. La dernière station est celle du bureau du bourgmestre, "li tch’vau qui mwin.ne l’atèléye qu’atrape todi li côp di scorîye." Le cheval qui mène l’attelage et qui reçoit toujours les coups de fouet. Son locataire, Gaëtan de Bilderling, ne s’en porte pas trop mal. Il dévoile la plaque en déclarant. "Asteûre c’èst scrî, Fosses dit todi Oyi !"