Sambreville : un pôle décarbonant la mobilité
Dans le portefeuille des projets de développement régional co-financés par l’Europe, celui du Mobipôle de Tamines s’inscrit dans un futur décarboné, où la voiture sera détrônée.
Publié le 12-01-2023 à 06h00 - Mis à jour le 12-01-2023 à 12h44
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C’est un projet enthousiasmant pour l’avenir de Tamines, que n’importe quel citoyen préoccupé par la mobilité et le réchauffement de la planète voudrait voir advenir. Il est question de l’aménagement d’un Mobipôle à l’endroit d’une friche industrielle, sur le site de l’ancienne imprimerie Samera qui a fermé en 2010, à quelques minutes à pied de la gare ferroviaire, de la gare des bus et du centre.
Sambreville a acquis le site de Samera à dessein, avec l’intention de le réaménager afin qu’il accueille une mixité de fonctions urbaines complémentaires: du logement, des commerces et des services publics. La Wallonie devrait valider la procédure SAR (site à réaménager) début 2024.
La zone concernée reprend le site de Samera mais également la zone tampon qui s’étend jusqu’à la Sambre.
Ce Mobipôle est le projet numéro 2 d’un portefeuille en comptant 5 siglés Feder, pour Fonds européen de développement régional. En clair, la Région et l’Europe le co-financeront. Une aubaine.
Déposés en 2022 au gouvernement wallon, les lauréats seront dévoilés au printemps 2023. L’occasion de le détailler plus amplement car ayant de grandes chances d’être retenu, pour sa vision novatrice, de surcroît effaceuse d’une friche sans âme.
Il est en effet exemplaire par le fait qu’il projette l’image d’un cœur de ville modernisé, déplacé et réinventé à travers le prisme des enjeux environnementaux et de l’urgence à décarboner la société et la mobilité. L’actuel centre est depuis longtemps sinistré, avec pour vitrine-phare une rue de la Station n’étant plus que l’ombre d’elle-même.
Le Mobipôle prendra la forme d’un immeuble silo à l’architecture contemporaine. Il entend prioritairement interconnecter les modes de mobilité douce: les pistes du réseau cyclable, le tronçon du RAVeL Namur-Charleroi (accessible via le quai du halage, à 500 mètres de là). Enfin, faciliter la connexion des modes doux au nœud de mobilité du transport en commun, la gare de Tamines et la gare des bus TEC, toutes deux situées à équidistance du Mobipôle, à environs 100 mètres.
Mais il y a plus ambitieux: Sambreville rêve cette infrastructure modulaire capable de modifier les rapports et l’usage à la voiture individuelle.
Un mixage de mobilité
Dans la future hiérarchie mobile, les piétons et les cyclistes occupent le haut du podium. Le train et le bus la seconde place. La voiture arrive bonne dernière.
L’offre de services de la futuriste plateforme découragera l’ autosolisme. Mais elle aura toujours des égards pour les automobilistes, surtout les plus futés, ceux qui, venant attraper le train, joueront le jeu de la multimodalité. Par exemple, on leur évitera de pester pour trouver une place de parking.
Le Mobipôle chouchoutera les usagers mais offrira aussi une solution de parking aux enseignants, aux commerçants et autres prestataires de services. Des places seront aussi disponibles pour le covoiturage (P + R).
Au-delà de réconcilier la mobilité avec l’air du temps, l’autre objectif majeur du Mobipôle consistera à désencombrer l’actuel centre d’un grand nombre de places de stationnement pour rendre celui-ci plus attractif et plus dynamique.
Le Mobipôle fluidifiera les échanges entre modes de transport (les doux et les rapides). En tant que réacteur de mobilité, il proposera une solution intégrée ou mixte. À cet effet, il agrégera les différents services en lien avec la SNCB et le TEC, des navettes de transport à la demande, collectives ou individuelles – (taxi social, taxi privé, navettes PMR dédiée au CHR Val de Sambre). Mais encore des voitures partagées (au plus près des voies) et, à l’attention des usagers du vélo, une vélostation sécurisée. Avec des services additionnels à la clef dictés par l’évolution des technologies: des bornes de rechargement (avec de l’électricité issue d’une centrale photovoltaïque), une conciergerie dotée d’un service d’envoi et de réception des colis, un seul Bancontact distributeur de cash (Batopin) etc.
Concentrant autant de services, l’ancien site Samera incarnera la nouvelle ville, plus avenante, apte à capter de nouveaux citoyens en quête d’une résidence de qualité.
En effet, la réversibilité sera prise en compte. Les étages de parking pourront être reconvertis en espaces de services, de bureaux ou de logements, dès l’instant où l’usage de la voiture individuelle cessera d’être dominant. Et, bien sûr, le plus tôt sera le mieux.