Mettet: pas de distributeur de billets dans la tour carrée
Le collège projetait d’ancrer dans la tour carrée, place Meunier, un " bancontact " neutre. Mauvais endroit objecte la Région.
Publié le 10-01-2023 à 21h00 - Mis à jour le 10-01-2023 à 21h01
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Lundi matin, un courrier émanant de la Région a mis en pétard le bourgmestre Yves Delforge et trois de ses échevins. Signé du fonctionnaire-délégué à l’urbanisme, il signifiait au collège son refus de voir percé un mur de la tour carrée (sur sa façade nord) en vue d’y greffer un guichet de banque automatique multifonctions, dont celle de distribuer du cash.
La demande d’un nouveau terminal bancaire, le collège l’a reçue d’une nouvelle institution financière, Batopin, qui réunit les quatre plus grosses banques du pays (Belfius, BNP Paribas, Fortis, ING et KBC).
Objectif de Batopin: implémenter dans le royaume un réseau de distributeurs automatiques de billets plus réfléchi et plus équilibré, tenant compte de l’endroit où le citoyen habite et travaille, des lieux où il utilise de l’argent liquide (centre commercial, horeca, lieu de shopping) mais aussi de son mode de locomotion (transports publics, voiture, vélo, à pied).
Un ancien couvent
Les banques tiennent aussi compte du fait que le paiement électronique, sans contact ou mobile, s’est amplifié avec la crise sanitaire, et tend même à se systématiser. Le besoin de "liquide" est moindre.
Revers à l’installation de ces distributeurs plus intelligents, et au développement des applis bancaires: les banques ferment leurs agences en milieu rural.
"Les nouveaux points cash de Batopin seront situés dans des lieux intuitivement perçus par le citoyen comme étant le bon endroit pour retirer ou déposer du cash", peut-on lire sur le site internet de Batopin.
À Mettet, le collège a donc trouvé ce bon endroit dans l’ancienne tour colombier du 18e siècle (qui appartient à la Commune), en contrebas de l’administration communale (Mettet 1), sur la place Meunier. La tour en question, percée d’une porte, n’est pas classée. Elle sert de lieu de rangement au matériel du jeu de balle (pelote) local. Aurait été chapelle dans une autre vie.
Au conseil communal, l’élue Écolo Bénédicte Rochet s’était émue de ce choix, la tour faisant partie de l’enceinte de l’ancien couvent des sœurs françaises, et abstenue. Sur sa page Facebook, elle se sentait furieuse au moment de dénoncer ce projet. Car, si la tour n’est pas classée, elle est cependant répertoriée dans la liste du patrimoine rural de Wallonie. À ce titre, argumente-t-elle, la tour ne peut pas servir de support à n’importe quoi, et surtout pas, fût-ce contre un loyer à payer, à une activité bancaire lucrative. "Percer une ouverture dans le mur de la tour (en moellons de calcaire et pierres de taille), c’est la déstructurer. Il faut du cash accessible mais pas au prix de la mise en péril de notre patrimoine", s’indignait ce professeur d’histoire à l’Université de Namur.
Méconnaissance
Dans le bureau du bourgmestre, lundi matin, les élus sont plus découragés qu’en colère. La motivation du refus du fonctionnaire-délégué (de la Région) n’est pas comprise, et ne passe pas. Pour l’échevin des Finances Robert Joly, elle traduit une profonde méconnaissance du dossier.
D’abord, le fonctionnaire relève que la tour est reprise à l’inventaire du patrimoine immobilier culturel (un inventaire inconnu à Mettet). Qu’il touche un élément du patrimoine marquant de la place. Que, par ailleurs, l’enquête publique n’a généré qu’une réclamation. En fait, il s’agit d’une pétition.
Mais, là où le collège s’étrangle, c’est quand, dans ses attendus, le fonctionnaire-délégué note qu’il existe déjà des distributeurs. Que, dès lors, l’installation d’un nouveau est superflue. "Il ignore que les existants (dont ceux de la banque ING, au coin de la place, et de Belfius) vont disparaître pour être remplacés par les machines de Batopin", souligne Robert Joly. À terme, il n’y en aura plus que deux: Batopin, impérativement place Meunier, et une machine intégrée à l’agence Fintro, rue Albert 1er.
Le consortium bancaire a baptisé ce nouveau type de distributeur "point CASH Bancontact ".
Mais, si pas sur la tour carrée, où fixer ce point cash à Mettet, en sachant que la place Meunier est le seul choix possible en termes d’accessibilité et de facilité de stationnement ? Car, à défaut d’une façade, Batopin suggère une structure indépendante préfabriquée, design mais moins discrète forcément.
Pour l’élue Écolo, il faut chercher pour l’installer ailleurs sur la place, mais pas là. "Toutes les pistes n’ont pas été explorées", assure-t-elle.
Pour Robert Joly, la tour est l’unique option crédible et acceptable. "Si l’élue Écolo a une autre idée, qu’elle passe me voir…" Justement, Bénédicte Rochet propose l’ex bâtiment fermé de BNP-Paribas.
Le bourgmestre Yves Delforge n’est pas moins désarçonné que son collègue. " Cette tour, non-classée, c’est un pissodrome. Quand on voit, dit-il, qu’on a transformé les bâtiments de Mettet 2, encore plus anciens que la tour. Là, on pouvait. Ici, on ne peut plus. Mais où est l’autonomie communale ?
2240 points cash
Les premiers points Cash Bancontact ont été inaugurés le 22 septembre 2021. Ce nouveau réseau de 2240 points sera entièrement déployé d’ici fin 2024.
Recours
Le collège doit encore le décider, mais il y a de fortes chances qu’il ira en recours de cette décision chez le ministre wallon Borsus, qui a l’urbanisme dans ses attributions.
Débile
Ce n’est pas nouveau, le post Facebook a rameuté beaucoup d’amoureux du patrimoine, ignorant les contraintes du dossier mais tous experts en urbanisme cela va sans chiffre. Avec parfois, autre classique de Facebook, des avis sans nuances. Parmi ceux-ci: idée débile, ridicule (pour rester polie) etc. Une "amie" évoque même la mutilation du monument.