Fosses-la-Ville : Un beau projet immobilier recalé sur des points de détail
À la lisière du lotissement des Longs Champs, en zone de densification d’habitat, un entrepreneur de Mettet projette de bâtir 30 appartements en deux immeubles. Un projet rejeté par les riverains en dépit de sa logique.
Publié le 05-01-2023 à 10h25 - Mis à jour le 05-01-2023 à 10h26
L’urbanisme n’est pas une science exacte. Pour en juger, il suffirait de regarder avec attention. A priori, selon ce qu’en dit le candidat bâtisseur, ou l’homme de la rue, de mauvais projets sont acceptés quand d’autres, quoique bien intégrés à l’existant, galèrent pour franchir les obstacles administratifs légaux, à commencer par celui, sacro-saint, du fonctionnaire régional délégué à l’urbanisme.
C’est récemment arrivé à Fosses: un projet recalé sur des détails. On vous explique.
Dans l’actuel catalogue des projets instruits par l’échevin de l’Urbanisme Jean-François Favresse, figure un beau terrain à bâtir qui peine à trouver sa ou ses construction(s) sœur(s). "Depuis que je suis chargé de l’Urbanisme (depuis 2018), je l’ai toujours connu à vendre. Or, il est très beau", dit-il. Un entrepreneur de Mettet, la SPRL Barbier Fabian Construct, candidat à y faire sortir du logement, et le seul à avoir dépassé le stade de l’enquête publique, en fournit une nouvelle illustration.
Le terrain se situe rue des Longs Champs, dans un nouveau lotissement résidentiel, daté de 2004, et contigu à un ancien remontant, lui, à 1974, le Champ Stoné.
Celui des Longs Champs fait exclusivement vitrine à des briques neuves montées principalement en coquettes "4 façades". Dans le fond, deux beaux immeubles à appartements, de facture contemporaine, structurent l’ensemble, mais sans faire partie du lotissement. Néanmoins, ces deux immeubles à grand gabarit le referment joliment, avec des balcons donnant sur une lisière boisée. L’endroit est idyllique. C’est la campagne à la ville, avec un centre historique donné à seulement quelques minutes à pied grâce à un sentier pittoresque. Plus proche encore que les places du Marché et du Chapitre, le supermarché Aldi, les arrêts de bus, le Ravel via ReGare (le centre d’interprétation du Patrimoine local et régional).
Puisque le terrain en question est repris en zone d’habitat sur 50 mètres de profondeur (et en espace vert pour le surplus), comme en témoigne sa situation entre deux blocs déjà construits, Fabian Barbier projetait d’y bâtir 30 appartements répartis entre deux immeubles et quatre blocs. De quoi bien combler ce grand vide.
Seulement voilà, le fonctionnaire-délégué a remis un avis défavorable dûment motivé, et le collège de Fosses l’a suivi, ce qui lui est conseillé de faire.
Les considérations du fonctionnaire n’octroient d’abord que des bons points: aucune nuisance notable sur l’environnement ; une implantation des volumes bien alignée sur celle des immeubles voisins ; un gabarit proposé de R + 2 cohérent au vu de cet existant et, du fait d’un recul important, totalement acceptable vis-à-vis des constructions situées de l’autre côté de la rue. A priori, c’est gagné.
Où caser les 59 bécanes et et les 30 conteneurs ?
Le fonctionnaire pointe aussi l’architecture simple du projet permettant sa parfaite intégration avec le bâti, sur ses flancs comme en façade, avec le lotissement. En outre, il relève que tous les appartements sont pourvus de buanderies et de cavettes et que les 70 places de parking prévues sont suffisantes.
Que des bons points disions-nous, accordés à des facteurs d’appréciation majeurs, tels que le gabarit, l’alignement, le respect des proportions etc.
Ensuite, patatra, rien ne va plus. Les plans déposés butent sur des détails: locaux à vélos trop petits pour accueillir le nombre de 2-roues attendu: un grand minimum d’un par chambre c’est-à-dire 59. Idem pour le local "poubelles": trop petit et d’une forme mal adaptée pour accueillir 30 conteneurs à puces, sans compter d’autres types de déchets.
Rue des Longs Champs, à peine le projet était-il annoncé qu’il a suscité une vive opposition. Les riverains ont pétitionné. L’enquête publique a donné lieu à 20 réclamations. Entre autres arguments, les réclamants ont fait valoir l’étroitesse de la voirie desservant à sens unique le lotissement originel des Longs Champs, créé rappelons-le en 2004. Elle poserait aux pompiers un problème d’accès aux immeubles, croit savoir le voisinage. Mais la question ne leur a pas été posée, fait remarquer à juste titre le fonctionnaire. Il faudrait donc peut-être le faire avant d’aller plus loin.
L’objection, avec cette arrivée de nouveaux résidents, porte aussi sur la capacité en termes de distribution d’eau, d’égouttage, etc. Il est déjà acquis que l’intercommunale Orès devra construire une cabine électrique à proximité du domaine public.
Si le fonctionnaire remet un avis défavorable, il invite incidemment le promoteur à revoir sa copie, et les opposants à réfléchir plus largement.
En effet, interroge-t-il, si déséquilibre il y a, tel que reproché, serait-il pour autant plus logique d’implanter à cet endroit quelques maisons isolées à 4 façades ? La réponse est non. La logique et la cohérence des gabarits appellent à ces endroits des immeubles à appartements parfaitement alignés. "D’autant qu’il manque des appartements à Fosses", appuie l’échevin.