Fosses-la-Ville : le groupe Mazuin a démoli son showroom qui n’avait pas 20 ans
Le groupe Michaël Mazuin détruit ses showrooms, obsolètes et énergivores, et investit des millions dans la transition énergétique.
Publié le 28-11-2022 à 21h00 - Mis à jour le 29-11-2022 à 10h37
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À l’entrée de Fosses, la lisibilité architecturale du bâti est sérieusement chahutée. Là où la famille Mazuin a développé et fait prospérer depuis 1948 plusieurs enseignes du groupe VW, un grand vide provisoire s’est substitué à plusieurs générations de showrooms répondant à la modernité du moment. Surprise et questionnement pour nombre de Fossois, de clients et pour la multitude d’usagers de la route traversant chaque jour la cité de saint Feuillen. En pleine crise, comment Mazuin, un nom intimement associé à l’essor et au succès des voitures allemandes dans la région, pouvait-il abattre les deux derniers showrooms en date (en un seul bloc) ayant encore l’apparence du neuf ?
Des hypothèses ont circulé localement. C’est qu’ils n’ont pas eu le choix, soulignent l’homme et la femme de la rue. Ce n’est pas faux. La pandémie et maintenant la crise énergétique, et climatique, obligent le groupe Michaël Mazuin à banquer des millions en faveur de la transition énergétique, en concertation avec l’importateur belge des marques allemandes, le groupe D’Ieteren, qui a bien sûr son mot à dire.
"Ce fut une décision difficile à prendre mais nous n’avions pas le choix", confirme Michaël Mazuin, le patron des concessions Mazuin dont Fosses est la maison-mère.
De facture contemporaine, les deux showrooms de verre et d’acier, qui ont imprimé des milliers de rétines par leur élégance et leur design, n’avaient pas 20 ans. Mais, contrairement aux apparences, s’ils avaient gardé fière allure, ils ne répondaient plus du tout aux normes d’aujourd’hui. "Lors de la construction, nous avions opté pour de simples vitrages, une isolation classique, et la toiture n’avait pas été prévue pour placer une structure de poids supplémentaire", dit ce multiconcessionnaire, allusion à la nécessité absolue, plus que jamais, de soulager la facture énergétique par le recours à des panneaux photovoltaïques. Quinze jours ont suffi aux engins de l’entreprise Nonet pour briser les os galvanisés et les glaces transparentes de cette lumineuse passoire énergétique, et la mettre à terre. Michaël Mazuin, en entrepreneur responsable, n’a que des chiffres à aligner pour justifier le bien-fondé de sa décision de faire table rase d’une telle construction industrielle, à l’architecture dédicacée à la vente d’automobiles.
"En hiver, pour chauffer ces surfaces vitrées, il fallait 11000 litres de mazout par mois donc plus ou moins 11000 €, et une facture d’électricité mensuelle d’environ 12 000", argumente le patron.
Seat et Cupra rejoindront Audi et VW à Fosses
Aux prix actuels du kilowatt/heure et du litre de mazout, ce n’était juste plus tenable.
Les deux futurs showrooms qui remplaceront les anciens inaugureront une ère nouvelle marquée par davantage de sobriété mais surtout par un niveau d’autonomie en énergie inédit. En effet, ce n’est pas cent panneaux photovoltaïques que les concessions Mazuin vont raccorder au soleil mais dix fois plus. "Nous avons décidé de placer des pompes à chaleur pour chauffer et refroidir nos locaux. Avec un peu plus de 1000 panneaux, nous allons être autonomes en électricité et nous aurons même de quoi alimenter une dizaine de bornes de recharge pour nos futurs véhicules", poursuit l’héritier de cette success story locale.
L’économie réalisée par cette entreprise qui emploie quelque 200 personnes sera conséquente. Économie d’énergie mais aussi d’échelle. "On va créer des synergies en ajoutant deux marques de plus" (Seat et Cupra, qui vont quitter la rue de Couillet à Châtelet pour Fosses). Mais il y a encore plus important, qui relève du symbole: "Pour un concessionnaire, qui a une image de pollueur, c’est important de diminuer son empreinte carbone de manière considérable".
Les deux futurs bâtiments seront moins typés "show-room pour automobiles". Ils ressembleront à la nouvelle concession que Mazuin a récemment ouverte à Tarcienne, le long de la N5: des boîtes plus polyvalentes, à habiller différemment selon les produits vendus. Un dernier chiffre, pour la route: en 19 ans, dans ces deux showrooms abattus, 35 000 véhicules neufs ont été caressés des yeux, négociés et vendus.